12 juillet 2010 – 12 juillet 2013: Il y a trois ans mourut… Pius Njawé - Ce qu’est devenue la Camdiac pour laquelle le combattant est tombé
DOUALA - 12 JUIL. 2013
© Le Messager
Ainsi donc ils tiennent encore ! S’exclamerait sans doute Pius N. Njawe chaque jour à la parution de son journal. Voici trois ans qu’il s’en est allé, sans crier gare.
Et de trois
Ainsi donc ils tiennent encore ! S’exclamerait sans doute Pius N. Njawe chaque jour à la parution de son journal. Voici trois ans qu’il s’en est allé, sans crier gare. Fauché par un perfide et absurde accident de la circulation le 12 juillet 2010 à Chesapeake en Virginie aux Etats-Unis. Le Fondateur du quotidien Le Messager était au pays de Martin Luther King et de Rosa Parks, à la rencontre d’un groupe de Camerounais rassemblés au sein d’une organisation dénommée Camdiac pour réfléchir sur la gestion et l’avenir de notre pays. C’est dans ce champ de bataille qu’il est tombé, les armes à la main. Ses nombreux amis ont dû se pincer un endroit du corps en se disant que « Le Messager, c’est terminé » ! C’était sans compter sur la foi, l’engagement et la détermination d’une équipe rédactionnelle et administrative dont certains ont fait leurs classes à l’ombre du maître et d’autres qui les ont rejoints pour relever un défi : celui de continuer un combat noble. Un combat commencé le 17 novembre 1979 pour la liberté d’expression. A la mort de Pius Njawé, Le Messager venait de franchir le cap des 30 ans. Passant au milieu de moult écueils, d’éphémère périodique au quotidien avec diverses escales dont la dernière était tri-hebdomadaire. C’était le 9 septembre 2004, dans la perspective de l’élection présidentielle de cette année-là que le directeur de publication décide de passer de tri-hebdo au quotidien. Comme en novembre 1979, l’équipe pilotée par Jean-Vincent Tchienehom met les voiles. Les mêmes, enthousiasme et ferveur, que rien n’arrête. Même pas la disparition du guide.
Mais que serait cette persévérance sans le soutien de ces nombreux lecteurs qui se recrutent dans toutes les couches de la société, sans ces annonceurs et autres partenaires pas complaisants du tout ? Au Messager, on essaie de faire avec les saines exigences de la qualité sans nous soumettre au chantage. Avec toujours à l’esprit que «quand on a du caractère, on l’affiche» et que si les difficultés s’élèvent sur le chemin, elles peuvent être vaincues car «vivre c’est combattre» enseigne le sage. Dans les colonnes de cette édition, vous y retrouverez, certainement avec un brin de nostalgie, le dernier éditorial signé Pius Njawé publié deux mois avant ce fameux 12 juillet 2010. En bonne place, la rédaction fait la part belle aux témoignages de quelques acteurs majeurs du paysage médiatique camerounais.
Dobell
Jean-Bosco Tagne (CAMDIAC): «Notre action a été de réajuster notre stratégie»
Toujours clouée par le traumatisme et les stigmatisations autour du décès inattendu de l’icône du journalisme camerounais à l’occasion de son lancement solennel il y a trois ans à Washington D.C., la Camdiac se dépatouille encore pour convaincre de sa détermination et de sa capacité à fédérer des forces du changement de la diaspora. Son principal promoteur, président de la Camdiac, titulaire d’un Phd, a subi toutes les critiques imaginables mais en livre ici un bilan peu pessimiste.
Où en est Camdiac à ce jour?
Nous remercions Le Messager pour l’opportunité qui nous est ainsi offerte de partager avec les Camerounais de l’intérieur et de l’extérieur l’évolution de la Cameroon Diaspora for Change (Camdiac). Comme beaucoup le savent, la Camdiac est née aussi bien dans l’espoir que la douleur. Dans l’espoir parce que la convention de Washington devait marquer un nouveau départ pour les forces progressistes camerounaises avec pour principale innovation la chaîne de solidarité agissante entre les compatriotes de tous les horizons pour une dynamique militante revitalisée. En répondant massivement à notre appel, la plupart des leaders politiques et de la société civile restés cohérents dans leur démarche depuis les années de braises donnèrent leur caution et leur bénédiction à notre initiative. La Déclaration de Washington qui a sanctionné les travaux est assez édifiante sur l’ampleur de l’engagement pour un nouveau Cameroun qui allait et va s’en suivre ainsi que sur la détermination des forces du changement présentes sur le sol américain en cette journée du 10 juillet 2010 que nous commémorons chaque année.
Malheureusement, disais-je, cet espoir a connu une embûche de grande taille, à savoir le décès « accidentel » sur une autoroute de Virginie de l’un des plus fervents soutiens de notre initiative en la personne de Pius Njawe. Cette tragédie a affecté et continue d’affecter l’action de la Camdiac à cause de l’instrumentalisation politique que le régime de M. Biya en fait soit directement depuis Yaoundé, soit indirectement à travers ses suppôts dans divers pays et principalement aux États-Unis d’Amérique. Notre réaction a été de réajuster notre stratégie et nous focaliser sur l’action interne tout en maintenant la mise en place de la chaîne. Aujourd’hui, Camdiac est occupée à établir des maillons à ladite chaîne. Nous comptons sur l’engagement massif des Camerounais pour l’accompagner dans l’action finale.
Comment la Camdiac s'organise-t-elle concrètement pour atteindre ses objectifs de changement du régime de Yaoundé?
Dans les paragraphes précédents, quelques éléments de réponse ont été développés. La hargne avec laquelle le régime s’emploie à défendre ses privilèges plutôt qu’à contribuer à l’épanouissement des Camerounais dont les conditions de vie se détériorent chaque jour davantage nous oblige à être moins diserts sur nos stratégies et tactiques. Laissez-moi néanmoins vous assurer une fois de plus que nous sommes très organisés pour atteindre nos objectifs qui sont de voir Paul Biya et ses lieutenants évacuer même par la force de la tête de notre beau pays le Cameroun. Nous ne sommes plus si loin de ce but.
La Camdiac pourrait-elle entrer en négociations éventuelles avec le régime Biya?
La Camdiac ne négociera jamais avec un régime plus que cinquantenaire qui a le sang de centaines de milliers de Camerounais sur les mains. De quoi allons-nous discuter? M. Biya et sa bande de cleptomanes savent ce que nous attendons d’eux. Ils doivent s’en aller. Malgré le caractère non partisan de la Camdiac, notre objectif a toujours été et demeure le démantèlement du système prédato-liberticide de Yaoundé. La Camdiac ne transige pas là-dessus. Le sang de Pius Njawe vient se mêler à celui de nombreux martyrs qui l’ont précédé pour renforcer la sacralité de notre engagement infaillible et non négociable. La Camdiac et le peuple camerounais vaincront. C’est une certitude mathématique qui n’a besoin que du temps pour se réaliser. Ce temps est vraiment proche.
Propos recueillis par Jean-Marc Soboth
Témoignages
Henriette Ekwe, chroniqueur Equinoxe TV: «La stature de Njawe manque au Cameroun»
La première des choses c’est que Le Messager est devenu une institution et a survécu à son fondateur, ce qui n’est pas une mince affaire pour un journal qui veut se détacher de la personne, même si c’est la personne qui imprime la ligne éditoriale. La deuxième chose c’est que j’ai trouvé qu’à un moment la ligne éditoriale avait vraiment flanché. Il lui manque cette capacité d’interpeller le pouvoir avec vigueur. Il y a encore des journalistes qui ont gardé ce ton rebelle qui a fondé Le Messager des années de braises, des années 1990 et donc, d’une certaine manière c’est un peu panaché. Il y a de tout dans cette rédaction. Le ton général essai de coller à la personne de Pius Njawe, à ce qu’il a été et à ce qu’il a voulu imprimer en tant que combattant de la liberté de la presse, et un peu le fer de lance de cette liberté de la presse. Le Messager tient, mais la stature de Njawe manque au Cameroun, c’est-à-dire des journalistes qui sont prêts à dire non à la ligne que veut imprimer un certain Cnc (Conseil national de la communication, Ndlr) qui suspend des journaux, qui veut qu’on ait tous une ligne éditoriale gentille alors que la presse privée, et Le Messager en tête a été la première sentinelle de la gouvernance économique, financière et sociale du Cameroun. C’est la presse privée, avec Le Messager qui a dénoncé les détournements de fonds et les grands scandales de corruption. Là-dessus, cette presse privée mérite plus de respect. Le Messager continue mais Pius nous manque beaucoup. La rédaction ne peut avoir une ligne claire que si ceux qui ont pris la relève veulent maintenir Le Messager dans les rails de ce qu’il a été, un pionnier d’une presse privée, mais aussi un acteur de la démocratie. Le Messager manque l’esprit militant. Il joue son rôle tant bien que mal, avec une ligne éditoriale un peu bizarre. Elle peut se redresser, en fonction de la personnalité de la personne qui saura marquer le combat de Pius.
Recueillis par V.T. (Stg)
Haman Mana, directeur de publication de Le Jour: «Que les querelles des Njawé se taisent pour que nos cœurs soient apaisés»
Trois ans déjà! Qu'est-ce que le temps peut vite passer... Chacun a essayé de garder son Pius à lui : moi par exemple, j'ai en permanence sur mon bureau et bien en évidence, une image de l'homme. La raison est simple: si aujourd'hui nous pouvons écrire tout ce que nous voulons, c'est largement grâce aux luttes menées par ce combattant. C'est lui, qui de ses larges épaules a enfoncé les portes par lesquelles la presse privée camerounaise s'est introduite dans le monde de l'expression libre. Tous les jours, je lis Le Messager. Et c'est déjà une traduction vivante et réelle de «Les Morts ne sont pas morts», ce mot du poète. Si les querelles de la maison Njawé se taisaient, peut-être que nos cœurs seraient plus apaisés. Bravo à la rédaction du Messager, qui maintient la flamme, et qui montre qu'un grand journal, ce sont ses journalistes et le souffle qui les anime.
© Le Messager
Ainsi donc ils tiennent encore ! S’exclamerait sans doute Pius N. Njawe chaque jour à la parution de son journal. Voici trois ans qu’il s’en est allé, sans crier gare.
Et de trois
Ainsi donc ils tiennent encore ! S’exclamerait sans doute Pius N. Njawe chaque jour à la parution de son journal. Voici trois ans qu’il s’en est allé, sans crier gare. Fauché par un perfide et absurde accident de la circulation le 12 juillet 2010 à Chesapeake en Virginie aux Etats-Unis. Le Fondateur du quotidien Le Messager était au pays de Martin Luther King et de Rosa Parks, à la rencontre d’un groupe de Camerounais rassemblés au sein d’une organisation dénommée Camdiac pour réfléchir sur la gestion et l’avenir de notre pays. C’est dans ce champ de bataille qu’il est tombé, les armes à la main. Ses nombreux amis ont dû se pincer un endroit du corps en se disant que « Le Messager, c’est terminé » ! C’était sans compter sur la foi, l’engagement et la détermination d’une équipe rédactionnelle et administrative dont certains ont fait leurs classes à l’ombre du maître et d’autres qui les ont rejoints pour relever un défi : celui de continuer un combat noble. Un combat commencé le 17 novembre 1979 pour la liberté d’expression. A la mort de Pius Njawé, Le Messager venait de franchir le cap des 30 ans. Passant au milieu de moult écueils, d’éphémère périodique au quotidien avec diverses escales dont la dernière était tri-hebdomadaire. C’était le 9 septembre 2004, dans la perspective de l’élection présidentielle de cette année-là que le directeur de publication décide de passer de tri-hebdo au quotidien. Comme en novembre 1979, l’équipe pilotée par Jean-Vincent Tchienehom met les voiles. Les mêmes, enthousiasme et ferveur, que rien n’arrête. Même pas la disparition du guide.
Mais que serait cette persévérance sans le soutien de ces nombreux lecteurs qui se recrutent dans toutes les couches de la société, sans ces annonceurs et autres partenaires pas complaisants du tout ? Au Messager, on essaie de faire avec les saines exigences de la qualité sans nous soumettre au chantage. Avec toujours à l’esprit que «quand on a du caractère, on l’affiche» et que si les difficultés s’élèvent sur le chemin, elles peuvent être vaincues car «vivre c’est combattre» enseigne le sage. Dans les colonnes de cette édition, vous y retrouverez, certainement avec un brin de nostalgie, le dernier éditorial signé Pius Njawé publié deux mois avant ce fameux 12 juillet 2010. En bonne place, la rédaction fait la part belle aux témoignages de quelques acteurs majeurs du paysage médiatique camerounais.
Dobell
Jean-Bosco Tagne (CAMDIAC): «Notre action a été de réajuster notre stratégie»
Toujours clouée par le traumatisme et les stigmatisations autour du décès inattendu de l’icône du journalisme camerounais à l’occasion de son lancement solennel il y a trois ans à Washington D.C., la Camdiac se dépatouille encore pour convaincre de sa détermination et de sa capacité à fédérer des forces du changement de la diaspora. Son principal promoteur, président de la Camdiac, titulaire d’un Phd, a subi toutes les critiques imaginables mais en livre ici un bilan peu pessimiste.
Où en est Camdiac à ce jour?
Nous remercions Le Messager pour l’opportunité qui nous est ainsi offerte de partager avec les Camerounais de l’intérieur et de l’extérieur l’évolution de la Cameroon Diaspora for Change (Camdiac). Comme beaucoup le savent, la Camdiac est née aussi bien dans l’espoir que la douleur. Dans l’espoir parce que la convention de Washington devait marquer un nouveau départ pour les forces progressistes camerounaises avec pour principale innovation la chaîne de solidarité agissante entre les compatriotes de tous les horizons pour une dynamique militante revitalisée. En répondant massivement à notre appel, la plupart des leaders politiques et de la société civile restés cohérents dans leur démarche depuis les années de braises donnèrent leur caution et leur bénédiction à notre initiative. La Déclaration de Washington qui a sanctionné les travaux est assez édifiante sur l’ampleur de l’engagement pour un nouveau Cameroun qui allait et va s’en suivre ainsi que sur la détermination des forces du changement présentes sur le sol américain en cette journée du 10 juillet 2010 que nous commémorons chaque année.
Malheureusement, disais-je, cet espoir a connu une embûche de grande taille, à savoir le décès « accidentel » sur une autoroute de Virginie de l’un des plus fervents soutiens de notre initiative en la personne de Pius Njawe. Cette tragédie a affecté et continue d’affecter l’action de la Camdiac à cause de l’instrumentalisation politique que le régime de M. Biya en fait soit directement depuis Yaoundé, soit indirectement à travers ses suppôts dans divers pays et principalement aux États-Unis d’Amérique. Notre réaction a été de réajuster notre stratégie et nous focaliser sur l’action interne tout en maintenant la mise en place de la chaîne. Aujourd’hui, Camdiac est occupée à établir des maillons à ladite chaîne. Nous comptons sur l’engagement massif des Camerounais pour l’accompagner dans l’action finale.
Comment la Camdiac s'organise-t-elle concrètement pour atteindre ses objectifs de changement du régime de Yaoundé?
Dans les paragraphes précédents, quelques éléments de réponse ont été développés. La hargne avec laquelle le régime s’emploie à défendre ses privilèges plutôt qu’à contribuer à l’épanouissement des Camerounais dont les conditions de vie se détériorent chaque jour davantage nous oblige à être moins diserts sur nos stratégies et tactiques. Laissez-moi néanmoins vous assurer une fois de plus que nous sommes très organisés pour atteindre nos objectifs qui sont de voir Paul Biya et ses lieutenants évacuer même par la force de la tête de notre beau pays le Cameroun. Nous ne sommes plus si loin de ce but.
La Camdiac pourrait-elle entrer en négociations éventuelles avec le régime Biya?
La Camdiac ne négociera jamais avec un régime plus que cinquantenaire qui a le sang de centaines de milliers de Camerounais sur les mains. De quoi allons-nous discuter? M. Biya et sa bande de cleptomanes savent ce que nous attendons d’eux. Ils doivent s’en aller. Malgré le caractère non partisan de la Camdiac, notre objectif a toujours été et demeure le démantèlement du système prédato-liberticide de Yaoundé. La Camdiac ne transige pas là-dessus. Le sang de Pius Njawe vient se mêler à celui de nombreux martyrs qui l’ont précédé pour renforcer la sacralité de notre engagement infaillible et non négociable. La Camdiac et le peuple camerounais vaincront. C’est une certitude mathématique qui n’a besoin que du temps pour se réaliser. Ce temps est vraiment proche.
Propos recueillis par Jean-Marc Soboth
Témoignages
Henriette Ekwe, chroniqueur Equinoxe TV: «La stature de Njawe manque au Cameroun»
La première des choses c’est que Le Messager est devenu une institution et a survécu à son fondateur, ce qui n’est pas une mince affaire pour un journal qui veut se détacher de la personne, même si c’est la personne qui imprime la ligne éditoriale. La deuxième chose c’est que j’ai trouvé qu’à un moment la ligne éditoriale avait vraiment flanché. Il lui manque cette capacité d’interpeller le pouvoir avec vigueur. Il y a encore des journalistes qui ont gardé ce ton rebelle qui a fondé Le Messager des années de braises, des années 1990 et donc, d’une certaine manière c’est un peu panaché. Il y a de tout dans cette rédaction. Le ton général essai de coller à la personne de Pius Njawe, à ce qu’il a été et à ce qu’il a voulu imprimer en tant que combattant de la liberté de la presse, et un peu le fer de lance de cette liberté de la presse. Le Messager tient, mais la stature de Njawe manque au Cameroun, c’est-à-dire des journalistes qui sont prêts à dire non à la ligne que veut imprimer un certain Cnc (Conseil national de la communication, Ndlr) qui suspend des journaux, qui veut qu’on ait tous une ligne éditoriale gentille alors que la presse privée, et Le Messager en tête a été la première sentinelle de la gouvernance économique, financière et sociale du Cameroun. C’est la presse privée, avec Le Messager qui a dénoncé les détournements de fonds et les grands scandales de corruption. Là-dessus, cette presse privée mérite plus de respect. Le Messager continue mais Pius nous manque beaucoup. La rédaction ne peut avoir une ligne claire que si ceux qui ont pris la relève veulent maintenir Le Messager dans les rails de ce qu’il a été, un pionnier d’une presse privée, mais aussi un acteur de la démocratie. Le Messager manque l’esprit militant. Il joue son rôle tant bien que mal, avec une ligne éditoriale un peu bizarre. Elle peut se redresser, en fonction de la personnalité de la personne qui saura marquer le combat de Pius.
Recueillis par V.T. (Stg)
Haman Mana, directeur de publication de Le Jour: «Que les querelles des Njawé se taisent pour que nos cœurs soient apaisés»
Trois ans déjà! Qu'est-ce que le temps peut vite passer... Chacun a essayé de garder son Pius à lui : moi par exemple, j'ai en permanence sur mon bureau et bien en évidence, une image de l'homme. La raison est simple: si aujourd'hui nous pouvons écrire tout ce que nous voulons, c'est largement grâce aux luttes menées par ce combattant. C'est lui, qui de ses larges épaules a enfoncé les portes par lesquelles la presse privée camerounaise s'est introduite dans le monde de l'expression libre. Tous les jours, je lis Le Messager. Et c'est déjà une traduction vivante et réelle de «Les Morts ne sont pas morts», ce mot du poète. Si les querelles de la maison Njawé se taisaient, peut-être que nos cœurs seraient plus apaisés. Bravo à la rédaction du Messager, qui maintient la flamme, et qui montre qu'un grand journal, ce sont ses journalistes et le souffle qui les anime.