Abus sexuels: 70% de filles victimes au Cameroun

DOUALA - 15 NOV. 2012
© Florette MANEDONG | Le Messager

C’est selon une étude menée par le Cercle international pour la promotion de la création (Cipcré) en 2008 et 2010. Les filles sont les plus touchées par l’exploitation sexuelle et la majorité des violeurs se trouvent dans leur environnement immédiat.

Etablissements scolaires, églises, groupes de prières, voisinages… sont les plus grands foyers de viol, recensés par le Cipcrè au cours de son étude. Ici, les filles sont les plus touchées. Celles âgées de moins de 13 ans en majorité.

Selon ladite étude sur la traite des enfants à des fins d’exploitations sexuelles, il a été démontré qu’au Cameroun, près de 4 000 enfants dont 70% de filles en sont actuellement victimes. Parmi ces victimes, 36% sont âgées de moins de 13 ans. Tous ces enfants sont fragilisés par leur faible niveau d’instruction : 40% ne sont pas scolarisés du tout et 56% n’ont jamais dépassé le cap de la classe de 5ème. Suite à ces études de 2008, il a fallu, selon l’exposé d’Amely James Koh Bela, spécialiste de la traite des enfants au Cipcrè, lancer en 2011 un programme visant la sensibilisation à la base, mais surtout, la prise en charge des victimes. Dans le cadre de ce programme, le Cipcrè a enregistré depuis janvier 2012 et dans les seules régions de l’Ouest et quelque peu du Centre, près de 40 cas de viols. Les plus jeunes victimes étant âgées de 03 ans et de 4ans et demi avec une jeune maman âgée de tout juste 11 ans, qui a contractée sa grossesse au cours d’un des viols une année plutôt.

Dans la majorité des cas, affirme Amely, « les violeurs se retrouvent dans leurs environnement immédiat : famille, école, Eglise… ». En effet, poursuit l’expertise du Cipcrè, l’inhumanité, l’indignité, la cruauté avec laquelle les enfants sont exploités entrainent des dégâts corporels difficilement effaçables. Il s’agit de blessures, des Ist-Vih, du vieillissement précoce, des grossesses non désirées et précoces, parfois suivies du décès maternel, des troubles de sommeil et des douleurs chroniques. Psychologiquement, ces enfants sont traumatisés et certains présentent des troubles du comportement et sont enclins à des agissements asociaux : grand banditisme, toxicomanie, agressivité et violence.


Prise en charge

Voilà pourquoi, lors de la restitution de cette étude sur la lutte contre les discriminations sexistes, les abus sexuels et l’exploitation sexuelle par le Cipcrè en partenariat avec Kira mercredi 07 novembre 2012 à Yaoundé, la prise en charge des victimes a été notée comme grande innovation dans le cadre des actions du Cipcrè. « Après être informé des cas de viols, mener notre petite enquête, discuter avec la victime et la famille, il s’en suit la phase du suivi judiciaire et psychologique : nous avons à cet effet des avocats et des psychologues qui travaillent pour et sur les victimes aux frais du Cipcrè », ajoute l’experte en traite des enfants. Les victimes sont même entièrement pris en charge jusqu’à peu près 1 à 1 an et demi, le temps pour la victime de récupérer totalement et de réintégrer normalement la société. Seulement, déplore-t-elle, ils sont souvent confrontés à des difficultés majeurs, lorsque la victime se trouve être au sein de la famille. Celle-ci se rétracte au moment de déposer la plainte et opte plutôt pour un arrangement à l’amiable. Toutes choses qui anéantissent les efforts du Cipcrè et pousse très souvent le violeur à récidiver parce qu’il se croit tout puissant. Il en est aussi de même pour ces violeurs qui une fois aux arrêts, réussissent à corrompre les agents de polices ou autres magistrats. L’Ong vise donc à travers ces travaux de restitution, la sensibilisation des familles, et particulièrement de ces grands foyers de viols, afin que cesse la discrimination sexistes, l’exploitation et les abus sexuels sur les enfants, notamment les filles.



15/11/2012
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