Une intervention militaire est "écartée pour le moment"

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Une intervention militaire est "écartée pour le moment"
(Le Nouvel Observateur 29/12/2010)


Le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères du Cap Vert estime que la visite des médiateurs a permis "d'établir un pont vers le dialogue entre les deux camps", ceux de Laurent Gbagbo et d'Alassane Ouattara.

Une "intervention militaire" des pays d'Afrique de l'Ouest en Côte d'Ivoire pour faire partir Laurent Gbagbo du pouvoir "semble heureusement écartée pour le moment", a déclaré mercredi 29 décembre le secrétaire d'Etat aux Affaires Etrangères du Cap Vert, Jorge Borges.

Evoquant la visite mardi à Abidjan de trois présidents ouest-africains, dont celui du Cap-Vert Pedro Pires, Jorge Borges a estimé que "cette première initiative de la médiation a permis d'établir un pont vers le dialogue entre les deux camps", ceux de Laurent Gbagbo et de son rival Alassane Ouattara.

"On ne parle plus d'intervention militaire de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) qui semble, heureusement, écartée pour le moment", a ajouté Jorge Borges, interrogé par téléphone depuis Praia alors qu'il se trouvait à Abuja avec Pedro Pires.


Réunion des chefs d'état-major

Les chefs d'état-major des pays ouest-africains étaient réunis mercredi à Abuja pour évoquer la crise en Côte d'Ivoire. Les dirigeants de la région avaient demandé le départ de Laurent Gbagbo, par la force si nécessaire.

"La réunion des chefs d'état-major des pays membres de la Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest, 15 pays) a démarré mardi à Abuja et devrait se terminer aujourd'hui", a déclaré l'un des directeurs de la Cédéao, Abdel-Fatau Musah.

Il n'a fourni aucun détail sur cette réunion dont la tenue a aussi été confirmée par un porte-parole de l'armée nigériane, le colonel Mohammed Yerimah.



Rencontre avec Goodluck Jonathan

Deux des trois chefs d'Etat ouest-africains envoyés par la Cédéao à Abidjan pour demander à Laurent Gbagbo de céder le pouvoir se sont entretenus mercredi à Abuja avec leur homologue nigérian, à la tête de l'organisation régionale.

Les présidents sierra-léonais Ernest Koroma et capverdien Pedro Pires, qui étaient en Côte d'Ivoire mardi, ont rencontré le chef de l'Etat nigérian Goodluck Jonathan dans un grand hôtel de la capitale fédérale du Nigeria où ils étaient arrivés tôt mercredi.

Le troisième émissaire de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), le dirigeant béninois Boni Yayi, n'était pas présent à la réunion.
Mandatés par la Cédéao, les trois envoyés ont rencontré mardi les deux présidents ivoiriens proclamés, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, ainsi que Choi Young-jin, chef de la mission de l'Onu en Côte d'Ivoire (Onuci).

Ils sont venus à Abuja pour rendre compte de cette mission à Goodluck Jonathan dont le pays exerce actuellement la présidence tournante de l'organisation régionale.

A l'issue de cette rencontre, Goodluck Jonathan a voulu se montrer confiant. "Nous discutons toujours" avec Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, les deux présidents proclamés de Côte d'Ivoire, a-t-il assuré.



Reprise de la médiation "la semaine prochaine"

Les trois chefs d'Etat ouest-africains venus mardi à Abidjan exiger de Laurent Gbagbo qu'il quitte le pouvoir y retourneront lundi 3 janvier, a annoncé mercredi le président nigérian Goodluck Jonathan, actuellement à la tête de la Cédéao.


"La mission des chefs d'État devra retourner en Côte d'Ivoire dans le courant de la semaine prochaine pour poursuivre les contacts et essayer de conclure la médiation", indiquait plus tôt un communiqué de la présidence cap-verdienne transmis à l'AFP.

Le communiqué note que les deux parties ivoiriennes "ont demandé quelque temps pour réfléchir dans le but de trouver une solution viable pour la conclusion du processus électoral, seule sortie capable de promouvoir la paix et la stabilité durables dans ce pays de l'Afrique de l'Ouest".



Un renversement militaire est envisagé

A l'issue de la rencontre, mardi, de deux heures et demie au palais présidentiel d'Abidjan avec Laurent Gbagbo, le président béninois Boni Yayi a déclaré : "Tout s'est bien passé". Boni Yayi était arrivé dans la matinée comme ses pairs sierra-léonais et capverdien, Ernest Koroma et Pedro Pires.

Tous trois étaient mandatés par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) pour porter le message de cette organisation, qui envisage d'aller jusqu'à renverser militairement Gbagbo s'il ne cède pas sa place à Ouattara, reconnu président sur le plan international. Les émissaires ont revu en fin de journée Laurent Gbagbo, qui les a quittés en leur lançant : "je vous remercie, on vous attend de nouveau".





"Négocier les conditions de départ de l'ancien président Gbagbo"

Pour le camp Ouattara, l'affaire est entendue. Le porte-parole de son gouvernement, Patrick Achi, a affirmé que "le statut de président" de Ouattara n'étant "pas négociable", "il s'agit maintenant de négocier les conditions de départ de l'ancien président Laurent Gbagbo", et rien d'autre.

Entre leurs deux rendez-vous avec Gbagbo, les trois émissaires ont échangé avec Ouattara dans le grand hôtel qui lui sert de quartier général, soumis à un blocus des forces loyales à son rival et gardé par des chars et des éléments de la mission de l'Onu dans le pays, l'Onuci.

Preuve que la tension reste forte, un convoi de l'Onuci a été attaqué à Abidjan par une "foule nombreuse", blessant un Casque bleu avec une machette et incendiant un véhicule, a indiqué la mission. Laurent Gbagbo a exigé le départ de l'Onuci, qu'il accuse de soutenir militairement Ouattara.

Le camp Gbagbo a toutefois fait un geste d'apaisement, en annonçant le report sine die d'un grand rassemblement de "jeunes patriotes", ses fervents partisans, initialement prévu mercredi dans la capitale économique. "Il y a report pour donner une chance à la diplomatie en marche", a déclaré leur leader Charles Blé Goudé, ajoutant qu'il ne voulait pas donner à ses adversaires "l'occasion de réussir leur guerre civile".



"Le régime illégal et illégitime" de Gbagbo

Pendant plus d'une semaine, Blé Goudé avait pourtant mobilisé ses troupes dans Abidjan en vue de cette manifestation pour "la dignité et la souveraineté" de la Côte d'Ivoire. Gbagbo, qui prend "au sérieux" les menaces de la Cédéao, se présente comme le seul président ivoirien et dénonce un "complot" de l'ex-puissance coloniale française et des Etats-Unis.

Mardi soir, son gouvernement a menacé de renvoyer des ambassadeurs de pays qui, à la demande de Ouattara, "entendent mettre fin à la mission" de ses propres représentants, visant principalement et sans la nommer la France, où un ambassadeur nommé par Ouattara est en cours d'agrément.

Le camp Gbagbo a averti d'un risque de "guerre civile" en cas d'opération armée de la Cédéao, soulignant la présence de millions de ressortissants ouest-africains en Côte d'Ivoire. La période post-électorale a été particulièrement violente, faisant au moins 173 morts du 16 au 21 décembre, essentiellement des partisans de Ouattara, selon l'ONU, 53 morts depuis fin novembre, selon le camp Gbagbo, dont 14 membres des Forces de défense et de sécurité (FDS, loyales au sortant).

Un appel à la grève du camp Ouattara a été mieux suivi mardi qu'à son premier jour lundi, et s'est traduit notamment à Abidjan par une forte réduction des transports collectifs.
Son gouvernement, qui reste dépourvu de l'essentiel des leviers du pouvoir comme l'administration, a haussé le ton envers les fonctionnaires qui continuent de collaborer avec "le régime illégal et illégitime" de Gbagbo, les menaçant de sanctions.



(Nouvelobs.com avec AFP)



Réagissez (27)
Sur le même sujetL'UE ne reconnaîtra que les ambassadeurs de Ouattara
Réagissez arensnouphis_2
Etonnant quand même

Vu sur Mediapart :

«Roland Dumas a été invité par Paul Yaoundré, le président du Conseil constitutionnel ivoirien (pro-Gbagbo). C'est un autre proche de Gbagbo, Marcel [...]

29.12 à 17h06 - Alerter - Réagissez
La verite
Ras le bol !

Krous, Mandés, Gours, Akans, Animistes, Musulmans, Chrétiens, etc... de Côte d'Ivoire, apprenez à régler vos problèmes sans perpétuellement chercher un bouc émissaire !

29.12 à 16h36 - Alerter - Réagissez
rasver
Incroyable !!

Je suis chaque fois en meurtri quand je lis les réactions des personnes qui ont encore le courage de dire que GBAGBO a gagné ces élections là. C'est tout de même [...]

29.12 à 16h24 - Alerter - Réagissez
olyver1
Tout pour sauver le soldat OUATARA...........

je crois rever les chef d'etat major de la cdeao se reunissent et je supose que gbagbo et les siens tremblent deja..........j'en rigole moi et je dis ceci le moment est venu [...]

29.12 à 16h21 - Alerter - Réagissez
Réagissez Toutes les réactions (27) Voir les conditions de modération


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29/12/2010
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