8e Congrès du Sdf : Fissures sur le front anglo-bami

Cameroun - 8e Congrès du Sdf : Fissures sur le front anglo-bamiLes délégués du Nord-Ouest, alignés derrière Fru Ndi, ont une fois de plus imposé leur diktat à leurs voisins francophones.

I- Les originaires de l’Ouest dans les seconds rôles

Le poste de 1er vice-président national du Sdf, naguère conquis de haute lutte par Pierre Kwemo (ancien vice-président à l’Assemblée nationale et actuel président de l’Union des mouvements socialistes), a échappé à la région de l’Ouest à l’occasion du 8e congrès ordinaire du Sdf tenu du 12 au 14 octobre dernier à Bamenda. Et pourtant, cette région avec 301 délégués occupe la deuxième place en termes de représentativité dans le parti après celle du Nord-Ouest dont le nombre des plénipotentiaires auxdites assises s’élevaient à 320 personnes.

Un chiffre qui lui a permis de rafler non seulement la présidence du parti mais aussi de postes très importants comme celui de contrôleur financier ou de secrétaire général (nommé). Par contre, la région de l’Ouest qui convoitait la première vice-présidence avec son candidat Evariste Fotso Fopoussi -bien ragaillardi à la suite du retrait de Jean Michel Nintcheu- a été mise en minorité. Car soutenu principalement par le Nord-Ouest, Joshua Osih, le candidat du Sud-Ouest (168 délégués), est venu à bout de l’ex député du Koung-Khi à l’Assemblée nationale. Cet échec d’Evariste Fotso Fopoussi était prévisible.

Dans la perspective de ce congrès, le chairman du Sdf avait pris toutes les dispositions pour maintenir sa mainmise sur les instances dirigeantes du parti. L’élection de Paul Tchatchouang au poste de 2e vice-président national du Sdf ou celle d’Etienne Sonkin comme trésorier général est plutôt boudée par les militants de la région de l’Ouest. Il en est de même de celle de Paul Igor Tchebonsou Ngankam au poste de secrétaire nationale à l’Education et à la formation.

Bien que présenté par la région du Littoral, cet élu du comité exécutif national (Nec) fait partie de ce que l’on appelle au Sdf « l’Ouest sociologique ». Beaucoup regrettent notamment que la candidature de Chantal Kambiwa n’ait pas prospéré. Jean-Michel Nintcheu dont le retrait a surpris plus d’un observateur ne se voyait pas vainqueur devant un « Frundiste », au cas où le congrès du Sdf est maintenu à Bamenda. « Kambiwa, Nintcheu et autres doivent cesser de se comporter en faire valoir au sein du Sdf. Il est temps que les hommes politiques Bamiléké cessent d’être les valets des autres », commente-t-on à Bafoussam où on les considère de plus en plus comme  des « cadres » esclaves du Sdf. Pour ces contempteurs, ces cadres peuvent faire valoir leur popularité et leur compétence dans d’autres chapelles politiques. Une option autant prononcée que le Sdf est en baisse dans la région de l’Ouest.

II- Pour une consolidation des acquis

Etienne Sonkin, ancien maire de la ville de Dschang a connu une nouvelle ascension à l’occasion du dernier congrès du Sdf. Pour lui, il n’est point question de se décourager et de fuir cette formation politique à cause de la supposée marginalisation des Bamiléké. « Le sort des Bamiléké au Sdf ne dépend que d’eux-mêmes. Pour preuve, ils ont occupé d’importants postes dans ce parti et ce sans favoritisme aucun ou frustration quelconque : premier vice-président national, vice-président de l’Assemblée nationale, trésorier national à plusieurs reprises, et bien d’autres. Seulement, s’entendent-ils pour capitaliser les acquis et engranger de nouveaux dividendes ?  Là est toute la question », s’insurge-t-il.

« Le  problème, explique-t-il, n’est nullement celui d’un regain de vitalité du Sdf  dans la région, car le rythme de vie du parti n’a jamais baissé en tant que tel : réunions statutaires tous les mois, renouvellements des organes, descentes fréquentes sur le terrain, etc…. Tout notre problème porte sur le grand banditisme politique ou hold-up électoral constamment perpétré par le pouvoir Rdpc, ceci directement ou indirectement par le biais de ses excroissances comme Elecam mafieusement appuyé par les autorités administratives et les forces de l’ordre. Notre vrai combat vise notamment l’exorcisation  du système électoral, avec comme corollaires : des élections libres et transparentes, l’éradication de la corruption ou « achat» des votes.»

Et de poursuivre : « d’abord il y a lieu de noter que je suis l’un des militants et cadres du parti les plus anciens, voire pionniers. Outre cet atout, j’ai déjà occupé plusieurs postes, de la base au sommet. L’actuel étant celui de président de la commission éducation et formation du shadow cabinet. Vous faisant grâce de l’énumération quelque peu fastidieuse  de tous ces postes, je voudrais dire que c’est légitimement que, dans la perspective du renouvellement du bureau exécutif national lors du congrès de Bamenda, j’ai jugé opportun de briguer l’un des postes-clé de la hiérarchie du parti. A ce propos, le  secrétariat général n’étant pas un poste électif, j’entrevoyais d’abord la vice-présidence. Cependant, compte tenu des désidératas d’autres camarades de l’Ouest et pour des raisons de commodité, j’ai opté finalement pour la trésorerie », justifie-il.

III- La thèse de l’exclusion des Bamiléké du Sdf

Après avoir été éjecté de son poste de président régional du Sdf en 2008, Romuald Tamo n’a point pris de vacance de la scène politique. En coulisses, il se mouille pour l’implantation de l’Union des mouvements socialistes (Ums) de Pierre Kwemo dans les communes de Poumegne et de Djebem à Bandjoun. Mais jusque-là, il garde un mauvais souvenir de son passage au Sdf. « Y'aurait-il un complot anti-Ouest ? Comment ne pas accréditer cette thèse lorsqu'on observe un certain nombre de phénomènes actuels ou d'hier qui ont jalonné la vie du parti, et au centre desquels se trouve la région de l'Ouest ?" » s’interrogeait-il lors d’une session du Nec en 2007. « Au cours de son comité exécutif du 21 octobre dernier, l'Ouest a décidé de prendre ses responsabilités et n'est plus prêt à accepter les injustices », indiquait Romuald Tamo. Pour meubler son plaidoyer, il s'attaquait ainsi aux manœuvres mises sur pied pour empêcher un ressortissant de cette région de briguer le poste de secrétaire général du Sdf depuis le départ de Siga Assanga en 1994.

Dans la même logique, il soulignait qu' « on a continué à travailler pour détruire l'Ouest. » La perpétuation de la guerre de leadership régional entre Etienne Sonkin (ancien maire de la commune urbaine de Dschang) et Pierre Kwemo (ancien vice-président à l'Assemblée nationale), le très peu de moyens financiers consentis par le parti pour le financement de la campagne à l'Ouest, « la manière peu orthodoxe » dont les primaires pour les dernières élections couplées à l'Ouest, se trouvent, selon lui, dans le sillage de cette déstabilisation. Loin de l'exclure des rangs du Sdf à cette époque, le chairman John Fru Ndi, apprend-on, a traité Romuald Tamo de tous les noms d'oiseaux et opté pour la réorganisation du bureau exécutif régional du Sdf à l'Ouest.

Romuald Tamo y voit une manière de saccager toute l’équipe acquise à Pierre Kwemo et dont l’essentiel des membres a aujourd’hui rejoint les rangs de l’Ums. A cette époque, le n°1 du Sdf aurait trouvé « prétentieux et inopportun » que le président régional de l'Ouest sollicite le versement de la quote-part des instances régionales sur des financements que l'Etat verse pour le financement aux partis politiques. John Fru Ndi par des mots à peine voilés a estimé que Romuald Tamo n'était pas assez « représentatif et crédible » pour parler au nom de  l'Ouest.

© Le Messager : Guy Modeste DZUDIE


03/11/2012
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