Yaoundé: Policiers et Gendarmes perquisitionnent dans des domiciles

YAOUNDÉ - 18 Mai 2012
© EVARISTE MENOUNGA ET MONIQUE NGO MAYACK | Mutations

Les riverains des quartiers Nsimeyong, Biyem-assi, Efoulan et environnants ont été sortis de leur sommeil samedi dernier par des patrouilles mixtes.

Les riverains des quartiers Nsimeyong, Efoulan, Biyem-assi et environnants n'ont pas eu droit à leur grasse matinée le samedi dernier, 12 mai 2012. Ils ont été sortis de leurs lits par des gendarmes et des policiers agissant de concert et opérant en patrouilles mixtes dans le cadre d'une perquisition généralisée et systématique des domiciles. Motus et bouche cousue sur l'objet de ces fouilles des résidences privées, de ces violations d'intimités de paisibles citoyens.

A la question de savoir ce que nous valent ces troubles de jouissance à une heure aussi indue, c'était à 4h40mn du matin, les deux hommes en tenue un gendarme et un policier se contentent d'indiquer qu'ils agissent dans le cadre d'une patrouille mixte, police gendarmerie et qu'ils sont là pour identifier les occupants des maisons. «Nous recherchons des individus», indique vaguement le gendarme, qui exige du maître des lieux, en sus de sa pièce d'identité, qu'il fournisse les factures des différents appareils. Ce à quoi je rétorque que je dispose de toutes ces factures, mais qu'il serait fastidieux de commencer à les chercher. Expliquant par la suite que j'exerce la profession de journaliste au quotidien Mutations, les deux hommes en tenue battront de suite en retraite et s'en iront sans demander le reste, après avoir balayé de leurs regards fuyant la maisonnée.

Plusieurs suspects seront interpellés, parfois abusivement, au cours du rafle pour défaut de pièces d'identité. Parmi les individus embarqués abusivement, se trouvent ceux rencontrés dans la rue en plein jogging matinal, évidemment dépourvus de pièce d'identité. Et c'est depuis les postes de police et de gendarmerie que ces infortunés déclineront leurs identités grâce au concours d'un membre de famille appelé à la rescousse au lever du jour. Sur les mobiles et les non dits de cette descente musclée et inopinée des éléments de force de l'ordre dans les quartiers sus désignés, l'on apprendra au lendemain de cette opération coups de poing, qu'il était question de rechercher des armes dont des individus à l'identité non révélée étaient détenteurs et qu'ils avaient pris soin de planquer.


Abah Abah

Des observateurs avertis ont cru devoir faire le lien entre ces perquisitions et l'interpellation, la veille à son domicile à Odza, de Abah Abah pour évasion aggravée et à quelques jours de la grande parade du Boulevard du 20 mai, en commémoration de la fête de l'unité nationale. Et lorsqu'on intègre le paramètre selon lequel l'une des résidences de Abah Abah se trouve dans l'un des quartiers ciblés par la perquisition, l'on a tôt fait de comprendre le zèle avec lequel ces éléments mixtes ont mené ces fouilles.

Morceaux choisis: les éléments du commissariat du troisième arrondissement de Yaoundé font fait une descente surprise au quartier Biyem-assi dès 5 heures le même samedi. Sept gendarmes avaient déjà inspecté une dizaine de domiciles lorsqu'ils sont freinés dans leur élan par M. Ibrahim. Ce dernier n'a pas accepté que les policiers entrent dans sa maison sans avoir présenté leurs badges et un mandat de perquisition.

Une exigence qui n'a pas plu aux éléments de la police. «Tu troubles notre travail. Notre tenue ne dit pas assez qui nous sommes?», tonne l'un d'eux. Un autre gendarme présentera son badge d'identification. Insuffisant pour M. Ibrahim qui estime qu'il a le droit de voir le mandat de perquisition et les badges des autres gendarmes. Une «impolitesse» que le chef de la troupe policière ne tolérera pas. «Embarquez-le!», ordonne ce dernier. «Je suis le fils du divisionnaire», lance M. Ibrahim, sans toutefois calmer l'ardeur de ses bourreaux. «Fils du commissaire ou pas, on t'embarque», lui rétorque un autre gendarme. M. Ibrahim rejoindra ainsi les locaux du commissariat au quartier Efoulan, vêtu d'un short et d'un débardeur. Où il recouvrira sa liberté, après intervention, quelques heures plus tard.




21/05/2012
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