La semaine qui commence est riche en annonces mais certainement pas en événements! C'est le contraire de celle qui a vu la réélection de Barack Obama, pauvre en annonces et riche en événements.
Le professeur Maurice Kamto que personne ne voit en public depuis sa sortie du gouvernement au sein duquel il aura passé 7 ans sans jamais avoir rien dit ni fait, a donc mis ses nouveaux habits de président d'un parti, pour lancer sa première salve par personne interposée contre "la communauté intellectuelle" même si l'intitulé de l'exposé présenté par Me SIM portait sur "l'opposition camerounaise et la crise de leadership".
Facile donc de lui rétorquer assez rapidement qu'il aurait pu demander à un de ses militants voire à un de ses conseillers de préparer et de présenter un exposé sur le sujet de son choix. Le fait que et je cite: « l'éminent agrégé de droit » choisisse de rédiger un exposé et de le faire lire par quelqu'un d'autre montre à suffisance le mépris qu'il a vis-à-vis de l'intelligence, pas la sienne mais celle des autres, pas celle des autres mais celle de ses plus proches collaborateurs au sein de son parti.
Deuxièmement il nous revient de nous dire qu'a beau mentir qui vient de loin! Le professeur Kamto vient certainement de loin ! De la carpe silencieuse hier du gouvernement assassin des droits et des libertés de l'homme, le juriste s'érige en donneur de leçons loin des amphis et de la foule à laquelle il s'adresse! « Du rôle trouble des intellectuels camerounais dans la mise sur pied du jeu de l'alternance politique dans notre pays », nous avons tôt fait de mettre intellectuel au singulier en identifiant l'imposture de l'homme. Ce qui se passe dans le triangle national et dans ses extensions diplomatiques n'est plus de l'ordre moral, parce que l'action politique dans notre pays a été vidée de la morale et de l'éthique; c'est une question de faits : Le Cameroun meurt pour n'avoir pas su se regarder dans le miroir, pour n'avoir pas eu le courage de dire non !
Nous avons dit oui à la soumission
Après 30 ans de servitude et de soumission au régime de Paul Biya et de ses amis, voilà donc l'émergence des nouveaux Ayatollah à la fois intellectuels et politiques. Le professeur Kamto n'est pas seul, il y est rejoint par les inamovibles de l'UDC de Ndam Njoya à la tête de son parti depuis plus d'une vingtaine d'années, Me Bernard Muna et Jean-de Dieu Momo qui invitent à « remettre les valeurs humaines au cœur de la société camerounaise et conjuguer les efforts pour parvenir à un regroupement de l'opposition camerounaise » rien donc de mieux qu'un Pacte Républicain pour y arriver! Plat cuisiné, refroidi, congelé et décongelé pour être à nouveau servi à la jeunesse camerounaise. Oui cette jeunesse qui subit aujourd'hui 77% du non-emploi et/ou du sous-emploi! Nous voici donc en face de visionnaires cleptomanes au soir de leurs vies politique, spirituelle et même physique qui dans un dernier sursaut d'horreur veulent marchander notre destin, tuer notre orgueil et surtout tuer en nous toute velléité de nous nous dresser comme peuple!
Aujourd'hui plus que hier, nous leur opposons un NON à la fois insolent et humble digne de ceux et celles qui savent le prix du manque d'eau dans un pays château d'eau. Le NON de ceux et celles qui ont appris à vivre dans l'obscurité, qui ont vu les sociétés de souveraineté, celles-là qui auraient dû permettre à notre génie de s'exprimer, être offertes au premier venu! Il y a trente ans, au moment de l'accession du Président Biya au pouvoir, nous n'avons pas eu le courage de la vigilance et de l'exigence.
Ce n'était pas notre monde pensions-nous! C'était celui de nos grands-parents et de nos grands-parents. Ce que nous perpétuons aujourd'hui en nous donnant au plus offrant qui est toujours plus proche d'eux que de nous! Aujourd'hui, le pays porte les tares de cette désertion de l'espace public, de notre absence de l'espace politique. Mais demain ne se construit pas avec eux, mais avec nous, cette jeunesse dynamique, reconnaissante de ses valeurs de solidarité, ces uniques valeurs qui n'habitent que ceux qui ont appris à souffrir ensemble et à se regarder dans les yeux avec l'unique envie de s'en sortir.
Aujourd'hui, à la veille de la remise à plat du grand bateau de souffrance dans lequel nous avons vogué de quai en quai, ni les leçons d'un juriste dans sa tour d'ivoire, ni les appels empoissonnés des octogénaires à la démarche de rapaces n'auront d'échos dans nos consciences! Ce n'est pas pour nous que Charles Atéba Eyene a écrit mais bien pour eux afin justement que demain se fasse sans eux. La jeunesse camerounaise est loin du cliché de bars ; Voilà pourquoi elle sait reconnaître les impostures politique, économique et sociale qui lui sont présentées comme étant des chemins de salut pour elle! Ce que vous nous présentez, chers messieurs n'est donc point un modèle pour nous ! Notre désaccord, vous l'avez sous les yeux encore faudrait-il les avoir ouverts.
Vos différents appels en sont pas un !
L'Assemblée Nationale sans députés élus de la Nation est donc appelée à se réunir. Ce sera sans nous! Tout comme le renouvellement des inscriptions sur les listes électorales au sein d'une structure taillée sur les mesures de votre corps. L'élection présidentielle, nous le savions déjà et l'avons dit en temps et en heure est la rencontre d'un homme avec son peuple d'une part, et d'autre part la rencontre d'un homme avec son propre destin ; cette double rencontre se fait par le biais d'un programme politique né des idées et des rêves qui eux-mêmes découlent des échanges au quotidien avec les populations. Aujourd'hui pouvons-nous dire que cette règle élémentaire a été respectée dans notre pays? Les vrais débats tout comme la campagne présidentielle furent une succession de « bottés en touche », le Chef de l'Etat sans véritable programme politique et de société préférant les visites d'Etat dites officielles aux bains de foules et à l'exercice de vérité qu'est une campagne électorale.
Qui donc mieux que toi jeunesse camerounaise, saurait retrouver pour toi le secret des grandes communications et des grandes combustions. Qui saurait au milieu de ta détresse dire orage alors que la moindre pluie emporte tes cases et tes guenilles? Qui mieux que toi saura dire fleuve quand l'eau ici n'est pas la vie mais la mort, avec le choléra? Qui mieux que toi saura dire tornade? Oui qui dira feuille pour toi? Qui saura mieux que toi, te parlant à toi-même dire arbre et se mouillera de toutes les pluies, humecté de toutes les rosées. Il n'y a que toi pour décourager le mineur avec sa dynamite, voilà pourquoi aujourd'hui mieux qu'hier tu roules comme du sang frénétique sur le courant lent de l'œil des mots en chevaux fous, en enfants frais en caillots en couvre-feu en vestiges de temple en pierres précieuses! Oui l'éminent professeur de droit, ne t'a pas compris et s'il n'y est point arrivé alors nul doute qu'il ne comprendrait pas davantage le rugissement du tigre.
Face aux donneurs de leçons, aux démissionnaires et aux apôtres de la trahison, bruissons de ces générosités emphatiques nôtres. Nous tenant sans cesse la main des quatre coins du pays, des villes comme des campagnes, des marchés comme des champs, arrivons à ce rendez-vous lisses et jeunes dans la tête, mieux dans l'esprit. Face à ces faux amis de Pinocchio c'est à nous de ne point croiser les bras en l'attitude stérile du spectateur, car oui, la vie comme nous l'avons découvert et vécu ces 30 dernières années n'est pas un spectacle ! Une mer de douleurs n'est pas un proscenium et un homme qui crie comme nous le faisons depuis des décennies avec nos femmes, celles que nous ne pouvons pas épouser, avec nos enfants, ceux que nous ne pouvons pas assumer, n'est pas un ours qui danse.
Jeunesse camerounaise, pendant qu'ils sont tous sexe levé vers le soleil, dans un grand délire magico-anal défiant Dieu, ensauvageant chaque jour un peu plus terres, mers et forêts, saisissons nous de cette unique lance nôtre, après un verre de lait jiculi, pour construire le Cameroun tel que nous l'avons pensé et souhaité.
Ceci est possible et c'est l'unique chemin pour remettre l'éthique au cœur de la vie de notre pays. Pendant longtemps nous nous sommes posé la question de savoir comme faire pour sauver la vie de famille, pour préserver nos enfants des prédateurs sexuels qui rodent. Nous voulons des routes ? Nous voulons des écoles ? Nous voulons des dispensaires et autres hôpitaux ? Voici l'unique moyen de sortir vainqueurs contre nos bourreaux d'hier !