Yaoundé: Une nouvelle ère pour le Palais des congrès?

DOUALA - 19 MARS 2013
© Souley ONOHIOLO | Le Messager

Promus à la tête de la direction générale du palais des congrès de Yaoundé, les deux journalistes récemment installés dans leurs fonctions doivent reconquérir sa gloire d’antan et le rendre surtout attrayant.


Christophe Mien Zock
Photo: © CIN Screen Capture


Promus à la tête de la direction générale du palais des congrès de Yaoundé, les deux journalistes récemment installés dans leurs fonctions doivent reconquérir sa gloire d’antan et le rendre surtout attrayant. Pour beaucoup, au regard des enjeux et de la délinquance dont font montre les locataires, le challenge s’annonce titanesque. Dans les coulisses, on se demande si cette promotion n’est pas un cadeau « empoisonné » pour Christophe Mien Zock et dame Tabe née Mbeng Céline Nchong.


1- Les nouveaux boss du palais de « Nkol-Nyada »

Christophe Mien Zock et dame Tabe née Mbeng Celine Nchong écrivent une nouvelle page de leur histoire, sur le mont « Nkol-Nyada », l’une des sept collines qui font la fierté de la grande agglomération de Yaoundé. Nommés directeur général et directeur général adjoint du palais des Congrès de Yaoundé, les deux journalistes ont été installés dans leurs fonctions par la ministre des Arts et de la culture, Ama Tutu Muna, en présence des membres du Conseil d’administration du Palais des congrès ; de nombreux invités parmi lesquels : plusieurs pontes du régime du Renouveau et une bonne poignée d’apparatchiks et exégètes du Rdpc, le parti au pouvoir. Jean Nkuété, le Sg du comité central, Hamadjouda Hadjoudji le Sga, Jacques Fame Ndongo, Issa Tchiroma, Michel Ange Angouing, Jean-Baptiste Bokam, Joseph Le… Ils étaient tous là, pour applaudir la prise des « affaires » par celui qui, jusqu’il y a quelques jours, était encore le maire d’Angossas, directeur des organes de presse et de la propagande du comité central du Rdpc. La promotion des deux lauréats par un décret présidentiel, le 15 février 2013, participe selon Ama Tutu Muna d’une volonté d’impulser une nouvelle dynamique. Il s’agit d’un redéploiement qui traduit aussi « la réaffirmation de l’importance du président de la République à poursuivre inlassablement la politique des grandes réalisations entamée depuis le début de ce septennat » affirme la ministre des Arts et de la culture.

Mien Zock Christophe qui a désormais la charge de la gestion du palais des congrès de Yaoundé est un journaliste de haut vol. Il revendique une riche carrière professionnelle qui l’a conduit tour à tour au ministère de l’Information et de la culture, à la Société de presse et d’édition du Cameroun (Sopecam) avec la fonction de coordonnateur de la rédaction de Week-end Tribune.

Il en partira en 1992, auréolé d’une nomination en qualité de directeur des organes de presse, et de la propagande du Comité central pour le Rassemblement démocratique du peuple Camerounais (Rdpc). Mien Zock jouit également d’une longue et brillante carrière politique. Depuis 1996, Christophe Mien Zock est conseiller municipal dans la commune d’Angossas dont il deviendra maire lors des élections municipales de 2002.

Mme Tabe née Mbeng Celine Nchong est diplômée de l’Esstic, promotion 1997. Sur le plan professionnel et administratif, elle est haut cadre au ministère de la Communication où, elle a assuré plusieurs hautes fonctions tant à la Coopération que dans d’autres cellules avant d’être nommée Inspecteur n°2 au cabinet du ministre de la Communication.


2- Quels « habits neufs » pour quel nouveau visage ?

Le magistère de Christophe Mien Zock et dame Tabe née Mbeng Celine Nchong est marqué par de grosses attentes et des défis. Les deux journalistes doivent se mettre au travail, pour redorer le blason d’une structure à la recherche de son lustre d’antan. Parmi les difficultés les plus importantes, il y a l’insolvabilité des services dont bénéficient les administrations publiques ; locations des salles pour la tenue des conférences, séminaires-ateliers, colloques… L’incivisme s’observe aussi au niveau du paiement du bail par des démembrements institutionnels en location au palais des congrès. Le locataire le plus indélicat étant ici, le Rdpc qui accumule un grand nombre de mois de loyers, des charges d’entretien et de fonctionnement impayés.

Interrogé quant à savoir si avec l’arrivée d’un de leurs camarades, le Rdpc va enfin payer, le Sg à la communication a fait dans la langue de bois. « Le Dg Christophe Mien Zock est lui-même de la maison Rdpc, il sera à la fois juge et partie. Il va s’arranger et s’organiser pour les payements dont vous parlez. Il est membre à part entière du parti Rdpc, il est également Dg, pouvait-on rêver mieux », élude Jacques Fame Ndongo.

L’équipe que conduit Christophe Mien Zock devra également penser à mettre en place un plan de redynamisation et de redressement de ce vestige en vue de sa capitalisation. Jusqu’ici, le palais des congrès, exploite le minimum des espaces et offres qui peuvent permettre de générer beaucoup d’argent. En tant que l’une des principales collines qui font la fierté de Yaoundé, la colline de « Nkol-Nyada » est en soi, un paysage touristique vendable. Malheureusement, le site est à la merci des malfrats et bandits de grands chemins qui par leurs forfaits, découragent les candidats au tourisme et à l’évasion. Les deux Dg doivent mettre un terme au laisser-aller de certaines structures administratives qui bloquent la rentabilité du vestige en jouant les « indélicats ».

En faisant leurs les expériences d’ailleurs, les responsables du palais des congrès doivent rendre le site fréquentable en créant des activités périphériques dans le palais. Il s’agit d’aller à la conquête de nouveaux marchés ; rendre le site favorable au tourisme en le sécurisant et en illuminant les différentes artères. Même si l’aventure a des allures d’une tâche ardue et herculéenne, le jeu vaut bien une chandelle.


3- De la propagande à la gestion…

Passée l’euphorie des installations, certaines voix, même au sein du comité central du Rdpc, s’élèvent pour animer un autre débat : celui de la succession de Christophe Mien Zock, à la direction des organes de presse, et de la propagande au sein du Rdpc. Il n’y a qu’un pas qui sépare les deux structures. Fonctionnaire de l’administration publique camerounaise, le directeur de la rédaction du journal « l’Action » et ex-maire de la commune d’Angossas, cumule ses fonctions avec celle de directeur des organes de presse et de la propagande du Comité central pour le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc).

Aujourd’hui nommé directeur général du palais des congrès, en récompense à son militantisme et des services rendus au parti de la flamme, la réflexion est ouverte quant à son éventuel remplacement à la direction des organes de presse, et de la propagande au sein du Rdpc. La place aiguise de gros d’appétits de la part des prétendants. Il y en a qui pensent qu’il faut remettre ce poste à des personnes ayant aux premières heures affiché un militantisme avéré ; des gens qui se sont battus corps et âme et même au prix des sacrifices suprêmes pour promouvoir le Rdpc. Au rang de ceux-ci, figurent des noms comme : Charles Ateba Eyene, Mono Ndjana, Gilbert Tsala Ekani, Pius Ottou… « C’est parmi eux qu’on aurait pu choisir l’oiseau rare. La chance de Christophe Mien Zock procède de ce que le Sg du comité central, Joseph Charles Doumba, a voulu faire une fleur à un enfant de l’Est du Cameroun. D’où la désignation de Christophe Mien Zock », avoue un ponte du Rdpc.

Parmi d’autres potentiels et éventuels successeurs à Christophe Mien Zock, figurent de jeunes gens qui depuis quelques années, font leurs armes tant au Rdpc que dans le journal « l’Action ». Ils ont montré un engagement et une affection certaine pour le parti au pouvoir. Simon Meyanga, Billy Monayong, Henri Fotso, William Balla, Benjamin Lipawing… Tous, pétris d’expérience, peuvent remplacer Mien Zock au poste…

Mais il faudra braver le challenge des conservateurs de la trempe de Jacques Fame Ndongo. « Il est toujours directeur de la rédaction, il n’est pas déchargé de ses fonctions. Il reste patron du contenu du journal. Quant à savoir s’il va continuer, pourquoi pas ? Je souhaite qu’il poursuive dans les responsabilités. Je crois qu’il a des capacités à faire les deux. Et c’est mon vœu le plus cher. Parce qu’il démontre qu’il peut faire et assumer les deux responsabilités. Il a l’expérience et l’engagement pour pouvoir continuer. Sauf si la hiérarchie du parti décidait autrement », avoue l’un des piliers du parti au pouvoir.

Heureusement que pour les jeunes « loups » aux dents bien longues, la porte reste ouverte. Le Sg du comité central, Jean Nkueté et le président national du Rdpc, Paul Biya comme l’affirme Jacques Fame Ndongo lui-même, peuvent décider autrement. «Je souhaite qu’il continue d’être là, parce qu’il a fait ses preuves, je souhaite qu’il soit maintenu à son poste. Mais si la hiérarchie en décidait autrement, naturellement, on aviserait le moment venu » conclut le secrétaire à la communication du comité central du Rdpc.



19/03/2013
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