Abidjan: Comment les compatriotes de Côte d’Ivoire tranchent le conflit Gbagbo-Ouattara
YAOUNDE - 09 MARS 2011
© Enoh Meyomesse (Corresp.) | Le Jour
Le “camfranglais” au secours des Kamers
Qui eut cru un jour que ce parler exécré par les puritains de la langue française allait se révéler d’une importance capitale aux Camerounais … pour préserver leur vie ?
C’est ce qui est en train de se produire actuellement en Côte d’Ivoire dans la crise postélectorale. C’est connu, les ivoiriens sont divisés en deux camps aux positions, pour l’heure, totalement irréconciliables : le camp Gbabo,autrement appelé Lmp, et le camp Ouattara, autrement appelé Rhdp. Naturellement, les Camerounais de Côte d’Ivoire ont pris position pour l’un ou l’autre des protagonistes. Mais, en leur qualité d’étrangers, ils sont tenus à l’œil par les membres des deux camps. Aussi, la vie ne leur est plus simple en ce moment en Côte d’Ivoire. Ils sont tous ainsi devenus des équilibristes chevronnés, des girouettes patentés. Tout dépend de l’interlocuteur. Ce n’est guère difficile. Par bonheur,il suffit de deux phrases, ou de consulter le journal tenu en main, et on sait à qui l’on a affaire. Alors, les Camerounais réajustent leur langage à longueur de journée. « Gbagbo est cuit ! maintenant-là, peut pas s’en sortir». Réponse du Kamer : « cuit comme patate, c’est vérité, il a cherché, il a trouvé ». Cent mètres plus loin : « Ce Ouattara-là, il va sortir hôtel du Golfe avec pieds, il va retourner maison tout seul, personne ne va pas lui parler même ». Réponse du Kamer : « Il va transporter petite valise sur tête, comme mendiant ».
Mais, lorsqu’ils sont ensemble, ils laissent libre court à leurs opinions. Et ils donnent l’impression d’être plus favorables à Ouattara qu’à Gbagbo. Quoi de plus normal, le candidat du RDR a promis d’accorder la nationalité ivoirienne à tout le monde. Or, de nombreux Camerounais vivent dans la clandestinité. Ils ont toutefois oublié que c’est ce même bonhomme qui avait instauré les cartes de séjour pour les étrangers, du temps où il fut Premier ministre…
Pendant qu’ils causent entre eux, survient un Ivoirien. Le langage change aussitôt, s’ils ne désirent pas interrompre leur conversation. Ils se mettent aussitôt à parler le « camfranglais » ou le pidgin. Et en recourant à cette langue, ils ont inventé des expressions et des noms que ne peuvent piger les Ivoiriens. Le « répé», signifie, Laurent Gbabo. Le «wajo », signifie, Ouattara. Le « school boy », signifie Guillaume Soro. « Semengue », signifie le général Mangou, chef d’Etat major de l’armée ivoirienne. « Cut gass », signifie Blé Goudé.
Cela donne ceci : « gars, dan wajo di trong, he no di fia». «Moi c’est le school boy-là que moi je wonda. Mais, je ne sais pas s’il va rich ». » « Semengue sisia les gens pour rien, he not fit do nothing ». « Hé, ne parle pas comme ça, Cut gass est de son côté,c’est lui alors qui ne fia rien, pas le wajo… ». Indéchiffrable par les Ivoiriens tout autour…
Enoh Meyomesse,
correspondance particulière
© Enoh Meyomesse (Corresp.) | Le Jour
Le “camfranglais” au secours des Kamers
Qui eut cru un jour que ce parler exécré par les puritains de la langue française allait se révéler d’une importance capitale aux Camerounais … pour préserver leur vie ?
C’est ce qui est en train de se produire actuellement en Côte d’Ivoire dans la crise postélectorale. C’est connu, les ivoiriens sont divisés en deux camps aux positions, pour l’heure, totalement irréconciliables : le camp Gbabo,autrement appelé Lmp, et le camp Ouattara, autrement appelé Rhdp. Naturellement, les Camerounais de Côte d’Ivoire ont pris position pour l’un ou l’autre des protagonistes. Mais, en leur qualité d’étrangers, ils sont tenus à l’œil par les membres des deux camps. Aussi, la vie ne leur est plus simple en ce moment en Côte d’Ivoire. Ils sont tous ainsi devenus des équilibristes chevronnés, des girouettes patentés. Tout dépend de l’interlocuteur. Ce n’est guère difficile. Par bonheur,il suffit de deux phrases, ou de consulter le journal tenu en main, et on sait à qui l’on a affaire. Alors, les Camerounais réajustent leur langage à longueur de journée. « Gbagbo est cuit ! maintenant-là, peut pas s’en sortir». Réponse du Kamer : « cuit comme patate, c’est vérité, il a cherché, il a trouvé ». Cent mètres plus loin : « Ce Ouattara-là, il va sortir hôtel du Golfe avec pieds, il va retourner maison tout seul, personne ne va pas lui parler même ». Réponse du Kamer : « Il va transporter petite valise sur tête, comme mendiant ».
Mais, lorsqu’ils sont ensemble, ils laissent libre court à leurs opinions. Et ils donnent l’impression d’être plus favorables à Ouattara qu’à Gbagbo. Quoi de plus normal, le candidat du RDR a promis d’accorder la nationalité ivoirienne à tout le monde. Or, de nombreux Camerounais vivent dans la clandestinité. Ils ont toutefois oublié que c’est ce même bonhomme qui avait instauré les cartes de séjour pour les étrangers, du temps où il fut Premier ministre…
Pendant qu’ils causent entre eux, survient un Ivoirien. Le langage change aussitôt, s’ils ne désirent pas interrompre leur conversation. Ils se mettent aussitôt à parler le « camfranglais » ou le pidgin. Et en recourant à cette langue, ils ont inventé des expressions et des noms que ne peuvent piger les Ivoiriens. Le « répé», signifie, Laurent Gbabo. Le «wajo », signifie, Ouattara. Le « school boy », signifie Guillaume Soro. « Semengue », signifie le général Mangou, chef d’Etat major de l’armée ivoirienne. « Cut gass », signifie Blé Goudé.
Cela donne ceci : « gars, dan wajo di trong, he no di fia». «Moi c’est le school boy-là que moi je wonda. Mais, je ne sais pas s’il va rich ». » « Semengue sisia les gens pour rien, he not fit do nothing ». « Hé, ne parle pas comme ça, Cut gass est de son côté,c’est lui alors qui ne fia rien, pas le wajo… ». Indéchiffrable par les Ivoiriens tout autour…
Enoh Meyomesse,
correspondance particulière