Tribunal Criminel Spécial - affaire SGBC: Polycarpe Abah Abah et Lydienne Yen Eyoum suspendus au verdict du tribunal le 11 septembre prochain

YAOUNDE - 19 AOUT 2014
© Yves Junior Ngangue | Cameroon-Info.Net

Au terme d’une longue audience consacrée essentiellement aux plaidoiries des avocats de l’ex grand argentier, l’affaire opposant l’Etat du Cameroun (Minfi) aux susnommés, a été mise en délibérée

La salle principale du Tribunal Criminel spécial (TCS) avait fait son plein d’œuf, ce mardi 19 Août 2014, lors de l’affaire mettant en cause l’Etat du Cameroun (Minfi) aux accusés Yen Eyoum Lydienne, Abah Abah Polycarpe, Baleng Maah Célestin et Gwen Olivier au motif de détournement de deniers publics et complicité de détournement de deniers publics en coaction.

C’est très précisément à 11 heures 40 minutes, que la collégialité a fait son entrée dans le prétoire, sous la conduite du président Yap Abdou. Aussitôt, la parole a été donnée, par le maître des cérémonies, aux avocats de l’accusé Abah Abah Polycarpe pour leurs plaidoiries. Dés lors, c’est par Me Jean-Marie Nouga, responsable du pool des avocats de la défense que le ton a été donné:
«Monsieur le président de tribunal, je me sens investi d’une responsabilité au moment où je prends la parole devant vous, parce que à l’évidence, ce procès clôturé rentrera dans l’histoire, et il sera dit que vous avez jugé un membre du gouvernement et vous l’avez acquitté». Et à l’avocat de poursuivre: «Nous défendons Polycarpe Abah Abah qui a été renvoyé devant votre tribunal pour répondre avec Me Lydienne Yen Eyoum des faits de détournement de deniers publics et complicité de détournement de deniers publics à hauteur de la somme de 01 milliard 77 millions de Fcfa Cfa. Au moment de développer nos plaidoiries, nous allons réitérer une confiance absolue à l’institution que vous gérez et à votre personne, en tant que magistrat hors hiérarchie qui n’a eu d’autre profession que de participer au rendu de la justice. C’est avec une confiance réitérée que nous voulons vous révéler l’identité de la personnalité que vous jugez aujourd’hui. Nous voulons commencer en disant que c’est au lycée du Manengouba en 1974, alors qu’il n’a que 19 ans, que Polycarpe Abah Abah a obtenu son baccalauréat avec mention «Bien». Plus tard, il a été à l’université où il a obtenu les diplômes de premier et second cycle en droit et sciences économiques, avant d’intégrer l’école nationale d’administration et de magistrature (ENAM)…après des formations accessoires (en finances publiques) sanctionnées par d’autres parchemins, dont un Master obtenu aux Etats-Unis. Il est diplômé de l’institut international d’administration publique (IIAP) de Paris. Dés sa sortie de l’Enam, il a été nommé à la cellule pétrolière de la direction générale des impôts (DGI) où il travaille avec la SNH, puisque à l’époque, les questions liées au pétrole relèvent du secret défense. Lorsqu’il quitte la DGI (direction de la législation fiscale) en 1988, il a déjà occupé en moins de 08 ans, tous les postes de cette administration. De 1988 à 1991, il a été nommé attaché à la présidence de la république, avec la création des services du premier ministre, il est fait chargé des missions à la primature de 1991 à 1998. De 1998 à 2004, il est directeur général des impôts, la mission à lui assignée étant de mettre en œuvre de façon satisfaisante toutes les reformes fiscales…


Un pouvoir spécial légal

En Avril 2006, c’est alors qu’il est grand argentier de l’Etat que le Cameroun va franchir le point d’achèvement de l’initiative PPTE avec un allégement substantiel de la dette de notre pays, c’est d’ailleurs le socle de la politique des grandes réalisations. Pendant qu’il quitte le ministère de l’économie et des finances en septembre 2005, les objectifs à lui assignés par le président de la république sont largement atteints… Polycarpe Abah Abah est titulaire de plusieurs décorations nationales et internationales dont un titre de meilleur ministre Africain, décerné par la Banque mondiale et le fonds monétaire international, lors de leur assemblée générale à Singapour en 2006. », et à Jean-Marie Nouga de préciser: «Mon intuition paysanne me demande à quel moment, un homme comme celui-là peut se transformer en criminel».

Dans la suite de sa plaidoirie assez dense, le responsable du pool des avocats de Polycarpe Abah Abah est largement revenu, sur ce qu’il a choisi d’appeler les « dénaturations de l’accusation ». Le ministère public, a-t-il lancé, a choisi de dénaturer les faits, en présentant ce qui n’a jamais été, comme ce qui a été. Tour à tour, Me Nouga a insisté sur le bien-fondé du pouvoir spécial qui est l’acte juridique qui a permis à Lydienne Yen Eyoum de recouvrer les fonds. Il n’a été mentionné nulle part, a-t-il sous-tendu, que Polycarpe Abah Abah avait demandé à Me Yen Eyoum de récupérer l’argent, et de le mettre dans son compte privé. Au cours de leur première et unique rencontre le 18 décembre 2004, devant les ascenseurs du MINFI, Polycarpe Abah Abah avait clairement demandé à son interlocutrice de reverser intégralement les fonds recouvrés, au trésor public.

A la suite de Me Jean-Marie Nouga, c’est à un autre avocat de l’ex MINEFI, Me Marion Nko’o, qu’il est revenu de plaider. Dés l’entame de l’exercice, l’avocate a dit vouloir axer son propos sur la légalité du pouvoir spécial. En s’appuyant sur l’article 58, paragraphe 4 de l’ordonnance 62-0F/ 4- du 07 février 1962, elle a donné les tenants et les aboutissants du pouvoir spécial, la finalité étant le recouvrement des fonds de l’Etat. Lui emboîtant le pas, Me Zintem qui s’est dit outrée par l’injustice dont son client est victime, s’est appesanti sur la nature juridique du protocole d’accord. Au cours de son argumentaire, elle a tour à tour cité Voltaire : « Pour condamner, il faut comprendre » et Patrick Poivre d’Arvor : « Nul n’est propriétaire de son fauteuil ». Enfin, c’est à Me Mong du pool des avocats d’Abah Abah, qu’il est revenu de clore le bal des plaidoiries.

Peu après, la parole a été donnée à Me Yen Eyoum qui est revenue sur les circonstances de son arrestation, ensuite à l’huissier Baleng Maah Célestin qui a réaffirmé avoir effectué l’opération de saisie sur une base légale. Il était très exactement 16 heures 16 minutes, lorsque l’audience a été levée pour le prononcé du verdict le 11 septembre 2014.

Yves Junior Ngangue


20/08/2014
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