Abstinence sexuelle : Un paravent contre les maladies
Pour avoir des enfants, le gynécologue déconseille tout de même ce choix de vie.
Les femmes n’aiment pas évoquer le sujet relatif à l’abstinence de leurs hommes. Chaque fois qu’elles le font, certaines se convainquent de l’abstinence de leurs époux. C’est le cas de Marguerite Belinga. «Je ne l’ai jamais pris en flagrant délit, et je ne l’ai jamais soupçonné», confie-t-elle à Madeleine, sa collègue. Or Madeleine, moins dupe que Marguerite sait que son époux, membre du Bataillon d’intervention rapide (Bir), est un éternel infidèle. Pour lui, «l’abstinence est une maladie. Il en a tellement que j’ai l’impression qu’il va tomber malade. En le faisant avec toutes les femmes qu’ils croisent, surtout quand il est en mission, il va finir par me ramener une syphilis», craint-elle. Et malheureusement, ses craintes sont fondées. Car le fait d’avoir des rapports sexuels a des avantages et des inconvénients. Pour le docteur Fidelis Wougmo, «l’abstinence n’a pas de conséquences sur la santé. On ne contracte pas une maladie en s’abstenant. Au contraire», rassure-t-il.
En s’abstenant, on évite une kyrielle de maladies, sexuellement transmissibles ou non. C’est le cas du virus du Sida, les hépatites A, B et C. «Car pendant le rapport sexuel, il y a des baisers qui sont échangés, les crachats se mélangent. L’un des partenaires peut avoir une blessure dans la bouche, s’il est porteur d’hépatite, il peut la transmettre à son partenaire», explique Adeline Abomo, infirmière. Outre le Sida et les hépatites, il y a également la syphilis, l’herpès, la tuberculose, etc.
«Pour les personnes qui gardent le duvet sur le pubis, il y en a qui sont susceptibles de contracter des morpions», ajoute l’infirmière. «Cela peut paraître excessif or, ça ne l’est pas», rassure-t-elle. Et le professeur Pierre Marie Tebeu l’a soutien. Gynécologue au Centre hospitalier universitaire (Chu), le professeur Pierre Marie Tebeu corrobore l’idée selon laquelle l’abstinence pour des personnes sexuellement actives a des avantages chez l’homme comme chez la femme.
«La femme qui s’abstient des rapports sexuels ne court pas le risque de contracter une maladie sexuellement transmissible. En sus, s’il faille estimer le risque ou la chance qu’elle contracte une grossesse désirée ou non, la probabilité est de zéro. Cette explication concerne uniquement la dimension médicale», précise le gynécologue. Il convient tout de même de souligner qu’en ce qui concerne la dimension sociale de l’abstinence sexuelle, «certaines personnes optent pour l’abstinence parce qu’elles n’ont pas de partenaires stables, ou qu’elles ont accusé beaucoup de déceptions amoureuses», pense-t-il. «C’est le cas des prêtres », apprend-on d’un religieux qui a requis l’anonymat. Pour se prémunir des rapports intimes et des conséquences qui en découlent souvent, les personnes «déçues» utilisent comme paravent l’abstinence. Et ce, bien que le rapport sexuel soit un remède miracle et naturel qui contribue à la prévention des maladies cardio-vasculaires.
Des études des scientifiques britanniques et américains sur les avantages du sexe ont démontré que les hommes qui font l’amour au moins deux fois par semaine réduisent considérablement le risque cardiaque, par rapport à ceux qui le font une fois par mois. Par ailleurs, ils expliquent : «Pendant les rapports sexuels, notre corps libère de l’ocytocyne, une hormone dont le niveau augmente jusqu’au moment de l’orgasme. La production d’ocytocyne va stimuler à son tour la sécrétion de la dopamine et d’endorphine, ces hormones du plaisir et du bien-être. D’où une moindre sensibilité à la douleur.» Pour les adultes victimes du démon de midi, avoir des rapports sexuels réguliers serait efficace contre les rides. «Mais cela reste à vérifier», d’après le gynécologue. D’autres études, allant dans le même sens soutiennent également le fait que, le sexe rend les cheveux brillants (pour ce qui est des femmes), les ongles durs. Il permet d’avoir les pores ouverts et d’être de bonne humeur.
Malheureusement, après cette bonne humeur découle souvent des instants de regrets. Regrets parce qu’après avoir eu un rapport sexuel non protégé, «on craint d’avoir chopé une Mst», souligne Mireille Ndje Ndje, psychologue. D’après elle, «l’abstinence n’a pas de conséquence sur le plan psychologique, dans le mesure où la personne qui s’abstient connaît sa sexualité. » Pour se satisfaire, chasser le stress ou éviter l’aigreur, certaines personnes optent pour la masturbation. «La masturbation est une forme de sexualité, tout comme l’homosexualité et le rapport sexuel», précise la psychologue. La pulsion sexuelle étant faite pour être satisfaite, il convient de choisir un partenaire pour le faire. En penchant pour la masturbation, «l’homme s’éloigne de la femme. Et la femme s’attache aux objets qui l’aident à satisfaire son désir sexuel», indique Pierre Marie Tebeu. En s’attachant aux godemichets, «il est impossible de fonder une famille et d’avoir des enfants», ajoute-t-il. Or en Afrique, Dieu seul sait quel sort est réservé aux hommes qui n’ont pas de progénitures.