15 Mars 1966 - 15 Mars 2019 : Remember Osende Afana
Source: Camer.be 15 03 2019
- Camer.be : Hugues SEUMO
- vendredi 15 mars 2019
A l'occasion du 53ème anniversaire de l'assassinat d'Osendé Afana, le 15 Mars 1966, Camer.be honore ce jour la mémoire de cet héros national avec un regard sur son parcours et son combat pour la cause nationaliste Camerounaise. Nous revenons à cette occasion sur l'un des premiers intellectuels et économistes Camerounais, assassiné pour le combat de la liberté et de la justice. Cette figure méconnue des combats de l’Afrique en général et du Cameroun en particulier pour l’indépendance, mérite que l’on explore son histoire.
Il y a cinquante trois ans, jour pour jour, le brillant économiste et upéciste était abattu, non loin de la frontière du Cameroun avec le Congo. Il était âgé de 36 ans lorsque, le 15 mars 1966, il fut assassiné à Ndélélé par les forces de sécurité de l’armée coloniale, au service de feu président Ahmadou Ahidjo.
Peu ou mal connu des jeunes d’aujourd’hui, Osendé Afana fait partie d’une génération de révolutionnaires qui ont payé de leur vie leur engagement et leur détermination à libérer le Cameroun et l’Afrique du colonialisme et du néo-colonialisme.
Qui était Osende Afana?
Né en 1930 à NGKOKSA dans le département de la Lekié, dans l’actuel arrondissement d’Ebebda (canton ABAM), le jeune OSENDE AFANA est un enfant à l’esprit ouvert et éveillé qui, très tôt, se rend compte qu’il faut lutter pour se faire entendre écouter et accepter. Le catholicisme façonne son éducation. Mais il n’accepte pas ses idées. Il est exclu du grand séminaire à cause de ses idées jugées subversives. Puis, il fréquente le lycée général Leclerc de Yaoundé en 1952. Il obtient son baccalauréat et, la même année, il fait partie des meneurs d’un grève organisée au le lycée par les élèves Black qui revendiquaient de meilleures conditions de vie à l’internat.
(1) OSENDE AFANA est déjà connu par l’administration coloniale comme un élément anti-colonial et pertubateur. Son esprit frondeur et ses élans révolutionnaires précoces vont s’accentuer à Toulouse (ville française) où il poursuit ses études supérieures en économie politique sanctionnées par un doctorat.
En 1954 OSENDE AFANA représente l’Association des Etudiants Camerounais (AEC) à la commission d’attribution, à la fédération des étudiants d’Afrique noire en France (FEANF). Délégué aux Nations Unies en février 1957 au nom des étudiants upécistes pour réclamer la réunification et l’indépendance du Cameroun, l’Etat français supprime sa bourse d’études à titre de représailles. Il quitte Toulouse pour Paris ; est élu Trésorier Général de la FEANF. Il est le premier docteur en sciences économiques de l’Afrique Noire sous domination française.
En 1958 OSENDE AFANA quitte clandestinement la France pour le pays des pharaons où il rejoint la direction de l’UPC en exil.
Il devient après l’assassinat de Ruben Un Nyobe le 13 septembre 1958 un collaborateur important de Félix Roland MOUMIE, Ernest OUANDIE et Abel KINGUE. Nommé représentant de UPC au secrétariat permanent Afro-Asiatique au Caire, OSENDE AFANA apporte son savoir et son savoir-faire pour faire avancer la cause nationaliste. Avec Ernest Ouandié , Ossende Afana avait choisi la lutte armée dans le maquis camerounais où il était chargé du Deuxième front à l’Est du pays.
Les conditions de son arrestation le 15 mars 1966 pas loin de la frontière avec le Congo restent troubles. Osendé Afana a été tué dans des circonstances jamais éclaircies. On retrouve son corps horriblement mutilé: la tête a été sectionnée au ras du tronc. Mongo Beti de regretté mémoire lors d'une conférence de presse au courant des années 90 à Douala avait dit qu'il « fut bel et bien exécuté plusieurs jours après sa capture. »
Anti impérialiste, Ossendé Afana était persuadé que bon nombre de nos pays risquent de devenir “ des esclaves pour dettes ” et surtout, que l’aide des pays occidentaux “ est essentiellement un instrument du néo-colonialisme ”.
L'histoire contemporaine est en train de lui donner raison.Que le sang de Osende Afana fortifie ceux qui prennent le chemin de la liberté.
(1) Henri Hogbe Nlend, Représentant Permanent de l`UPC auprès du Gouvernement du Congo-Brazzaville (1965-1966), publications in La nouvelle expression 2008 (Rapport manuscrit de Osendé Afana en date du 1er Décembre 1965, parvenu au Bureau de la représentation de l`UPC à Brazzaville (Congo) le 28 Février 1966. Rapport manuscrit de Fosso François en date du 24 Mars 1966, parvenu au Bureau de la représentation de l`UPC à Brazzaville (Congo) le 21 Avril 1966)