Violations des droits: Le cas Michel Thierry Atangana devant le Conseil des Droits de l'Homme de l'ONU

Yaoundé, 26 mars 2013
© Nestor Djiatou | Correspondance

Ce sera à la faveur de la tenue de la 16è session du groupe de travail de la Commission des Droits de l'Homme de l'ONU, ouverte le 22 avril, et qui s'achèvera le 03 mai à Genève en Suisse.

C'est précisément le 1er mai que le dossier du Cameroun fera l'objet de l'attention des membres de la Commission, devenu Conseil des Droits de l'Homme de l'ONU depuis juin 2006. L'Examen périodique universel, nouveau mécanisme de protection et de promotion des droits de l'homme, créé en 2006 par l'Assemblée générale des Nations Unies, se tient dans un espace temporel de 04 ans. En principe, tous les Etats membres de l'ONU sont soumis à cet examen périodique. En 2009, à l'occasion de sa dernière session, le Conseil avait formulé un certain nombre de recommandations au Cameroun, relativement au respect des droits de l'homme, à l'instar de la rénovation du cadre normatif sur la communication sociale, la dépénalisation de l'homosexualité, la question des peuples autochtones, etc. Le document du Cameroun qui assure la vice-Présidence du Conseil, est prêt, affiné depuis le 06 juin 2012, à la faveur d'un atelier d'information organisé par le CEPROD-Centre pour la Promotion du Droit, avec la participation d'une quarantaine d'organisations de la société civile exerçant dans la défense des droits de l'homme et le Gouvernement. C'est ce document qui passera au crible des commissaires de l'ONU le 1er mai prochain, et la communauté internationale aura ainsi l'opportunité d'apprécier les avancées ou les régressions opérées par le Cameroun dans le domaine de protection et de promotion des droits de l'homme.

Mais en attendant, la société civile avertit déjà de l'inconfort du Cameroun face à cette épreuve, eu égard aux multiples dérapages qui y entourent le domaine des droits de l'homme. Face à la presse le 21 mars dernier, Me Michel Togue, le promoteur de CEPROD, a listé l'éventail de ces insuffisances dans la protection des droits de l'homme, qui continuent à grever l'image du Cameroun dans le concert des nations. Parmi celles-ci, la question de la justice équitable, non respectée au Cameroun selon le juriste, et dont le cas Michel Thierry Atangana, tristement célèbre, se trouve être l'exemple indiqué des cas de justice inéquitable dans l'environnement judiciaire du Cameroun. Pour le cas d'espèce selon Me Togue, les relents de cette violation sont des plus frappants: conditions inhumaines de détention dans une cellule non éclairée du sous-sol du Secrétariat d'Etat à la Défense depuis plus de 15 ans déjà, le SED n'étant retenu comme lieu de détention que depuis l'année dernière seulement; flagrante violation des droits de la défense, référence à la condamnation de Thierry Atangana à 15 ans de prison en 1997, après un procès fugace, sans avocat et sans que l'intéressé n'ait pu se défendre; nouvelle condamnation à 20 ans d'emprisonnement ferme le 04 octobre 2012 pour les mêmes faits, au terme d'une procédure marquée par une manipulation mafieuse de la collégialité, et dont la décision était prise non pas à l'unanimité des juges tel qu'il est d'usage, mais à une majorité suspectée des 2/3 des juges.


Dominique Sopo

Autant de choses qui ont amené Me Togue à espérer une libération pure et simple du célèbre prisonnier. «Je pense qu'il faut le libérer purement et simplement. Michel Thierry Atangana n'a rien fait (…) J'imagine qu'après les rencontres entre les Chefs d'Etat français et camerounais, sans être dans les secrets des dieux, les choses sont en train de se faire pour que Michel Thierry Atangana recouvre sa liberté. Il en a droit...», a martelé le juriste devant les journalistes au sortir de sa conférence de presse. Un nouveau son de cloche qui vient ainsi s'ajouter à une pléiade d'appels à la libération de Thierry Atangana. Après les membres de sa famille, les organisations de la société civile, les officiels français, les personnes éprises de justice, le dernier jusque-là était celui de Dominique Sopo, le Président du Comité de soutien de Michel Thierry Atangana en France, et non moins ancien téméraire Président de SOS Racisme. En visite de travail au Cameroun en début du mois de mars, il s'est montré préoccupé devant «le traitement inhumain» dont on inflige au célèbre prisonnier. «J'ai été altéré de voir la gravité de l'arbitraire dont a été victime Thierry Atangana depuis 16 ans (...) On a brisé un homme en lui volant 16 ans de sa vie...», a-t-il déploré face aux journalistes, avant de jurer qu'il n'abandonnera pas sa défense tant qu'il ne sera pas libéré et restauré dans son honneur.

C'est dire si le Cameroun joue gros son image devant le Conseil des Droits de l'Homme de l'ONU le 1er mai prochain. Les défenseurs de Thierry Atangana auront beau jeu de dénoncer ce qu'ils considèrent comme le laxisme de la Cour suprême. C'est en effet le 05 avril que la juridiction suprême est censée se prononcer sur le recours introduit par Michel Thierry Atangana à la suite de sa nouvelle condamnation le 04 octobre 2012. Mais selon des sources introduites qu'avait pu rencontrer Dominique Sopo, à l'approche de la durée légale de 06 mois dévolue à la haute juridiction pour se prononcer, le dossier n'était pas toujours arrivé à la Cour Suprême. Mais au-delà du cas Michel Thierry Atangana, le Conseil des Droits de l'Homme devra se prononcer sur les multiples saisines dont il a été l'objet de la part des autres prisonniers de luxe du Cameroun, à l'instar de Pierre Désiré Engo, Polycarpe Abah Abah ou encore Me Lydienne Eyoum.

Source: Sans Détour


31/03/2013
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