Yaoundé: Le directeur général de l’Hôtel Merina en fuite

DOUALA - 07 FEV. 2013
© Jean François CHANNON | Le Messager

Le français Emmanuel Lecomte qui dirigeait cette entreprise hôtelière depuis quelques années a quitté le Cameroun en catimini. Laissant la comptabilité de cette entreprise aux abois.

Dans les différents services de l’Hôtel Merina à Yaoundé, le sujet est tabou. Aucun employé ne veut délier la langue sur la disparition d’Emmanuel Lecomte, ce cadre de nationalité française qui occupe depuis quelques années, le poste de directeur général. « Il faut voir cette affaire avec le promoteur. Lui seul sait ce qui s’est passé avec son directeur général Emmanuel Lecomte. Tout ce que nous savons est que ce monsieur a filé à l’anglaise, après avoir miné la maison avec un faisceau d’intrigues, et s’en être mis plein les poches », commente sous anonymat un cadre hôtelier en fonction au Merina Hôtel.

En tout cas selon nos enquêtes, le français Emmanuel Lecomte aurait quitté le Cameroun en fin décembre 2012. Après avoir discrètement fait ses valises, Lecomte se serait rendu un soir de fin décembre 2012 à l’Aéroport international de Yaoundé-Nsimalen où il aurait régulièrement fait une réservation pour un vol de la compagnie Air France.

La voiture de service garée au parking de l’hôtel, il a ainsi quitté le Cameroun pour sa France natale, sans mot dire ni à son employeur, ni à ses collaborateurs. C’est de Paris qu’il a alors appelé à l’hôtel pour signaler à certains de ses proches collaborateurs qu’il a quitté son poste, et qu’il ne sera plus de retour au Cameroun. Du coup, les employés de l’Hôtel Merina ont commencé à susurrer sur les conditions de départ pour le moins insolites d’Emmanuel Lecomte, homme qui a dirigé cette entreprise hôtelière de mains de maître, s’octroyant une confiance totale du promoteur et des avantages exorbitants au détriment du personnel camerounais qui tire le diable par la queue.


Un promoteur silencieux

En tout cas le promoteur de l’Hôtel Merina a pour nom Wenkouneyi Ngandeu Marc. Il s’agit d’un homme d’affaires camerounais. « Un homme qui n’écoutait que son directeur général français qui vient de le lâcher. Monsieur Ngandeu prenait pour argent comptant tout ce que lui disait ce collaborateur. Un peu comme s’il avait le complexe de nègre face à ce Français qui passait le temps à faire licencier les cadres camerounais pour avoir la confiance exclusive du patron. Au moment où on lui demande de faire les comptes sur sa gestion, le voilà qui s’en va sans dire au revoir. C’est tout dire ». Le Messager a pris deux semaines pour essayer de joindre le promoteur de l’Hôtel Merina. En vain.

Joint au téléphone, son secrétariat nous a d’abord fait dire que Monsieur Wenkouneyi Ngandeu était absent de Yaoundé et nous ferait signe pour nous expliquer les conditions de départ de son directeur général. Nous lui avons laissé nos cordonnées. Mais une semaine après comme convenu, lorsque nous revenons à la charge, la secrétaire nous passe un homme qui d’une voix belliqueuse nous répond sèchement : « Qu’est que Le Messager nous cherche ? Monsieur Lecomte est parti parce qu’il était en fin de contrat. C’est tout. Qu’est ce que vous voulez ? Arrêtez de vous intéresser à nous…», Avant de raccrocher nerveusement. Peu après, le même homme nous rappelle, tout en refusant de se laisser identifier, il indique qu’il n’est pas le promoteur de l’hôtel Merina, mais « je trouve assez curieux que Le Messager ne puisse s’intéresser qu’au départ du Dg de Merina alors qu’il y a les mêmes situations dans d’autres hôtel de la place ».


Intrigant

Pour mémoire, Emmanuel Lecomte arrive à l’Hôtel Merina en 2009, après avoir été recruté par voie d’Internet, suite au décès de l’ancien Dg Leroy et la démission de Michel Claude actuel directeur de l’Hôtel Djeuga Palace. Un ancien cadre de l’Hôtel Merina se souvient : « Dès sa prise de fonction, M. Lecomte va se montrer négativement entreprenant, car il commence à écarter par diverses manœuvres de délation les cadres camerounais en vue de gagner la confiance du patron. Après avoir eu les coudées franches, il entame la diminution et la suppression des primes et avantages des agents de maitrise et autres employés face à des délégués de personnel devenus impuissants. Pour le récompenser, le promoteur, capitaliste outrancier augmente son salaire et ses divers avantages. »

Et de poursuivre : « La situation devient alors intenable lorsque M. Lecomte a l’idée négative de proposer au promoteur des fausses déclarations de Tva. Les protestations du comptable de l’entreprise face à cette situation conduit au licenciement de ce dernier. » Il se dit alors dans les coulisses de l’Hôtel que la brouille viendra entre les deux hommes en août 2012, lorsqu’il faudra se partager le bonus jonglé sur la TVA du mois de juillet 2012. Emanuel Lecomte choqué, va alors prendre un congé de 15 jours alors qu’il rentrait déjà à peine d’un congé annuel. Son employeur en profite pour lancer un audit sur sa gestion. A son retour les relations deviennent tendues pendant les mois qui vont suivre. Une source proche de l’Hôtel indique qu’il serait tout simplement entré dans le serveur de l’ordinateur de gestion de l’entreprise pour faire disparaître tous les chiffres depuis la création de l’hôtel. Avant de prendre la poudre d’escampette, laissant ainsi son employeur pratiquement aux abois.

Jean François CHANNON


Focal: De Mercure à Merina

Démarré en l’an 2000, sous le label Mercure du groupe Accor, cet hôtel qui est aujourd’hui à la recherche de son directeur était l’un des grands atouts touristiques de la capitale camerounaise. Il se dit que le promoteur recevait 25 millions Fcfa environ par mois à titre de droit de propriété. L’hôtel était propre et les employés à l’aise. Mais au bout de la sa cinquième année d’existence, les équipements ont commencé à accuser l’usure ddu temps. Le groupe Accor connu pour sa rigueur aurait alors préconisé la rénovation et l’extension pour avoir une piscine, un restaurant spacieux et deux grandes salles de fête. Ceci devait permettre d’accroître la productivité et voir la passation du droit de propriété de 25 à 30 millions Fcfa. Curieusement le promoteur n’aurait pas marqué son accord et le groupe Accor a déposé son enseigne. Mais le promoteur a néanmoins pris sur lui de conduire seul la rénovation et l’extension. Mais depuis et sur le plan technique, l’hôtel semble abandonné à lui-même sans le retour d’une grande marque. Les employés, quant à eux, en sont réduits à boire la tasse.

J.F.C.D.


07/02/2013
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