Un officier de police assassiné à Yaoundé: Règlement de compte?

Douala, 05 avril 2012
© Jean François CHANNON | Le Messager

L’officier de deuxième grade Hollong Goya Luc, fils de l’un des hauts responsables de la sécurité du chef de l’Etat a été assassiné mardi 3 avril 2012 à son domicile du quartier Dragages à Yaoundé par quatre inconnus. La direction de la police judiciaire mène l’enquête

Mardi 3 avril 2012, l’émotion était perceptible sur tous les visages des éléments du Groupement mobile d’intervention de la police (Gmi) N°I de Yaoundé, où l’officier de deuxième grade Hollong Goya Luc était en fonction depuis quelques années. Le fonctionnaire de police, qui travaillait dans cette unité a été froidement assassiné par des inconnus dans la nuit du 2 au 3 avril 2012 à son domicile au quartier Dragages à Mballa II. «C’est très dur ce qui est arrivé à notre collègue. L’officier Hollong était un garçon affable, gentil et surtout convivial. Il était aussi un policier compétent, discipliné et surtout prompt au sacrifice. La police camerounaise perd là un de ses cadres compétents», affirme la voix teintée d’émotion, un commissaire de police en fonction au Gmi N°I de Yaoundé.

Une fois la nouvelle de l’assassinat rendue publique au matin du 3 avril 2012, une forte émotion a traversé tout le quartier dit Ecole de police, où sont installés notamment l’Ecole nationale supérieure de police et le Gmi N°I. Chacun se montrant prolixe dans les commentaires sur la base de sa prétendue proximité relationnelle avec le disparu, qui du reste semblait être connu dans cette agglomération populaire.


Quatre hommes cagoulés

Selon des sources policières, le crime a eu lieu très tôt ce 3 avril 2012. Il était alors environ 2h du matin lorsque quatre hommes cagoulés ont escaladé la clôture du domicile de l’officier de police Hollong Goya Luc, sis au quartier Dragages à Mballa II. Ces malfaiteurs qui semblaient bien connaître ce domicile auraient alors contourné le bâtiment et ouvert la porte arrière avant de se retrouver dans la chambre du fonctionnaire de police, qui dormait profondément aux côtés de son épouse.

Après l’avoir réveillé, les quatre criminels auraient ainsi, selon certains témoignages recueillis par la police, déclaré qu’ils sont venus le tuer. Son épouse prise de panique fait alors la proposition à ces curieux visiteurs nocturnes, de prendre le peu d’argent dont le couple dispose à la maison, tout comme les téléphones portables et autres biens matériels et de laisser la vie sauve à son mari. Les quatre meurtriers, visiblement en mission déclinent cette offre et s’en prennent tout de suite à l’officier de police qu’il ligote avec des draps. Ils le conduisent par la suite vers le couloir de la maison qui donne au salon.

Et c’est là que l’un des criminels, avec une arme artisanale, lui tire une balle au dos. L’officier de police est atteint au niveau de la hanche. Ses agresseurs s’emparent de tous les téléphones portables du couple Hollong, puis de deux pistolets automatiques (Pa), et se perdent dans l’obscurité ; laissant madame Hollong avec son mari qui baignait dans une mare de sang. Celle-ci, après s’être ressaisie du cauchemar qu’elle vivait, appelle à l’aide. Dans ce quartier résidentiel, où chacun est enfermé dans les hautes clôtures de sa villa, les voisins qui ont pu entendre les échos de cet appel à l’aide de l’épouse Hollong Goya, se réveillent et accourent pour constater cette horrible agression. Le fils Hollong, gravement atteint est encore en vie. Mais il perd beaucoup de sang. Il faut donc le conduire très vite à l’hôpital.

Problème : son épouse ne sait pas conduire. C’est un voisin qui est finalement sollicité pour conduire l’infortuné vers l’hôpital Central. Ils sont accueillis aux urgences. Le père Hollong Etienne, officier supérieur de gendarmerie, en service à la sécurité présidentielle qui a été alerté les y rejoint aussitôt. Nos sources disent qu’il aurait juste eu un petit instant de conversation avec son fils, le temps de lui arracher quelques mots. Mais le blessé perd très vite ses forces en saignant abondamment. Et les lenteurs du corps médical des urgences qui tardait à faire une transfusion sanguine à l’officier de police lui seront malheureusement fatales. Le fils Hollong rend l’âme aux urgences laissant toute sa famille éplorée et interrogatrice.


Questions autour d’un crime

Au petit matin, alors que la nouvelle de l’assassinat du fils de l’un des éléments du dispositif sécuritaire rapproché du président de la République commençait à faire le tour du sérail, le Délégué général à la sûreté nationale, Martin Mbarga Nguelé, et le secrétaire général de la Dgsn, Victor Ndoki se sont rendus sur le lieu du crime. C’est ainsi que le patron de la police et ses principaux collaborateurs ont pu effectuer les premiers constats et procéder aux premières auditions.

Selon des sources proches de la police, les quatre inconnus qui ont assassiné Hollong Goya Luc étaient visiblement là pour un règlement des comptes. La facilité avec laquelle ils sont entrés au domicile de ce dernier est assez étonnante. Mais alors, s’il s’agirait effectivement d’un règlement de comptes, seule la direction de la police judiciaire à qui l’enquête a été confiée saura dire assez vite, on le souhaite, les mobiles de ce crime.

Ce qu’il faut savoir est que le géniteur du disparu n’est pas n’importe qui au sein des forces de sécurité et de défense. Il s’agit du commandant Hollong Etienne, officier de la garde rapprochée du président de la République et de son épouse Chantal Biya. Ce gendarme que l’on dit être l’un des meilleurs tireurs d’élites de nos forces de défense, a été pendant longtemps membre de la Direction de la sécurité présidentielle de feu le président Ahmadou Ahidjo. Il a par la suite intégré la sécurité de président Paul Biya alors qu’il était Maréchal de logis chef.



05/04/2012
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