Abdourahmane Hamadou (sur la FECAFOOT): «Joseph Sepp Blatter a pris un risque insensé»

DOUALA - 01 JUIL. 2013
© C. T. | Le Messager

Président de l’Etoile filante de Garoua et présenté comme un sérieux adversaire de Iya Mohammed, il apporte des éclairages suite à la prise du pouvoir de Begheni Ndeh.

Quel premier commentaire à l’issue de la journée mouvementée de vendredi dernier ?

Pour ma part, il y a peut-être des tendances au sein de la Fédération mais elle reste la même Fédération camerounaise de football avec les mêmes statuts. Il n y a pas plusieurs statuts quoiqu’il y’ait une différence d’approche entre les tendances. Les seuls statuts en vigueur aujourd’hui sont ceux adoptés en date du 12 mai 2012. Et ils sont clairs, « en cas d’empêchement ou en cas de vacance du président de la Fécafoot le premier vice-président assure de façon intérimaire, la présidence de la Fécafoot » ; quelles que soient les idées qu’il défend. Ce n’est pas une question d’amour ou de haine ; de sentiments ou d’opinion. La Fécafoot est une institution et je crois d’ailleurs que c’est l’un des points forts du bilan que le camp Iya revendique aujourd’hui : d’avoir fait de la Fédération, une institution avec un environnement juridique stable. C’est vous dire que je ne vois pas pourquoi on doit parler du premier vice-président de la Fécafoot comme si c’était un étranger de la Fédération. Il va assumer l’intérim tel que le prévoient les textes. C’est tout.


Mais le Comité exécutif annonce qu’il va saisir le Tas…

Du moment où les élections ont été annulées, ils ont ce droit-là. Ce qui me choque c’est de voir que des gens sont en train de tout contester. Ils renient aujourd’hui la Commission des recours des élections qui a pourtant été élue par l’Assemblée générale. Lorsque cette Commission avait validé la candidature du président sortant, ils l’avaient magnifié. Aujourd’hui qu’ils sont dos au mur, ils se braquent. Ecoutez, il n’y aura pas de guerre Fécafoot contre Fécafoot. C’est la Fédération qui s’est déjà exprimée. S’il y a un candidat qui a « remporté » les élections et qui estime que son droit ou ses droits ont été bafoués, il est libre de faire appel en son nom propre, auprès du Tas. Cela ne saurait être au nom de la Fécafoot. Quand moi je lis la décision de la Commission de recours, je ne vois nulle part une violation des statuts de la Fécafoot. Et même si c’était le cas, c’est le président seul qui est habileté à le faire.


Est-ce que le premier vice-président du bureau qui a été élu le 19 juin dernier ne peut pas le faire dans le cas actuel où le président sortant est empêché ?

Il peut le faire en son nom propre ou au nom du candidat qui a été proclamé vainqueur des élections. Le camp Iya est là en train de trouver un stratagème qui va les empêcher de payer eux-mêmes les frais de cette procédure. Ils espèrent puiser dans les fonds de la Fédération ; ce qui est une aberration. Vous savez que pour saisir le Tas, ce n’est pas moins d’une vingtaine de millions Fcfa. En leur temps, ils ont pressé tous les Camerounais, les pauvres présidents de clubs que nous sommes en nous faisant croire que le Tas reste la seule voie pour nos différents litiges. Tout cela au mépris des lois du Cameroun et de la légitimité de la Chambre de conciliation et d’arbitrage du Comité national olympique et sportif. Ils ont amené la Fifa à prendre position dans cette affaire. Avec la complicité de ses dirigeants notamment le secrétaire général de la Fécafoot, la Fifa a poussé la Fécafoot à violer l’article 44 alinéa 2 de la Charte des sports mais aussi l’article 77 bis des statuts de la Fécafoot. Face à ce diktat, nous sommes allés au Tas et nous nous sommes endettés. Aujourd’hui qu’ils sont tombés dans leur propre piège, pratiquement contraints de saisir le Tas, ils veulent puiser dans les caisses de la fédération. Je dis non. Qu’ils fassent eux aussi ce qu’ils nous ont prescrit.


Comment analysez-vous la lettre de Sepp Blatter à Iya Mohammed ?

C’est tout simplement une façon de mettre tout le monde devant les faits accomplis. Heureusement que la Commission de recours a été très courageuse et a pris ses responsabilités. Avant on pensait que c’est le statu quo et que plus rien ne pouvait bouger, mais ils ont démontré qu’ils restent fidèles aux textes et plus que jamais déterminés à servir leur pays. Je les en félicite car ils ont prouvé qu’il reste une juridiction camerounaise qui ne dit que le droit. A travers cette décision, ils ont réhabilité l’image de notre pays qu’on a longtemps traîné dans la gadoue mais aussi l’image de la Fécafoot ternie dans le monde entier à cause de cette scabreuse histoire. A contrario, je constate que M. Blatter, lui-même, a pris un risque insensé. Il a manqué de prudence alors même qu’il est au parfum de ces pseudo élections à la Fécafoot émaillées par des irrégularités sans précédents. Il a surtout pris un risque pour l’image de prestige de la Fifa puisque s’il y’avait encore une partie du globe où la Fifa est respectée, c’est en Afrique. Peut-être a-t-il été manipulé par des fonctionnaires là bas… Je l’ignore. Bref, avec cette sortie, j’ai toutes les raisons de m’inquiéter.


Dans cette bataille juridique entre Comité exécutif et Comité d’urgence, qui des deux instances a-t-il encore voix au chapitre ?

Sachez que lorsque vous parlez de Comité d’urgence, vous parlez du Comité exécutif. Le Comité d’urgence est par définition, le Comité d’urgence du Comité exécutif. Il en fait partie intégrante. Si le Comité exécutif existe, il existe avec son Comité d’urgence. Impossible de dissocier les deux instances. Avant, le Comité exécutif s’appelait Conseil d’administration tandis que le Comité d’urgence, bureau du Conseil d’administration. On a eu cette appellation qui est venue de la Fifa et on a modifié. Le Comité d’urgence est là pour prendre des décisions entre deux réunions du Comité exécutif de la Fécafoot. C’est pratiquement la même nomenclature que celle de la Fifa. Il n y a pas débat là-dessus.


L’une des premières décisions de John Begheni Ndeh est la suspension du secrétaire général de la Fécafoot. N’est-il pas vite allé en besogne ?

Non, je ne pense pas ! Le Sg a manqué de respect au premier vice-président. On l’a appelé au téléphone afin qu’il vienne avec les clés et qu’il mette un bureau à la disposition du premier vice-président, il a refusé. M. Begheni Ndeh lui a demandé de convoquer une réunion du personnel, il a encore refusé. Plus grave, il a tenu des propos très durs et injurieux à l’endroit du premier vice-président. Ce qui est une attitude irrévérencieuse et inacceptable pour un simple membre du personnel de la Fédération qu’il est. Or en tant que Sg, il est sous contrat rémunéré et n’a pas le droit de prendre partie. Il doit se mettre aux ordres du président qui est son patron. Mais il a plutôt montré qu’il est partisan fidèle à un groupe de personnes, qu’il est prêt à fouler aux pieds, les statuts de la Fécafoot et à servir des intérêts particuliers. C’est inadmissible.

Entretien avec C.T.



02/07/2013
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