Vers un report des législatives et municipales?

Vers un report des législatives et municipales?

Cameroun : Vers un report des législatives et municipales?Le débat est ouvert après l’annonce d’Elecam de procéder à la refonte du fichier électoral.
Dans les jours qui viennent, le directeur général des élections, Mohaman Sani Tanimou, publiera les modalités pratiques de l’opération de refonte des listes électorales autorisée par le président de la République, Paul Biya. D’ici, on imagine déjà la ruée des électeurs qui s’ensuivra vers antennes d’Elections Cameroon (Elecam), car la refonte du fichier électoral remet les compteurs des inscriptions à zéro.

Au total, si l’on s’en tient à la Loi du 16 décembre 1991 fixant les conditions d’élection des députés à l’Assemblée nationale, modifiée et complétée par la loi du 19 mars 1997 et par celle du 29 décembre 2006, les potentiels électeurs disposeront d’environ 90 jours, si la décision de Dg d’Elecam venait à être rendue publique ce jour.

En effet, le mandat des députés (qui est de 5 ans) de la présente législature s’achève le 21 août 2012, car ceux-ci ont officiellement reçu leurs écharpes et macarons tricolores le 21 août 2007, au cours de la session de plein droit, suite aux élections législatives et municipales du 22 juillet 2007. Tout calcul fait, c’est autour du 19 mai 2012 que le président de la République convoquerait le corps électoral, car la loi susmentionnée lui donne au moins 90 jours avant la date fixée pour le scrutin.

En un mot comme en mille, c’est une véritable course contre la montre qui est déclenchée par Elecam en vue de constituer un fichier électoral irréprochable dans les perspectives des prochaines consultations électorales. C’est sans doute conscient de cela que le président du Conseil électoral de cet organe a lancé un appel hier, au terme d’une session extraordinaire, en direction des acteurs politiques et de la société civile afin que les populations soient informées, sensibilisées et éduquées pour le succès de l’opération de refonte des listes électorales.

Mais dans les rangs de l’opposition, d’aucuns, prétextant de ce que le consensus au sujet de la transparence électorale n’est pas acquis, en dépit de l’avancée sur la refonte, plaident déjà pour le report du scrutin. «De mon point de vue, les élections doivent être reportées. Le mandat des conseillers municipaux et des députés doit être prorogé.

Ceci va permettre d’avoir un processus électoral consensuel si tous les acteurs politiques se mettent d’accord », martèle par exemple Jean Michel Nintcheu, le coordonnateur du Social democratic front (Sdf) dans le Wouri. « La refonte du fichier électoral va permettre une réorganisation de tout le  processus électoral.  Elle n'exclut cependant pas la fraude. C’est donc une étape nécessaire, mais pas suffisante», renchérit Achille Kotto, le président du Comité citoyen pour la transparence et l'exercice des libertés (Cocitel).

Dans une tribune libre publiée le 2 février dernier, Hilaire Kamga, expert en questions électorales, se prononçait déjà pour «la prorogation du mandat des députés et des conseillers municipaux en poste pour une durée d’au moins 6 moins afin de mettre en place tout le dispositif de transparence nécessaire, susceptible de garantir la crédibilité de la prochaine élection ». Bien que citant le cas du Nigeria voisin où le Commission électorale locale a pu inscrire en moins d’un mois près de 74 millions d’électeurs, à la veille de l’élection présidentielle l’année dernière, Hilaire Kamga pense que ce ne sera pas la première fois qu’un scrutin est ainsi reporté au Cameroun.

« En 2002, lorsque M. Biya Paul, président de la République, a constaté le jour du scrutin que M. Koungou Edima Ferdinand l’avait induit en erreur et que les élections ne pouvaient pas se dérouler  avec le minimum d’efficacité, il a signé un décret le même jour pour annuler les opérations électorales engagées. De même, sous le prétexte de «Bakassi occupé », les mandats des députés et des conseillers municipaux ont été prorogés à deux reprises lors de la mandature de 1996/1997 », explique-t-il.

Mais le seul maitre constitutionnel du calendrier électoral reste bel et bien le chef de l’Etat, Paul Biya. Qui peut choisir de déjouer les chantres du report comme il l’a fait au mois d’octobre dernier à propos de l’élection présidentielle ou… d’entendre leur voix.

© Mutations : Georges Alain Boyomo


11/02/2012
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