UNE COMMISSION DE SAGES AFRICAINS POUR REGLER L’IMPASSE ELECTORALE FRANCAISE ENTRE GBAGBO COPE ET OUATTARA FILLON.

Cope Fillon:Camer.beLes Africains ne comprennent pas la situation lamentable qui se passe au sein du parti de droite en France, récemment vaincu aux Présidentielles. Une situation burlesque dans laquelle François Fillon et Jean-François Copé se revendiquent tous deux vainqueurs pour la présidence de l’UMP dans une élection entachée de fraudes et d’irrégularités, mais où les deux amis de l’ex-président Sarkozy campent sur leur position. C’est une situation pitoyable qui rappelle celle que la Côte d’Ivoire connue en 2011, alors que Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara se disputaient le fauteuil présidentiel.

Fillon explique les raisons de sa contestation : « Malgré beaucoup d'irrégularités, j'avais accepté la proclamation des résultats dans un souci d'apaisement, mais je ne peux pas accepter que trois fédérations, plus de 1 400 électeurs, aient été oubliés ». Mais Fillon est aussi accusé d’avoir profité de certaines irrégularités. A Nice, les fraudes ont porté sur 128 votes (décalages entre le nombre d'émargements (signatures) et le nombre de bulletins exprimés). Ce que ses partisans justifient ainsi : qu’il y ait plus de votants que d’inscrits n’est qu’une apparence. Les feuilles d'émargement seraient arrivées trop tard, ne permettant pas à ces 128 électeurs de signer lors de leur vote.

Copé, lui aussi accusé de fraudes électorales, estime quant à lui que puisque les résultats ont déjà été proclamés « dans le strict respect des statuts » du parti et approuvés par son adversaire, il demeure le président élu. Les Africains s’interrogent : si les Sarkozystes peuvent frauder en France, qu’en serait-il des soutiens accordés à leurs amis africains, tel le Gabonais Ali Bongo ou l’ivoirien Ouattara ?

La Cocoe, une commission électorale partisane comme la CEI ivoirienne ou Elécam au Cameroun.

Comment est composée la fameuse COCOE ou Commission d’Organisation et de Contrôle des Opérations Electorales qui supervise le vote et qui n’est pas sans rappeler la CEI (Commission électorale indépendante) en Côte d’ivoire ou Elécam au Cameroun :

Au sein de l’UMP, la Cocoe est composée de neuf personnes. Quatre sont des proches de Copé : Isabelle Vasseur, Camille Bedin, Agnès le Brun, Hamida Rezeg (adjointe de Copé à la mairie de Meaux). Un seul est un soutien de Fillon : Sébastien Leprêtre. Seul le président, Patrice Gélard, serait indépendant. Les trois autres auraient des postures indéterminées que l’on suppose neutres : Alain Pouchelon, ancien président de la conférence des bâtonniers ; Boris Ravignon, proche de Nicolas Sarkozy ; et Pierre André, proche de Xavier Bertrand. C’est donc ces quatre derniers cités, supposés neutres, et non les neuf, qui ont été maintenus pour délibérer sous le regard de deux observateurs de chacun des côtés (Fillon/Coppé); ce qui demandait deux fois plus de boulot, d’où la longue attente des résultats qui ne seront pas connus à 20h dimanche comme initialement prévu mais le lendemain.

Que se passe-t-il en cas de contestation des résultats de la Cocoe ? Sur BFMTV, Jean-François Copé, expliquait : « Nos statuts sont clairs : si on veut contester ces résultats, est prévue une autre instance, la commission nationale des recours. Si M. Fillon veut le faire, seront réexaminés la totalité des bureaux de vote. (...) Si M. Fillon veut faire un deuxième recours, c'est son droit le plus strict. »

Ce à quoi Fillon a rétorqué : « Je n'ai pas confiance. Il n'y a jamais eu à la direction de l'UMP une instance impartiale. (…) Si on ne met pas en place une équipe collective, je ferai un recours devant la justice. » Ainsi, nous apprenons que les Sarkozystes donneurs de leçon reconnaissent qu’« il n'y a jamais eu à la direction de l'UMP une instance impartiale » Et Fillon d’insister que même s’il

« renonce à la présidence de l'UMP, [il] irai jusqu'au bout » : « je n’hésiterais pas à saisir la justice ». Les lignes sont donc bien figées, exactement comme dans l’impasse entre Gbagbo et Ouattara.

Ses partisans estiment en effet que la commission nationale des recours qui est l’organe souverain au sein de l’UMP est, comme la Cocoe, à la botte de Copé, exactement comme la CEI ivoirienne était à la botte de Ouattara. Sur neuf membres également composant cette seconde instance des recours à l’UMP, quatre seraient pour Fillon (Fabienne Labrette-Ménager, Paul Midy, Josiane Phillippon et Stéphane Rossignol) et cinq, dont le Président Yannick Paternotte, pour Copé (Sébastien Lecornu, Monique Para, Monique Robineau et Isabelle Vasseur).

Où se trouve la vérité ? Dans un tel contexte, il faut trouver un avis neutre dans le parti afin de savoir ce qu’il en est réellement. Justement, monsieur Apparu, un proche d’Alain Juppé, fondateur du parti, s’exprimant sur un réexamen de la situation, estime que « ce n'est pas la Cocoe qui peut le faire, elle est quelque peu discréditée. Il faut une direction neutre pour tout remettre à plat et proclamer le vrai vainqueur. Cela peut être avec Alain Juppé ou les anciens premiers ministres ». Comment Sarkozy et les membres de son parti pouvaient-ils donner des leçons démocratiques en Afrique quand ils ne respectaient pas eux-mêmes le grand principe démocratique de l’impartialité ? Pour rappel, les membres de la Cocoe n’ont pas changé depuis fin 2010 où ils sont en poste pour 3 ans.

Soulignons que cette cacophonie dépasse le cadre de ce seul parti. Car depuis des décennies, les fraudes électorales sont signalées en France. Mongo Béti en parlait déjà. On a en mémoire celle de 2008, où Ségolène Royal et Martine Aubry s’étaient accusés de fraudes au sein du parti socialiste.

Et si l’Afrique dépêchait une commission de sages pour rétablir l’ordre démocratique bafoué.

Se rappelant que Sarkozy et ses lieutenants de l’UMP n’étaient pas passés par quatre chemins pour prendre parti pour le nouveau président Ouattara, des africains, surtout camerounais et ivoiriens, se sont amusés mercredi soir à proposer une commission, sous la houlette de la nouvelle président élue de la commission de l’Union africaine, la sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma, formée de trois médiateurs parmi leurs meilleurs élus du continent : Maky Sall du Sénégal, Boyi Yayi du Bénin (qui est le président en exercice de l’UA) et de John Dramani Mahama du Ghana.

Faisant des parallèles avec la crise postélectorale ivoirienne, la plupart, avec humour dans les réseaux sociaux (Facebook, Flickr, Tweetter, Mxit, etc) et des cafés de Bruxelles, semblaient s’accorder sur les positions que devraient tenir cette commission : soutenir l’arrivée d’un nouveau président, Fillon.

Comme pour la France en Côte d’Ivoire qui a connu une crise post-électorale de décembre 2010 à avril 2011, la commission des sages africains formé par les représentants des trois pays cités, sorte de vitrine démocratique du continent africain et qui fait partie de la communauté internationale, prendrait fait et cause pour un nouveau président, à savoir François Fillon, sans autre forme de procès. Cette commission s’inspirerait de ce qui s’est passée en Côte d’Ivoire pour refuser tout recomptage des voix, soutient les farceurs. Dans la même logique ivoirienne où Gbagbo était le président sortant forcément trouvé fraudeur la commission soupçonnerait que les 1304 voix supposées oubliées de trois fédérations d’outre-mer (Wallis-et-Futuna, Mayotte et en Nouvelle-Calédonie dans le Pacifique et l'Océan indien) l’auront sciemment été par le président sortant Copé et ses proches. Ils auraient profité du fait que « Les militants de l'étranger et des DOM-TOM votaient par correspondance, sauf ceux de la Nouvelle-Calédonie, Mayotte et de Wallis-et-Futuna, qui eux ont

fait un vote physique », pour que la commission sur laquelle il a main basse ne comptabilise pas leur vote, ainsi que l’expliquait mercredi soir un proche de Fillon.

Les internautes farceurs avaient à cœur de reproduire un scénario comparable avec celui qui s’est passé à Abidjan. C’est pourquoi cette commission des sages africains disqualifierait Copé, comme il en avait été pour Gbagbo. Surtout que c’est lui-même, et non la Cocoe, qui a annoncé sa victoire, aussitôt contesté par Fillon, les deux ayant défilé jusqu’après 3h du matin pour demender que la commission prononce un résultat en leur faveur. Le président de la Cocoe n’a pas apprécié Copé annonce sa victoire à la place de la Cocoe, une attitude antidémocratique. Cela rappelle, avec une petite entorse, la CNI, qui promulgua les résultats à la place de la Cour suprême ivoirienne.

Dans un autre café, quelques jusqu’auboutistes camerounais, dans une ambiance bon enfant autour d’un whisky et des bouteilles de vins et de bierres, ont même commencé à rédiger le communiqué de presse que devrait lire cette commission avant de s’envoler pour Paris dans la nuit de mercredi à jeudi pour séparer Copé et Fillon. On pouvait y lire : « l’Afrique subsaharienne toute entière dénonce avec la plus grande fermeté les manipulations antidémocratiques des votes des citoyens français et les fraudes électorales récurrentes et massives au sein des partis politiques français et notamment au sein du parti de l’ex-président Nikoulas Saakouzy [en langue africaine dans le texte]et se tient prête, si les négociations des trois sages Africains n’aboutissent pas, à envoyer une mission militaire africaine subsaharienne de 5000 para-commandos afin d’aider le peuple de France à rétablir au plus vite l’ordre démocratique bafouée à l’UMP ».

© Pour Camer.be : Betran KOMNANG - Bruxelles, Belgique


22/11/2012
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