Transparence : Inscriptions contre refonte

Transparence : Inscriptions contre refonte

L'opposition voulait la seconde forme du dénombrement des électeurs. Le pouvoir a opté stratégiquement pour la première.

Selon des chiffres rendus publics la semaine dernière, Elections Cameroon (Elecam), a enregistré entre novembre 2010 et mars 2011, 900 mille inscriptions sur les listes électorales dans la perspective de la présidentielle du mois d'octobre 2011. Pour la direction générale des élections, ce chiffre vient consolider les quatre millions d'électeurs du fichier transmis par le ministère de l'Administration territoriale et de la décentralisation (Minatd), à Elecam. Cet organisme en charge du processus électoral, projette d'enregistrer neuf millions d'électeurs au Cameroun au bout de la période des inscriptions.

Une prétention fortement contestée par nombre de partis de l'opposition dont le Social Democratic Front (Sdf), dont le double congrès consacré à la désignation du candidat à la prochaine présidentielle a été une fois de plus repoussé au 8, 9 et 10 avril 2011. Selon des résolutions du National Executive Commettee (Nec) du Social Democratic Front (Sdf), le parti est fortement opposé aux inscriptions en cours de Camerounais sur les listes électorales. Il lui préfère la refonte des listes qui a l'avantage de voir de fond en comble la population élective au Cameroun.
A ce titre, le principal parti de l'opposition camerounaise va introduire à la Chambre administrative de la Cour suprême une nouvelle requête pour demander à cette institution «d'obliger Elections Cameroon (Elecam) à procéder à la refonte des listes électorales et non à s'enfermer dans une révision cafouilleuse des listes électorales». Cette requête, la troisième en rapport avec la présidentielle de cette année 2011, n'a pu prospérer comme les deux précédentes lors que le parti de Fru Ndi lui promettait un meilleur sort. La première visait à amener le président de la République à signer le décret constatant la mise en place effective d'Elections Cameroon, conformément à la loi portant création, organisation et fonctionnement de cet organe.

Contredit
C'est ce que le président Biya a finalement fait depuis le 1er octobre 2010. La seconde demandait à Elecam d'annuler toutes les actions qu'il a entreprises antérieurement à la signature de ce décret, notamment ses démembrements à travers le pays et les inscriptions sur les listes électorales dont le lancement a été effectif depuis le mois d'août. Cette procédure est cependant restée sans suite. De son côté, le président de l'Union nationale pour l démocratie et le progrès (Undp), Magari Bello Bouba, allié au Rdpc au pouvoir, a pendant longtemps préconisé la refonte des listes électorales.
Son équipier au gouvernement n'en a pas voulu. Pour le secrétaire général du Rassemblement démocratique du peuple camerounais, il s'agit d'éviter des pertes de temps et surtout, de consolider l'acquis qu'est le fichier électoral de 2007 constitué de quatre millions d'électeurs qu'on pourra seulement élagué le moment venu pour constater les cas de décès d'un coin à l'autre du pays. De son côté Adamou Ndam njoya de l'Union démocratique camerounaise (Udc), est monté au créneau à Douala pour appeler de tous ses vœux, la refonte des listes électorales en vain.

Cet argument du Rdpc est contredit par les faits tant la projection de neuf millions d'électeurs ne peut prospérer au regard du rythme actuel des inscriptions nonobstant la campagne du parti au pouvoir annonçant son soutien logistique à Elecam. Bien plus, la confection massive des cartes nationales d'identité à la faveur d'un texte présidentiel ramenant le coût à 2800Fcfa, n'a rien pu jusqu'ici. Et pour cause, «les populations peu rassurées, veulent être sûres de leur véritable rôle dans le jeu politique», note le secrétaire générale du Sdf, Elisabeth Tamandjong. Comme la question de la refonte des listes électorales, le Social Democratic Front pose le problème de la clarification du calendrier politique du pays à l'origine de la confusion actuelle.
En effet, «si l'agenda national était lisible à tout le monde, l'on aurait procéder à la refonte des listes depuis 2010.

Ceci aurait donné le temps à tout le monde de repartir d'un nouveau pied», a récemment commenté Mboua Massock au cours d'une conférence de presse. Des positions et d'autres pour lesquelles Paul Biya vient de convier les membres du comité central et du bureau politique du Rdpc à des consultations au siège de ce parti à Yaoundé. Ces cadres du parti au pouvoir ont ainsi rencontré René le secrétaire général, Emmanuel Sadi.
Dans le même temps, plus d'une fois, une délégation du Sdf conduite par son président Ni John Fru Ndi a été reçue par les responsables d'Elecam. Non loin de là, l'Upc, le Manidem et le Pds ont signé à Douala une plate forme d'action commune pour initier «une dynamique de regroupement des forces progressistes en vue de rompre avec le système néocolonial et instaurer un Etat souverain et démocratique». Sans pour autant lever l'opacité qui brouille le système électoral au Cameroun.

Léger Ntiga



29/03/2011
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