Vatican – Ebullition au Saint siège

Vendredi, 15 Février 2013 06:07  

Les véritables raisons du renoncement de Benoît XVI

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au cours de sa dernière messe, célébrée mercredi 13 février 2013, en tant que pape, Joseph Ratzinger a dénoncé les divisions de l'Église qui ont provoqué son abdication. Explications.

Benoît XVI est apparu pour la première fois en public depuis l'annonce de sa renonciation, le mercredi 13 février 2013, avant de célébrer sa dernière messe à la basilique Saint-Pierre de Rome. Dans la matinée, il a tenu sa traditionnelle audience générale hebdomadaire, qui a fait salle comble au Vatican, réunissant 8 000 fidèles et touristes. En fait, la basilique Saint-Pierre s’est trouvée trop étroite pour accueillir tous les fidèles qui ont voulu assister à la messe d'entrée en carême, la dernière messe publique célébrée par Benoît XVI. Au cours de son homélie, sous les fastes de la basilique et dans l'impressionnant recueillement de tous les participants, le pape a déclaré : «La lecture de l'Ancien Testament invite tous les chrétiens à réfléchir sur l'importance du témoignage de la foi et de la vie chrétienne pour chacun d'entre nous et pour notre communauté. Ce visage de l'Église est parfois défiguré. Je pense en particulier aux fautes contre l'unité de l'Église, aux divisions dans le corps ecclésial.» Avant de demander aux fidèles de : «Continuez à prier pour moi, pour l'Eglise et pour le futur pape». Un discours fréquemment interrompu par les applaudissements.

Des paroles qui laissent profiler un nouvel éclairage sur les véritables motifs de sa renonciation. La révélation, mardi, de l'opération cardiaque subie par Benoît XVI à l'automne dernier avait laissé penser que c'était pour des raisons de santé qu'il abdiquait. Or, il ne s'agissait que d'une intervention de routine consistant à remplacer les piles de son pacemaker. Joseph Ratzinger, âgé, 85 ans, est fragilisé par des arythmies cardiaques et l'hypertension. S’il est vrai que ceci traduit un état de santé, pas au top, les spécialistes reconnaissent que ce n'est toutefois pas un grand malade au bord du naufrage. Même si Benoît XVI a également profité de cette audience pour expliquer de nouveau son geste historique, répétant notamment être conscient de la gravité de sa décision, mais aussi de sa force déclinante, tant sur le plan physique que spirituel, il reste que la dénonciation faite sur «l'hypocrisie religieuse, le comportement de ceux qui veulent paraître, les attitudes qui recherchent les applaudissements et l'approbation.» ainsi que «les coups portés à l'unité de l'Eglise » et «les divisions au sein du corps ecclésial» ; sont autant de récriminations qui justifient in fine sa décision.

Surtout que l'allusion aux «divisions du corps ecclésial» renvoie en revanche à l'anarchie qui prévaut dans la curie romaine et aux récents scandales qui ont ébranlé l'Église. A l’instar de l'affaire Vatileaks qui a beaucoup peiné Benoît XVI. Puisqu’elle a révélé sur la place publique les documents top secrets, contenant des informations sur les tensions qui émaillent le gouvernement de l'Église. On a appris ainsi que la curie est divisée en clans ennemis qui font référence respectivement aux cardinaux Bertone, Sodano et Bagnasco. Les factions s'affrontent au détriment du bien de l'institution. Scandales financiers, comme ceux qui se multiplient au sein de l'IOR, la banque du Vatican, et sexuels, comme l'accusation d'homosexualité portée contre Dino Boffo, le directeur de l'Osservatore Romano : tout est bon pour délégitimer l'adversaire. Et la parole du pape n'est plus écoutée. Ainsi Benoît XVI n'est-il même pas arrivé à imposer la transparence au sein de l'IOR, accusé de blanchir des capitaux illicites. Pis encore, parmi ceux qui ont contribué à favoriser la fuite, il y a eu des complicités de ses plus proches, recrutés au sein de la «famille pontificale» et même les personnes qui s'occupent de son intimité.

Dans un sermon au ton très grave, le pape allemand a estimé que «le visage de l'Eglise est parfois défiguré». C’est dire que l'abdication de Benoît XVI apparaît donc comme un geste extrême de rupture avec le système gangrené. On se souvient que quelques semaines seulement avant de devenir pape, Joseph Ratzinger avait dénoncé «la saleté dans l'Église». Dans un tel environnement, il ne fait aucun doute que la tâche ne sera pas du tout aisée pour son successeur qui aura la lourde tâche de faire le ménage En vain. Son successeur devra donner un grand coup de balai. A cet effet, le conclave des cardinaux qui éliront le prochain pape ne va pas débuter avant le 15 mars 2013 a confié le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi. Il dit se conformer en effet à la Constitution apostolique, qui prévoit un délai de quinze à vingt jours pour l'organisation du conclave après un décès ou une démission. «La décision sur la date est du ressort des cardinaux qui seront réunis en congrégation au Vatican dès le lendemain du départ du pape, le 28 février», a-t-il précisé.

Mathieu Nathanaël Njog




02/03/2013
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres