Yaoundé : Les pénuries gagnent du terrain

Cameroun - Yaoundé : Les pénuries gagnent du terrainEau et électricité. La situation ne s’améliore pas. Les habitants de Yaoundé crient leur ras-le-bol.
Dans les rues de Yaoundé, vous entendrez la même rengaine : quand ce n’est pas l’eau, c’est le courant qu’il n’y a pas. Le problème de la fourniture de l’énergie électrique et de la distribution de l’eau est au centre des préoccupations des Camerounais. Lundi dernier, des jeunes du quartier Anguissa ont manifesté leur mécontentement après cinq jours d’affilée dans le noir. « Toute la nourriture que j’avais conservée au congélateur s’est abîmée. Des provisions d’au moins 30.000 FCfa. Les enfants ont du mal à étudier le soir avec des bougies, c’est insupportable », dénonce une habitante de ce quartier. Au quartier Emombo, c’est la même galère. Ici, les agressions ont refait surface. « Il ne se passe plus une semaine où il n’y a pas de vol dans les domiciles.

La dernière fois, on a violé deux jeunes filles. C’est devenu dangereux de marcher seul à une certaine heure dans ce quartier. Dans le noir, on peut vous faire n’importe quoi. On passe souvent jusqu’à quatre jours ici sans électricité », se plaint Edmond, qui vit à Emombo depuis 10 ans. L’activité économique est également plombée. Au quartier Cradat, non loin de l’université de Yaoundé I, où les coupures d’électricité ont repris, la situation perturbe les activités des petits commerçants. C’est le cas des promoteurs des cybercafés, des secrétariats et autres. « Notre activité est en déclin. Le manque à gagner est énorme, à cause des multiples et longues coupures d’électricité. Nous n’arrivons pas à travailler  convenablement », fustige un propriétaire de cybercafé, par ailleurs étudiant. C’est avec les revenus de son commerce qu’il paie les droits universitaires. D’où son inquiétude, avec le retour des délestages.

Selon des commerçants installés au Cradat, leurs recettes journalières ont chuté de 50000 FCfa à 30.000 FCfa, voire 20.000 FCfa. « Chaque année, nous subissons les mêmes désagréments. Nous n’avons pas de moyens pour nous équiper en groupe électrogène ». Aes Sonel déclare pourtant avoir investi, ces dernières années, près de 400 milliards FCfa pour la réhabilitation et la construction des nouvelles infrastructures, en l’occurrence, la construction des centrales thermiques.Ce qui devrait faire passer la capacité de production du pays à 1000 Mw. Malgré ces investissements réalisés par la firme chargée de la production, du transport, de la distribution et de la commercialisation de l’énergie électrique, le problème est loin d’être résolu. A Yaoundé, il affecte près de 50.000 ménages, d’après des chiffres du Race de Paul Gérémie Bikidik.

L’eau est rare

«L’eau, c’est la vie ». Il y a encore quelques années, c’était le slogan de la Snec, du temps où elle était chargée de produire et distribuer l’eau. Mais, à Yaoundé, l’accès à l’eau est un problème pour des millions de personnes. A la Cité-Verte, par exemple, sur une période de sept jours, les habitants reçoivent de l’eau deux à trois fois. Se laver, faire la cuisine et d’autres tâches ménagères sont devenus de véritables supplices. Les réserves ne tiennent pas au-delà de trois jours de coupure. Chacun se débrouille ensuite comme il peut, pour le reste des jours. Bonjour les maladies ! Le problème des pénuries d’eau actuellement observées à Yaoundé s’explique par plusieurs facteurs.

D’abord, par la saturation de l’usine d’Akomnyada, construite sur le Nyong, près de Mbalmayo. Cette usine mise en service dans les années 1980 a été conçue pour couvrir les besoins en eau de Yaoundé jusqu’ à l’horizon 2005. Sa capacité de production, estimée à 100.000 m3/jour, ne couvre malheureusement plus aujourd’hui la demande réelle, qui est de l’ordre de 200.000m3/jour dans cette ville. Ensuite, il y a des facteurs exogènes tels que le rétrécissement du lit du fleuve Nyong, source de captage de l’eau brute de l’usine d’Akomnyada.

Pour remédier au déficit d’alimentation en eau potable dans la ville de Yaoundé, Camwater a pris l’option de reconstruire l’usine abandonnée sur la Mefou. Entre-temps, c’est le calvaire.

© Le Jour : Eitel Elessa Mbassi


18/11/2012
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