Village Babou : la chefferie attaquée par un essaim d’abeilles

Source : Camer.Be 29 01 20

 

En 30 minutes, le dimanche 26 janvier dernier, la tranquillité de la chefferie de 3ème degré du village Babou, dans l’arrondissement de Bangangté-département du Ndé-région de l’Ouest au Cameroun, a été perturbée par des abeilles.

C’est un « spectacle » inattendu. Ce 26 janvier 2020, le Palais royal du village Babou, logé dans l’arrondissement de Bangangté, est dans la tourmente. Pendant près de 30 minutes, des abeilles prennent en otage, l’entrée d’une case de la chefferie. Le bourdonnement des abeilles retentit au loin. La peur s’empare des gens qui se trouvent sur le théâtre des attaques. C’est la psychose. Certains se refugient dans des pièces. Les plus courageuses vivent la scène en criant au miracle. « Nous n’en savons rien oooooh ! Libérez-nous oooooh ! », implorent les prisonniers des abeilles en Medumba (langue des peuples du Ndé). A l’aide des téléphones, des curieux captent des photos et des vidéos. Des villageois courent de part et d’autre. Ils alertent. Les coups de fil se multiplient. Comme dans une représentation de théâtre, les abeilles forment une file et disparaissent dans la nature. Le calme revient au village. Des groupuscules se forment. La panique laisse place aux commentaires.
Une chefferie, 2 prétendants au trône

 

« Ce n’est qu’un avertissement des ancêtres. Nous n’avons jamais connu ça», renseigne un notable des 9. « Des gens mus par leurs pouvoirs, veulent mettre de force un usurpateur au trône. Nous les notables avons déjà notre chef», analyse le dignitaire. La bourgade au demeurant, est divisée. Deux camps s’affrontent : le camp de Merlin Kwinga Djeumen et celui de Bruno Tangzi. Les deux sont les enfants du défunt Majesté Kwinga Paul, décédé à 85 ans, respectivement, de la 4ème et de la 3ème femme. D’après les faits, Merlin Kwinga Djeumen sort du laakwa (rites initiatiques) le 1er avril 2019. Un jour après sa sortie, Mbouckam (frère ainé de Bruno Tangzi) « s’érige en notables ». Il arrête son cadet et l’introduit au laakwa (dans une espèce de hutte construite nuitamment). Il est délogé de là par les Forces de maintien de l’ordre. Pour une « présumée usurpation », il passe 3 jours en cellule. Après les 3 jours passés en cellule, ses adeptes l’appellent « Majesté ».

 

Selon le notable des 9, « le village risque de vivre plus grave, si des gens s’entêtent dans l’imposture ». Il rappelle qu’ « il y a des signes qui ne trompent pas. C’est de la même manière qu’une chèvre décède juste à l’entrée de la chefferie, alors que les proches de Bruno Tangzi l’amenaient pour l’égorger ». Plus loin, des femmes chantent : « sa femme a déjà fait 2 avortements. Les ancêtres ne sont pas morts ». Elles scandent Calvin Djapa et Mabatgoup Georgia, qui ont initié une cérémonie de présentation des jumeaux, nés des entrailles de Merlin Kwinga Djeumen. Une cérémonie qui rassemble le 26 janvier 2020, plus de 300 personnes. Portant les jumeaux en main comme la prunelle de leurs yeux, elles chantent: «  le garçon (Mbouckam, l’ainé) et la fille (Toukam, la cadette), nos étoiles. Votre grand-père décède le 4 septembre 2018. Vous naissez le 4 septembre 2019. Le roi est mort, vive le roi». Selon elles, la vérité triomphe. Mais, la décision de l’autorité administrative, entrée en scène, est attendue. On ne perd rien à attendre.



29/01/2020
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