Vie chère : Des ordonnances présidentielles restées lettre morte

Vie chère : Des ordonnances présidentielles restées lettre morte

Cameroun - Vie chère : Des ordonnances présidentielles restées lettre morteEt pourtant, Paul Biya indiquait au premier Ministre «d’exécuter ces instructions avec célérité et efficacité (et) qu’aucune défaillance ne sera tolérée».

C’est resté visiblement un vœu pieux. En réaction aux émeutes dites de la faim en février 2008, le président de la République avait annoncé une batterie de mesures pour lutter contre la vie chère. Le 7 mars 2008, c’est-à-dire une semaine après les tristes incidents qui avaient endeuillé plusieurs familles, un conseil ministériel avait accouché d’une communication spéciale. Le communiqué signé de Laurent Esso, secrétaire général de la présidence de la République, stipulait qu’au regard du «contexte social», il s’agissait d’apporter un ensemble de mesures fortes et concrètes à court et à moyen terme, visant à «apporter de premières réponses à l’impatience qui se manifeste».

Parmi ces mesures, on cite la revalorisation des salaires de la Fonction publique à compter du mois d’avril 2008 pour les fonctionnaires, les contractuels d’administration, les agents de l’Etat, les décisionnaires et les hommes en tenue ; la défiscalisation et l’importation des produits de première nécessité de grande consommation (riz, poisson, blé, farine, huiles de table) ; la suspension des doits de douane sur le blé; le relèvement du quota d’importation de l’huile de palme dans l’optique d’augmenter l’offre sur le marché local ; la diminution du droit de douane sur le clinker (produit intervenant dans la fabrication du ciment ndlr) importé par Cimencam afin de rendre disponible le ciment, le maintien des avances de soldes et de pensions, l’accélération des procédures relatives au règlement de la dette intérieure…

Par ailleurs, Paul Biya prescrit des mesures visant l’accroissement de l’approvisionnement du marché local en denrées alimentaires, afin d’en améliorer la disponibilité.

Enfin, le chef de l’Etat avait prescrit l’accélération des procédures en vue de l’intégration et la prise en charge des diplômés des grandes écoles de formation ; le renforcement des programmes de promotion d’emplois pour les jeunes non diplômés ou en difficulté ; le lancement de la 2ème phase du programme de recrutement des instituteurs vacataires ; le recrutement des personnels dans le secteurs d’encadrement administratif et de sécurité ; la finalisation de la procédure de recensement et la contractualisation des agents temporaires.

A l’issue du conseil ministériel, le président Paul Biya a signé deux ordonnances. L’une portant suspension des droits et taxes de douane à l’importation de certains produits de première nécessité ; l’autre sur la révision du taux du tarif extérieur commun applicable à l’importation. Il a également signé deux décrets portant : l’un sur la revalorisation de la rémunération mensuelle de base des personnels civils et militaires ; l’autre sur la revalorisation du taux d’indemnité de non logement servie aux personnels civiles et militaires.

Trois ans plus tard, le triste constat est implacable: Plusieurs denrées de première nécessité ne sont pas disponibles (maquereau notamment) tandis que celles qui sont disponibles connaissent une flambée des prix. Pire, le Cameroun qui est crédité d’un potentiel agricole énorme a importé de la nourriture pour 550 milliards de Fcfa en 2009, selon l’Institut national des statistiques (Ins). Et pourtant, le chef de l’Etat avait conclu ses prescriptions sur un ton martial: «Je demande en conséquence au Premier ministre, chef du gouvernement, de mettre scrupuleusement en application avec célérité et efficacité les instructions que je viens de donner et pour l’exécution desquelles aucune défaillance ne sera tolérée». Sans commentaire.

© Mutations : Eric Roland Kongou


19/01/2011
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