Yaoundé: Les "autochtones" écrivent a Paul Biya, contre Gilbert Tsimi Evouna, Délégué du Gouvernement aupres de la Communauté Urbaine de Yaoundé

YAOUNDÉ - 05 Mars 2012
© Thierry Patrick Ondoua (Corresp.) | La Nouvelle

Dans une correspondance transmise le 28 février 2012 à la présidence de la République, le porte-parole des Mvog Atangana Mballa, Jean Richard Onana Essomba, analyse les divergences entre les populations autochtones et le délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Yaoundé, Gilbert Tsimi Evouna. Lisez plutôt.

Communauté urbaine de Yaoundé: Une autre plainte contre Tsimi Evouna

Dans une correspondance transmise le 28 février 2012 à la présidence de la République, le porte-parole des Mvog Atangana Mballa, Jean Richard Onana Essomba, analyse les divergences entre les populations autochtones et le délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Yaoundé, Gilbert Tsimi Evouna. Lisez plutôt.


Excellence Monsieur le Président de la République,

Nous venons avec un profond respect et une déférence particulière auprès de votre très haute sollicitude soumettre à votre illustre attention cette analyse qui porte sur les raisons et les effets d’entrainement du désamour persistant entre le délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Yaoundé et les populations autochtones de notre ville.

Excellence, Monsieur le président de la République, nous sommes originaires du clan Mvog-Atangana Mballa, à Yaoundé 4ème, de par notre père, et nous sommes d'ailleurs le porte-parole de cette tribu, tout comme nous sommes man ngon Mvog-Tsoungui-Mballa de par notre mère, à Obobogo, Yaoundé 3ème.

Etant donc de par nos 2 parents, autochtone de cette ville, nous suivons avec une attention particulière tout ce qui s'y passe. C'est ainsi que nous avons douloureusement constaté que depuis la nomination de l'actuel délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Yaoundé, notre ville connaît des remous sans précédent dans son histoire. Ceci à cause des actions illégales et des déclarations provocatrices de celui-ci.

Tout commence par la destruction sans sommation de Nta'ba. Les populations jetées dans la rue, pleurent et crient au scandale! Le délégué du gouvernement ne semble en aucun cas, ému par ce flot de détresse et de douleurs. Pour toute réponse, il déclare qu'il se promène avec son cercueil. Quelqu'un qui agirait dans la légalité demanderait aux plaignants d'aller lui porter plainte. Le délégué du gouvernement, en déclarant qu'il se promène avec son cercueil, reconnaît explicitement qu'il fait des abus et qu'il s'attend à être tué!

Ces casses terminées, on s'attend à une belle mise en valeur des lieux, il n'en est rien! Aujourd'hui, cet endroit est couvert d'herbes sauvages, refuge des brigands de tout bord, et autres fumeurs de chanvre. Sans vouloir faire un inventaire à la Prévert de toutes ses casses injustifiées, nous nous contenterons ensuite de rappeler la destruction du Camp Sic de Tsinga, pour un prétendu projet de construction de nouveaux logements sociaux plus modernes. L'histoire de ce énième échec de celui qui se fait appeler Jack Bower fait plus pleurer que rigoler, lorsqu'on réalise comment l'argent des Camerounais est brûlé dans des magouilles aussi foireuses! Il faut d'ailleurs mentionner que la plupart des terrains sur lesquels Monsieur le délégué du gouvernement fait casser des maisons ne reviennent pas toujours à la Communauté urbaine de Yaoundé, ces terrains prennent presque toujours des chemins de traverse pour se retrouver entre les mains de personnes jusque-là inconnues dans les sites. Si lors des premières casses, parce qu'une bonne frange de la population de notre ville pensait que le délégué du gouvernement voulait moderniser Yaoundé le soutenait, aujourd'hui que ses véritables desseins sont connus, il est normal que les populations décident de défendre leurs intérêts.

Actuellement, le délégué voudrait casser les quartiers Mvog-Atangana Mballa, à Yaoundé 4ème et Mvog-Ada, à Yaoundé 5ème, après avoir commis les pires exactions dans le premier quartier cité, parce que ses populations ne disposant ni d'un ministre, ni d'une autorité de l'Etat.


Un bref rappel historique

Excellence, monsieur le président de la République, nous pensons qu'il est nécessaire de faire un rapide rappel de quelques faits historiques pour comprendre les enjeux dans cette ville.

Yaoundé tire son nom du vocable Yewondo, qui est la façon ancestrale de prononcer le mot Ewondo. Tout comme les Yetoni sont devenus Eton, les Yezoum, les Ezoum et Zoum en Guinée Equatoriale et les Yebekolo qui ont gardé leur appellation. Douala étant cette ville appartenant aux Douala, Yaoundé est la ville des Yewondo, aujourd'hui Ewondo. L'appellation traditionnelle de notre village est encore plus explicite, car le nom traditionnel de Yaoundé est Ongola Ewondo. Ce qui littéralement signifie la clôture des Ewondo. Une clôture symbolisant les limites d'une concession, il est évident que traditionnellement, Ongola Ewondo signifie le village des Ewondo.

Et qui sont ces Ewondo? Le clan Ewondo selon la tradition, est composé de quatre grandes familles qui sont, par ordre de naissance: les Mvog-Atangana Mballa, les Mvog-Tsoungui Mballa, les Mvog-Fouda et enfin les Mvog-Essomba Ndana.

Les Mvog-Atangana-Mballa et les Mvog-Tsoungui Mballa ont occupé depuis des lustres, tout le centre ville de Yaoundé, tandis que leurs petits frères s'installaient dans les périphéries. Il nous semble inutile de rappeler que tous les 4 membres du clan Ewondo se retrouvent à travers les 4 points cardinaux de la région du Centre. Pour avoir une idée de ce que nos ancêtres ont cédé pour l'édification de cette ville, nous rappellerons par exemple, Excellence, Monsieur le président de la République, sans vouloir dresser une liste exhaustive, et en citant sans distinguer l'appartenance individuelle, que l'ancienne présidence de la République, les Finances, la Santé, les Transports, l'Institut Pasteur, la cathédrale de Yaoundé, la Sni, la poste centrale, le palais de Justice, la Trésorerie centrale, la voirie municipale, le ministère des Forces armées, l'ancien cimetière municipal, l'université de Yaoundé I, l'Assemblée nationale, le Quartier général, l'ambassade de France, le sanctuaire marial, le cimetière de Mvolyé, le collège Vogt, les Brasseries du Cameroun, Coron, les 2 hôpitaux de Ngousso, etc. sont tous bâtis sur des terres ayant appartenu aussi bien aux Mvog-Atangana Mballa qu'aux Mvog Tsoungui Mballa. Et nous n'avons pas tout cité! La Briqueterie et tout le Centre ville sont bâtis sur nos terres. Toutes ces terres ont été enlevées à nos parents sans la moindre indemnisation! Etat de droit, disposant de lois. Si le délégué du gouvernement veut exploiter nos terres, il a une seule solution: appliquer les lois et règlements de la République en la matière, notamment le décret n°87-1872 du 16 décembre 1987 portant application de la loi n°85-9 du 4 juillet 1985 relative à l'exploitation pour cause d'utilité publique et aux modalités d'indemnisation.



Excellence, Monsieur le Président de la République,


Nous avons lu il y a quelques jours, dans le journal La Nouvelle, numéro 155 du 13 février 2012 le résumé d'un papier ou d'une conversation qu'un individu sans nom et sans visage leur aurait envoyé ou aurait eu avec ce journal. Cet individu, cherchant maladroitement à défendre le délégué du gouvernement, tentait à l'occasion, d'opposer les Etoudi aux Mvog-Atangana-Mballa et Mvog Tsoungui-Mballa pour une guerre qui n'aura jamais lieu. C'est tout ce qui lui reste à lui-même et à ses partisans, tenter de diviser les populations autochtones! A ce petit jeu, personne n'est dupe. Et les Etoudi restent bel et bien des Ewondo! Les linguistes classent les tribus selon les langues qu'elles parlent. Les Ewondo et les Etoudi parlant strictement la même langue, il serait difficile à un linguiste de les classer dans 2 groupes tribaux distincts l'un et l'autre. La dispute des postes pour le pouvoir ne saurait en aucun cas, effacer la tradition qui reste et demeure au-dessus de nos mégalomanies, de nos mythomanies, et autres ambitions effrénées du pouvoir. Nous sommes par ailleurs certain que les Etoudi ont eu des compensations en espèces sonnantes et trébuchantes, sans compter les cadeaux, pour les réalisations que l'Etat du Cameroun a eu à entreprendre sur leurs terres depuis les années 70. Les Mvog-Atangana Mballa et les Mvog-Tsoungui-Mballa ayant commencé à contribuer à l'édification de notre pays depuis la colonisation allemande n'ont eu aucune compensation ! Une seule tribu ne peut supporter à elle seule l'édification de tout un pays, les Ewondo ne sauraient donc se saborder pour que Yaoundé passe entre les mains de personnes qui n'ont rien à voir avec cette ville. Nous avons déjà trop donné, au tour des autres maintenant! La proche banlieue dispose encore de nombreux terrains vides.

Nous n'avons d'ailleurs pas donné que nos terres! Plusieurs de nos parents ont payé de leurs vies pour que le colonisateur ne continue pas à écraser selon sa volonté, les populations. Et ces noms sont connus, ils ne peuvent être inventés! Qui n'a jamais entendu parler d'Atangana Ntsama? Notre contradicteur connait-il Essono Ela? Omgba Bissogo? Sait-il seulement pourquoi il existe un quartier à Yaoundé qui s'appelle Etoa Meki? Littéralement, la mare de sang! L'appellation de ce quartier tient du fait que le patriarche Essono Ela y a été publiquement égorgé par les Allemands parce qu'il s'opposait à leurs méthodes. Comme quoi, à Yaoundé, seuls les Ewondo sont les guerriers! Il ne saurait d'ailleurs en être autrement, le colonisateur qui s'était installé sur nos terres n'avait que nos ancêtres en face. Nous ne saurions oublier que le premier prêtre blanc qui a débarqué à Yaoundé après son passage par Marienberg à Edéa, a dit sa première messe chez les mêmes Ewondo, et y a habité avant que nos parents aillent l'installer à Mvolyé. Nul ne doit falsifier l'histoire d'Ongola Ewondo!


Tant de sacrifices pour quel résultat?

Un étranger qui lirait cette analyse penserait que les Ewondo occupent une place enviable dans les structures étatiques de ce pays, au vu de tant de sacrifices dont l'énumération n'était pas exhaustive. Que non! Qu'avons-nous reçu en retour? Rien, même pas le droit d'être lampistes!

Parce que notre village abrite les institutions du pays, nos parents avaient jadis accueilli, adopté, élevé, nourri, protégé de nombreuses personnalités de ce pays alors à la quête du savoir. Aujourd'hui qu'elles occupent des postes de responsabilité, elles ont oublié tout ce que nos parents ont fait pour eux, et prétendent qu'il n'y a personne à Yaoundé. Y a-t-il une conspiration secrète contre les autochtones de Yaoundé? Nous ne pouvons même pas être des porteurs d'eau! Nous allons pourtant dans les mêmes écoles qu'eux, et sommes souvent classés parmi les plus brillants. Seulement nous n'aimons pas les compromissions, princes dans l'âme, nous sommes très fiers, c'est notre défaut! Le très regretté patriarche et premier délégué du gouvernement de la communauté urbaine de Yaoundé Fouda André, qui avait de l'expérience, avait de son temps, prescrit que seuls les vrais natifs de Yaoundé devaient être nommés délégués du gouvernement. Nous sommes d'ailleurs persuadés que le gouvernement l'avait compris: cf. l'affaire de l’élection entre Basile Emah et Ndongo Alega. Du temps de Fouda André, d'Emah Basile et même d'Amougou Noma, Yaoundé n'avait jamais couru les risques qui le menacent aujourd'hui à cause d'un individu dont le rêve est de s'enrichir!


Excellence, Monsieur le président de la République,

Les Mvog-Tsoungui-Mballa nous ont conviés, nous leurs frères Mvog-Atangana-Mballa à une rencontre le 18 février dernier pour réfléchir avec eux sur les actions communes à mener face aux abus d'autorité graves et récurrentes du délégué du gouvernement contre nos 2 tribus. Cette rencontre devait absolument avoir lieu, quelles que soient les considérations des uns et des autres. Nous les élites, sommes supposés nous battre pour nos populations et non pas seulement pour nos intérêts égoïstes ou nos positionnements. A notre grande surprise, le préfet du Mfoundi a interdit la tenue de ladite rencontre comme si nous étions des hors-la-loi dans notre propre village. Nous ne connaissons pourtant pas une seule tribu au Cameroun qui ne se réunisse pas chaque fois que nécessaire, afin de trouver des solutions pacifiques aux difficultés qu'elle peut rencontrer, le Cameroun étant par essence un pays de paix! Pourquoi cela devient-il mauvais et dangereux lorsqu'il s'agit des populations autochtones de Yaoundé?

Nos parents qui nous ont légué cette ville, ont de tout temps été fidèles serviteurs des différentes administrations qui ont géré ce pays, ils nous l'ont transmis en héritage. Comme vous l'avait dit le regretté Basile Emah en 1983, lors de votre première tournée des provinces, en tant que président de la République: «le Béti n'a qu'une seule parole...». Cette fidélité que nous, les natifs de Yaoundé avons vis-à-vis de l'autorité ne doit pourtant jamais être confondue à de la couardise pour que des gens puissent penser qu'ils peuvent tout, sans qu'ils ne rendent compte. Une telle attitude est lourde d'imprévus, tout comme elle fait peser de sérieuses menaces sur la tranquillité qui a toujours été l'orgueil et la fierté de notre ville, car, «tant que Yaoundé respire, le Cameroun vit» ! La suite, vous la connaissez vous-même, car ce bel hommage à notre village, est de votre Excellence! Nous jouissons de l'expérience de nos ancêtres, de celle des colons et enfin de celle de l'église, nous savons donc manipuler le bien et le mal. Cependant, nous les populations autochtones, préférons que Yaoundé, continue à respirer, pour que vive le Cameroun!

Dans l'espoir que cette analyse attirera votre très haute attention et vous aidera à mieux appréhender les enjeux de Yaoundé, afin que les pêcheurs en eaux troubles soient placés devant leurs forfaits, nous vous prions de croire, Excellence, Monsieur le Président de la République, aux sentiments de respect, de déférence et de collaboration de tous les Yewondo de Yaoundé.

Jean Richard Onana Essomba,
Porte parole Mvog-Atangana-Mballa, Yaoundé 4ème
Man Ngon Mvog-Tsoungui-Mballa



06/03/2012
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