Zacharie Perevet, Ministre de l'Emploi et de la Formation Professionnelle: «Les 200.000 emplois seront générés par l'ensemble de l'économie»

Yaoundé, 14 février 2013
© Jean Francis BELIBI | Cameroon Tribune

Zacharie Perevet, Ministre de l'Emploi et de la Formation Professionnelle.

Dans son message à l'occasion de la 47e Fête de la Jeunesse, le Chef de l'Etat a directement interpellé votre département ministériel dans la formation et l'encadrement de certaines activités du secteur informel, et notamment les motos-taxis. Concrètement, comment entendez-vous vous y employer ?

Dans le cadre de la réorganisation du Ministère de l'Emploi et de la Formation Professionnelle (MINFOP) du 28 décembre 2012, mon département ministériel est responsable de l'élaboration et de la mise en œuvre de la politique gouvernementale en matière d'emploi, de formation et d'insertion professionnelles. Il s'agit là d'une forte et sensible responsabilité puisqu'il est question de créer des conditions favorables à une grande insertion des désœuvrés. Vous comprenez pourquoi beaucoup de jeunes fondent tant d'espoir sur ce ministère dont nous avons la charge. L'interpellation du Chef de l'Etat vient même nous renforcer dans notre détermination à agir plus et vite dans le sens souhaité et attendu. Nous entendons, à très court terme, procéder à l'identification et au recensement de ces moto-taximen en vue d'organiser à leur attention, en liaison avec les administrations techniques concernées, des sessions de formation adaptée. Une concertation avec ces administrations est prévue dans les tous prochains jours afin d'arrêter la stratégie la plus appropriée pouvant permettre une grande lisibilité de ce secteur d'activité. Car nous voulons éviter de prendre des mesures provisoires. Les communes seront des acteurs de premier plan pour ce travail puisqu'elles serviront de cadre de formation à dispenser en conduite des motos. A la fin de la formation, chaque lauréat aura une carte professionnelle et un matricule permettant son identification.

A moyen terme, nous nous attèlerons à mettre en place le Comité d'Appui au Développement de l'Emploi Local (CADEL), comme préconisé par le DSCE, afin de pouvoir capter les informations liées à cette activité et de mieux suivre les mesures qui seront prises dans le cadre de l'assainissement de ce secteur.


Qu'est-ce qui est envisagé par le Ministère de l'Emploi et de la Formation Professionnelle pour les autres activités du secteur informel?

L'emploi informel est l'une des grandes préoccupations de mon département ministériel. Selon l'enquête EESI 2010, le taux de chômage, au sens du BIT, est estimé à 3,8% pendant que le chômage élargi est à 5,7%. Ces faibles taux cachent cependant un sous-emploi préoccupant avec un taux qui se situe à 70,4%. En outre, le secteur informel absorbe la plus grande partie de la main-d'œuvre avec plus de 90% d'actifs occupés qui y exercent. Face à cette situation, nous entendons apporter une nouvelle impulsion à notre action en 2013. Le MINEFOP, à travers le PIAASI, par exemple, va former les promoteurs de ce secteur sur les modules qui ont un fort impact sur leurs activités. Nous continuerons d'accorder des appuis financiers dans la mesure du possible, en fonction du volume de notre enveloppe et avec un souci d'équité pour que les jeunes, où qu'ils soient, valides ou handicapés, diplômés ou non, indifféremment de leur statut sérologique, qu'ils en bénéficient.

Pour finir, le renforcement des activités du PIAASI vers la migration des acteurs du secteur informel vers le formel va s'intensifier à partir de 2013, notamment avec la promotion des regroupements professionnels et l'immatriculation de ces derniers auprès des institutions telles que la CNPS, les chambres consulaires et autres.

Nous n'oublions pas les call-boxeurs et les autres, ceci conformément au décret N°2012/644 du 28 décembre 2012 portant organisation du MINEFOP. L'assainissement de ces secteurs permettra aux pouvoirs publics de donner un savoir-faire aux jeunes du secteur informel. De même, des ministères sectoriels développeront des projets et programmes d'insertion professionnelle. Il faut dire que désormais, l'octroi des aides sera désormais subordonné à la présentation d'une attestation de fin de formation professionnelle.


Le Président de la République a annoncé la création de 200.000 emplois dans le secteur formel en 2013. Comment cela va-t-il se passer et quels sont les principaux secteurs concernés?

C'est une très bonne question. Après le recrutement des 25.000 jeunes diplômés dans la Fonction Publique, le Chef de l'Etat, que je me permets de remercier encore pour cette initiative salutaire, a initié des mesures fortes en faveur de l'accroissement de l'offre d'emploi à travers le secteur privé. Je voudrais me permettre de saluer chaleureusement le projet de loi portant code d'incitations à l'investissement en République du Cameroun. L'adoption de cette loi et son application vont permettre de créer plusieurs milliers d'emplois à travers les investissements privés au Cameroun et ceci en contrepartie d'importantes dérogations fiscales et douanières.

Pour revenir à votre question, disons que les 200.000 emplois qui seront créés en 2013 découlent du volume global de création d'emplois de toute l'économie camerounaise. Ce volume est estimé à 900.000, tout secteur confondu. Pour l'année 2013, l'investissement public va générer 90.000 emplois. Les entreprises privées et parapubliques et les administrations publiques vont créer 60.000 emplois, les grands projets vont en créer 10.000 et 40.000 proviendront de la mutation des acteurs du secteur informel vers le secteur formel. Les secteurs les plus concernés sont par ordre d'importance : l'agriculture, les bâtiments et travaux publics et les services (commerce, transport, TIC, hôtellerie, tourisme et restauration).


Au-delà de ce chiffre, y a-t-il d'autres prévisions de création d'emplois au cours de cette année au niveau de votre département ministériel?

Mon département ministériel joue le rôle de comptable en matière de création d'emplois dans tous les secteurs. Il entend donc en 2013 accélérer le plaidoyer auprès des autres administrations et promoteurs d'investissements afin qu'ils placent l'emploi au centre de leurs préoccupations conformément au DSCE. C'est à ce titre qu'il met en place un cadre juridique pour les emplois HIMO (Haute intensité de main-d'œuvre NDLR), en partenariat avec le Ministère du Travail et de la Sécurité Sociale et les autres administrations consommatrices de la technologie haute intensité de la main-d'œuvre que sont : le MINTP, le MINDUH et les communes. Enfin, nous allons développer une coopération ciblée avec le BIT, l'UNESCO, l'AFD etc...


Quels sont les résultats auxquels vous êtes parvenus au terme des différents Carrefours des Métiers organisés lors des célébrations de la Fête de la Jeunesse?

Le retour que nous avons de ces manifestations est positif. Qu'il s'agisse de la deuxième édition des Carrefours des Métiers ou de la Semaine Emploi Jeune organisée par le FNE pendant la semaine de la jeunesse. Vous suivez souvent le Directeur Général du FNE à ce sujet chaque fois que vous lui donnez l'occasion d'en parler. Pour ne parler que des trois dernières années, le FNE a accueilli entre 1200 à 3500 jeunes visiteurs dans ses stands tous les jours pendant ces semaines. C'est déjà un indicateur du succès de l'opération.



14/02/2013
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