Yokadouma: Un Baka gagne un procès

Yokadouma: Un Baka gagne un procès

Pygmees Baka:Camer.beChose impensable il y a 20 ans du fait du ravalement au rang de sous hommes, voire de moins que rien de ce peuple autochtone de la région du Soleil levant.Être né Baka ou pygmée à Yokadouma, il y a environ 20 ans, était une insulte, voire une malédiction. Car, loin d’être considéré comme des êtres humains à part  entière, les Baka de la région de l’Est Cameroun en général, et plus précisément  ceux du département de la Boumba et Ngoko dont le chef lieu est Yokadouma, étaient jusque-là réduits au rang de bêtes de somme, bons à accomplir les travaux champêtres, de ménage ou quelques sales besognes. Cette mise au  ban de la société s’étendait jusqu’à la banalisation, mieux, la négation de leur droits et de leur dignité d’êtres  humains  et d’enfants de Dieu créés aussi à l’image et à la ressemblance de Dieu.

Aujourd’hui, grâce au soutien apporté au peuple baka par l’Eglise catholique romaine présente à Yokadouma, les choses ont beaucoup changé. Sur le plan de la justice, la pendule est en train de revenir à l’heure. Cet état de fait s’est encore plus rendu visible le lundi 12 février 2012 au tribunal de Yokadouma où justice a été rendue à Félix Alio, d’ethnie baka, qui depuis quatre ans, pleure son fils Lomoi assassiné en pleine forêt par pure méchanceté. Et depuis, justice n’avait pas été rendue au père de la victime qui, quatre saisons de suite, porte en lui cette charge émotionnelle qui l’affaiblissait de plus en plus,  et lui donnait l’impression que la justice camerounaise était corrompue et ne servait que la cause des nantis. Pouvait-il d’ailleurs penser autrement ? Puisque le tribunal de Grande Instance de Yokadouma, toujours prompt à liquider les affaires relatives aux crimes, a attendu quatre ans pour se prononcer sur l’assassinat de son rejeton.

Depuis le 12 février 2012 donc, Félix Alio est soulagé de savoir que lui, le Baka, peut recourir à la justice et avoir gain de cause. Même s’il reconnait que ce verdict, quoiqu’en sa faveur, ne ramènera  plus son fils à la vie. « Ma vie va désormais changer. Nous Baka, ne sommes plus les oubliés de la justice, ni des délaissés. Nous avons désormais un soutien moral, spirituel et même judiciaire », soupire-t-il. Un tel cri d’espérance réveille toujours une grande joie et prouve aussi que Dieu n’oublie jamais personne, et veille soigneusement sur chacune de ses brebis.

En effet, le meurtrier (Akowiye) de l’enfant de Félix Alio, bien que s’étant refugié    en forêt, a été condamné à perpétuité par le tribunal de Grande Instance de Yokadouma. Par cet acte seul, le tribunal de Yokadouma rend un très grand hommage au peuple baka tout entier. Et par ce même acte, on peut également comprendre que le président du tribunal de Yokadouma rappelle à tous que les citoyens camerounais indépendamment de leurs origines ou classes sociales,  qu’ils  jouissent des mêmes droits et devoirs, y compris les Baka.

Rappelons que le processus au niveau de la justice a été enclenché par les Petites Soeurs de l’Evangile pour le travail missionnaire qu’elles abattent auprès des peuples baka dans le Diocèse de Yokadouma. Ainsi, avec le Bienheureux Jean Paul II, les chrétiens peuvent dire comme au jour de son élection comme Pape : « N’ayez pas peur ». Ces paroles qui sont encore aujourd’hui d’une actualité brûlante, nous amènent à faire comprendre aux Baka et à ceux qui travaillent avec eux qu’ils sont capables de faire tomber les barrières de la discrimination, car leur destin se trouve entre leurs mains.

© L'Effort Camerounais : Claude Zéba & Père André Ngoulsia,OMI


15/05/2012
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