400 milliards de F évaporés au Gabon
C’est ce que vient de révéler un audit lancé depuis janvier dernier sur décision du président Ali Bongo.
400 milliards de F détournés en dix ans dans la ligne d’investissements destinée aux provinces gabonaises, d’un montant annuel de 50 milliards, soit un blanchiment aux 4/5e. C’est l’une des premières révélations de l’audit de l’Etat gabonais débuté en janvier dernier. « Plus de la moitié du budget disparaissait dans la nature », a récemment déclaré Jean-Fidèle Otandault, le patron de la nouvelle direction générale du contrôle des ressources et des charges publiques (DGCRCP) en charge de l’enquête. A l’en croire, l’Etat s’est « fait flouer » pendant de longues années.
« Des matelas financiers étaient placés au Trésor en tant que lignes de crédit pour tel ou tel ministère : de savants montages ont permis à certains, dans l’administration et en dehors, de puiser dans ces matelas pour financer des chantiers avortés, des surfacturations rétro-commissionnées et des études de faisabilité qui ne débouchaient sur rien de réel », dénonce Jean-Fidèle Otandault.
L’enquête a également révélé un marché de travaux publics de 300 milliards de F passé de gré à gré, sans appel d’offres ainsi qu’un système d’entreprises prête-nom créées par des proches de fonctionnaires, qui leur attribuaient des marchés publics et les réglaient sans que les travaux soient exécutés.
L’audit, réalisé sur ordre du chef de l’Etat, Ali Bongo, se poursuit. La DGCRCP dispose, pour sa mission, de larges pouvoirs d’investigation et peut même s’opposer à des paiements ordonnés par les administrations, rapportent des médias gabonais. Cette direction a même bloqué certains paiements de l’Etat depuis le 31 décembre dernier, le temps d’éplucher les livres de comptes du Trésor public, remontant parfois jusque 10 à 15 ans en arrière.
Et déjà, des procédures disciplinaires sont annoncées à l’encontre de ces agents de l’Etat. Un mot d'ordre circulerait même au sein de l'équipe gouvernementale, stipulant que quiconque sera pris en train de tenter d'arranger un dossier sera systématiquement démis de ses fonctions, rapporte la presse locale. De même, près d'une centaine d’entreprises serait dans le viseur de l’Etat.
« Il fallait faire le ménage, nettoyer les comptes… On ne peut pas continuer à détourner les fonds publics alors que la production pétrolière, première ressource du pays, stagne. Et quand de surcroît, un tiers des foyers gabonais survit dans le dénuement et que les infrastructures de base nécessitent des investissements », justifie Jean-Fidèle Otandault. Le Gabon prévoit de se doter d’une autorité chargée de veiller sur les marchés publics et d’instaurer, dès l’année prochaine, des règles de contrôle budgétaire plus strictes.