Yaoundé: Quand l’inertie prive les populations de l’eau potable

Yaoundé: Quand l’inertie prive les populations de l’eau potable

Puits eau:Camer.beLes robinets  de plusieurs quartiers de la ville de Yaoundé sont toujours au régime sec. En attendant que se concrétisent  les promesses du gouvernement sur le projet  de réhabilitation du réseau d’approvisionnement d’eau potable, le calvaire des populations est écoeurant.Le 10 janvier 2011, Robert Nkili et Jean Baptiste Bokam, respectivement ministre des Transports  et Secrétaire d’Etat à la Défense chargé de la gendarmerie, ont effectué une descente surprise sur l’axe Yaoundé –Bafoussam, plus précisément à Makénéné, ainsi qu’à la gare routière  du quartier  Mvan à yaoundé , où ils  ont personnellement sensibilisé les automobilistes  sur la sécurité routière.

L’action de ces deux ministres vaut mieux que mille discours,  et peut avoir un impact  positif sur le comportement  des automobilistes. Cette descente sur le terrain qui leur a   permis de  toucher du doigt les réalités que vivent les autres citoyens, devrait faire tâche d’huile, question de secouer un peu l’inertie légendaire en cours dans notre pays, et   qui donne l’impression que les membres de notre gouvernement vivent dans une sphère déconnectée des réalités   du  peuple qui leur est confié.

Un  membre du gouvernement qui devrait suivre cet exemple de Robert Nkili et de Jean Baptiste Bokam, c’est bel et bien le  nouveau ministre de l’Eau et de l’Energie. Basile Atangana Kouna, puisqu’il s’agit de lui, devrait lui aussi, en cette période critique   où les quartiers Emana, Etoudi, Messassi, Olembé,  Obobogo,   Nkolbisson  Nkozoa, Odza,  Biteng,  Mendong,  Mbankolo, pour ne citer que ceux là, sont privés de l’eau  potable distribuée par Camwater. La descente sur le terrain de Basile Atangana Kouna s’avère impérative puisqu’il est à la fois la tutelle ministérielle et le Directeur général  de  la Cameroon Utilities Corporation, (Camwater). Sa présence aux côtés des populations, pourrait apaiser les coeurs, et rassurer ceux qui souffrent de cette situation,  quant à la préoccupation  du gouvernement sur la pénurie de l’eau potable dont  elles  sont victimes. Même s’il faut saluer la distribution de l’eau potable par des camions citernes dotés chacun d’une capacité  de 10.000 litres, les populations ont surtout besoin d’une compassion de proximité, de la solidarité visible des dirigeants dont l’impact est de  montrer que les problèmes des populations sont véritablement au centre des préoccupations à l’heure des grandes réalisations. Des réalisations   qui pourraient  ne pas avoir un sens, si les populations auxquelles elles sont destinées  meurent de soif et de faim.

En réalité, le véritable coupable  de la pénurie d’eau  de Yaoundé est à attribuer  à l’inertie administrative en oeuvre dans notre pays. On a comme l’impression  qu’aucune situation d’urgence n’émeut les autorités de Yaoundé, puisque  les membres du gouvernement ne sont pas privés de l’eau potable.  C’est pourtant  depuis l’année 2011 que l’on parle de la réhabilitation du réseau de distribution de l’eau potable à Yaoundé, comme le démontre cet extrait de M. Daniel Ndong, du  ministère de l’Eau et de l’Energie : « Même avec le projet de réhabilitation de la Mefou, entièrement financé par l’Agence française de développement, Yaoundé ne sera pas épargnée des pénuries d’eau potable. C’est pour cela que depuis quelques années, le gouvernement camerounais s’emploie à réduire ce déficit en mettant en forme le projet d’alimentation en eau potable par la Sanaga. C’est une initiative onéreuse qui consiste à construire une station de pompage d’eau d’une capacité de 315 000 mètres cube par jour, équipée de sept pompes. Cette eau sera d’abord envoyée à Batchenga où il sera construit une usine de traitement d’eau. De l’usine, elle prendra deux directions. D’abord Batchenga pour l’alimentation de la ville et ses environs, et Yaoundé en passant par Nkometou ». Et d’ajouter : « des 429 milliards de  Fcfa à déployer pour ce projet, 200 milliards Fcfa auraient déjà été rendus disponibles par EximBank of China, le reste devant provenir des emprunts obligataires, du budget de l’Etat et autres ». Les travaux étaient censés débuter  au cours de  ce mois de janvier 2012. Au moment où nous allions sous presse, ce projet est toujours boqué  dans la lourde paperasserie administrative, véritable cancer de ce pays.

Pour mieux comprendre ce qui se passe à Yaoundé, nous avons appris  « qu’il faut en moyenne 300 000 mètres cubes d’eau par jour pour approvisionner la ville de Yaoundé. Mais pour le moment, la station de Nkomnyada n’en produit que 100 000 mètres cubes, soit un déficit journalier de 200 000 mètres cubes d’eau ».   Mais, pour compenser ce déficit, point n’est besoin d’une solution magique. Il faut que nous soyons conséquents envers nous –mêmes. Par exemple, la plupart des résidences  des personnalités de la ville de  Yaoundé  sont dotées de piscines ou de jets d’eau. Il suffit de prendre une mesure conservatoire, celle d’interdire  jusqu’ à nouvel avis, l’usage de ces piscines et jet d’eau,  responsables d’un gaspillage inadmissible en ces temps de pénurie.   Si une piscine utilise 19 m3 d’eau  ou 50 m3, c’est un énorme gâchis, alors que les populations sont privées d’eau potable. Voilà peut-être une solution qui pourrait soulager  les populations que l’inertie prive de l’eau potable dans la ville de Yaoundé.Aux dernières nouvelles,  nous avons appris que  des travaux d'urgence sont en cours à la station d'épuration d'Akomnyada.

© L'Effort Camerounais : Sylvestre Ndoumou


08/02/2012
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