Yaoundé - Marché Mokolo: Tsimi Evouna échappe au lynchage

YAOUNDÉ - 04 Juin 2012
© Olivier A. Ndenkop | L'Actu

Vendredi dernier, le délégué du gouvernement a demandé aux forces de l'ordre d'intensifier la chasse aux commerçants ambulants.

Nous sommes le vendredi premier juin. L'horloge affiche 14 heures. Tsimi Evouna que les commerçants appellent «Jack Bauer», préside une réunion restreinte dans l'enceinte du commissariat du IIème arrondissement à Mokolo, aux fins d'ordonner la traque sans merci des commerçants qui écument ledit marché, étalant des marchandises à tout va. Autour du Délégué de gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Yaoundé (CUY), sont assis plusieurs haut gradés de la gendarmerie et de la police nationales. Le Délégué du gouvernement est ferme. Il faut tout dégager.
La partie n'est pas aisée pour «Jack Bauer». Car, des centaines de commerçants, qui ont encerclé le commissariat, menacent de s'y introduire et d'interrompre la réunion. «Mais, on est dans quel pays? Il croit qu'il est quoi? C'est lui qui nourrit nos enfants? On va finir avec lui aujourd'hui», entend-on çà et là. Cette horde en furie, est stoppée à chaque initiative, par les policiers et gendarmes déployés à l'entrée du commissariat à cet effet. Ils sont secondés par de «gros bras», tenant des marteaux. Comme désespéré, un homme, visiblement courroucé, se dirige vers les policiers en criant: tuez-moi! Oui! Tuez-moi! Trop, c'est trop!» Il sera ensuite maîtrisé par des flics, sans violence.

Selon des informations recueillies sur place, il s'agit d'un vendeur de chaussures qui a perdu toute sa marchandise la veille. Celle-ci, d'après les commerçants, a été emportée par les agents de la mairie de Yaoundé II, engagés dans l'opération «ville propre». Une information que semble confirmer les faits en cours. Car, plusieurs agents de ladite municipalité, sont encore présents au marché, et interpellent jusqu'aux vendeurs ambulants. Deux canons à eau sont positionnés à quelques encablures du commissariat. Prêts à «charger». La traque est totale.
Ce qui n'est pas du goût des vendeurs. « Regardez, nos boutiques sont fermées. On ne peut rien vendre», fulmine Edmond Bassong, en indiquant rageusement sa boutique fermée. Athanase Kontchou, son voisin, a presque perdu la voix. C'est après insistance qu'il explique: «je ne sais pas ce qu'on veut de nous. Le Délégué a dit qu'on doit fermer les boutiques chaque mercredi. Maintenant, nous sommes vendredi, et on nous a demandé de fermer les boutiques. Ça fait deux jours, sans compter que les dimanches, on ne vend pas».

Cette nouvelle journée de tension est venue clôturer une semaine déjà inaugurée par plusieurs accrochages, entre policiers, «gros-bras» de la communauté urbaine, et les vendeurs. Après avoir emporté les marchandises, ces policiers et gros-bras ont détruit les maisons construites en bordure de route, en partant du marché Mokolo jusqu'à Mbankolo. C'est ainsi que, les bars et circuits qui pullulaient au lieu dit Flamenco, ont été démolies.


04/06/2012
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