Evaluer les années Biya est un exercice pour le moins difficile si on veut le faire en quelques lignes. Un tel exercice sur le plan de la méthode commande de faire sur la durée une comparaison entre :
Ce qui est annoncé et ce qui est effectivement réalisé ;
Ce qui est fait et ce qui aurait pu être fait ;
Ce qui est fait, comment il est fait et ce qui se fait de mieux en Afrique et dans le monde ;
Ce qui est fait et ce qui doit être fait (enjeux et défis réels)
Etc
A défaut d’une telle analyse dont le début objectif pourrait être amorcé par un audit indépendant, l’expérience quotidienne et l’analyse de la marche du Cameroun depuis trente ans nous donnent quelques repères illustratifs.
Sur le plan politique et institutionnel
Le régime de M. Biya refuse systématiquement de doter notre pays le
Cameroun de lois et institutions qui le feraient entrer dans le giron
des républiques exemplaires. Il n’y a qu’à voir les éléments ci-après :
le système électoral actuel non consensuel et peu crédible,
l’état désastreux du système judiciaire
la faiblesse du parlement qui ressemble plus à une chambre
d’enregistrement et d’applaudissement qu’à une branche indépendante du
pouvoir
La confusion entre le parti et l’Etat.
Un Chef de l’Etat plus soucieux de son pouvoir personnel que d’entretenir une communication régulière avec ses compatriotes.
Sur le plan de la gouvernance
La rigueur et la moralisation sont restées des vœux pieux. La corruption
est devenue une seconde nature, un réflexe, une culture qui s’est
diffusée à l’ensemble des couches de la société ainsi qu’à tous les
milieux. La lutte contre celle-ci reste inefficace et politiquement
orientée. Le système Biya se caractérise par :
La violation constante des règles et normes de la république
La défense et la préservation des intérêts d’une minorité au détriment de l’intérêt général
Les détournements des deniers publics
L’arrogance des représentants de l’Etat vis-à-vis des populations
La perte de confiance des citoyens vis-à-vis des institutions républicaines
La navigation à vue dans la conduite des affaires publiques
L’impuissance de la puissance publique vis-à-vis des problèmes économiques et sociaux qui préoccupent les camerounais
Les intimidations à l’endroit des défenseurs des droits des populations
et entraves systématiques à toute manifestation publique conforme à la
constitution
Sur le plan économique
Le Cameroun, on le sait est, passé de pays à revenus
intermédiaires (PRI) au début des années 80 à pays pauvres très endetté
(PPTE) aujourd’hui. De nombreuses entreprises ont fermé sans que nous ne
voyions en face des mesures audacieuses et ambitieuses mises en place.
La révolution agricole annoncée en grandes pompes reste une illusion
tant le monde rural est devenu le plus grand repère de pauvres. Le
secteur informel qui emploie près de 90% de la population active ne fait
pas l’objet d’une attention à la hauteur des enjeux. Les performances
de l’économie camerounaise restent insuffisantes à nous faire sortir des
marécages du sous-développement.
Il n’est pas exagéré de dire que le fossé entre les riches et les pauvres va grandissant, que le chômage est à un niveau alarmant, que les hausses régulières des prix assassinent le pouvoir d’achat des couches les plus défavorisées, que le dialogue social est inexistant, qu’il existe une politique de répression qui brident systématiquement les velléités de protestation des travailleurs victimes d’abus ou d’injustices. Les conditions de vie des populations se dégradent clairement de plus en plus de jour en jour.
Sur le plan diplomatique
Notre pays le Cameroun ne cesse de décliner chaque année en visibilité
et en influence. L’illustration la plus criarde est la situation dans la
CEMAC où le Cameroun semble ne pas vouloir jouer son rôle de leader de
la sous-région. Ces dernières années, on a de la peine à citer une seule
grande initiative de notre pays au niveau africain que ce soit sur le
plan politique, économique, sportif ou diplomatique. Dieu seul sait si
des opportunités existent. Si notre Président se donnait d’abord la
peine d’y assister…
En bref, si Mr Biya était un véritable patriote, il laisserait en
héritage des institutions solides à défaut de formidables réalisations
sur les plans infrastructurels, économiques et sociaux.
Pour le CPP il est l’heure pour nous, camerounais
et camerounaises, de construire, de mettre en œuvre et de pérenniser un
nouveau système de gouvernance qui :
Garantit la démocratie, les libertés civiques et l’Etat de droit ;
Assure les services de base de manière équitable et efficace à tous et à toutes ;
Entretient un environnement économique libre, juste et propice à créer l’emploi et la richesse pour les camerounais/ es ;
Encourage et défend la transparence, le mérite et l’excellence dans tous les domaines ;
Est régulièrement et permanemment comptable de l’utilisation des
ressources de la nation devant l’ensemble des camerounais et
camerounaises.
Malheureusement, au Cameroun de Paul Biya, l’espoir, la compétence, le
mérite et l’intégrité sont combattus lorsqu’ils ne sont pas purement et
simplement assassinés. D’où la note de 7,5 / 20 (Insuffisant).
PS : Les « réussites » et les « acquis » de M. Biya que sont la paix et
Bakassi entre autres nous apparaissent pour le moins instables et
susceptibles d’être perdus si nous continuons dans une telle gouvernance
inefficace et inefficiente.