Traitement gratuit du choléra: Le mensonge de Mama Fouda

Marie-Noëlle Guichi
Le Messager



Les malades déboursent d’énormes sommes d’argent pour leur prise en charge aussi bien dans les hôpitaux publics que privés.

La dame dont nous taisons l’identité par peur de représailles pour elle, est vraiment courroucée. Depuis le 21 mars dernier, un parent à elle, malade de choléra est interné au dispensaire de Mvog-Ada, non loin de Don Bosco à Yaoundé. Chaque jour, dit-elle, des ordonnances sont remises aux gardes malades. “ En dehors de la doxycicline 100 ml et du ringer solution réhydratante qui sont administrées gratuitement aux malades, nous achetons tout ici, jusqu’aux seringues. D’ailleurs, à notre arrivée ici lundi, on nous a parlés de rupture de stock pour ces deux produits que nous avons dus acheter. C’est dès le lendemain mardi que nous avons commencé à les recevoir gratuitement ”, confie-t-elle. Dans ses dépenses quotidiennes pour son malade, elle cite l’achat sur ordonnance du thiobactin, de la métronidazole injectable, de la vogalène contre les vomissements, des gants de soin, des seringues, et même du catelon pour les perfusions.

“ Nous entendons pourtant à la radio des spots qui disent que la prise en charge du choléra est gratuite dans tous les hôpitaux et autres centres de santé publics. D’où vient-il qu’on nous demande d’acheter jusqu’à l’eau de javel. Là-bas, ils m’ont déjà demandé à trois reprises de leur apporter l’eau de javel de 5l. Ça fait 15 l remis au personnel soignant. Avant que mon malade ne quitte son lit d’hospitalisation, je ne sais quelle quantité d’eau de javel j’aurais acheté pour eux ”, sérine-t-elle. A ce jour, elle parle des dépenses avoisinant déjà 50 000 Fcfa, alors que son malade n’est pas au bout de ses peines, même si, arrivée dans un état d’inconscience à cause d’une forte déshydratation, il est aujourd’hui hors de danger, grâce à un personnel soignant dévoué. Lequel personnel, exprime sous cape sa déception par rapport aux déclarations du minsanté “ qui parle du gratuit dans les médias, sans donner suite à sa parole en approvisionnant effectivement les hôpitaux. Ce n’est pas de notre poche qu’on va sortir de l’argent pour acheter le nécessaire pour la prise en charge du malade ”, se désole un infirmier qui a requis l’anonymat.

La vigilance est de mise

La situation est  pourtant préoccupante depuis quelques jours dans la région du Centre et en particulier la ville de Yaoundé, comme le reconnaît personnellement le ministre de la Santé publique, André Mama Fouda au cours de ses nombreuses sorties médiatiques ces derniers temps. Si les cas enregistrés au cours de l’année 2010 dans cette région étaient essentiellement importés d’autres régions, à présent, ce sont “ des cas autochtones qui sont reportés et les étudiants et petits commerçants semblent être les plus touchés ”, indique une source diplomatique, très inquiète.  C’est que, selon les chiffres officiels, depuis le début de l’année 2011 à ce jour, la région du Centre a enregistré près de 200 cas avec 25 décès. Pourtant il y’a une dizaine de jours, on en était encore à 12 décès. C’est dire si le nombre de victime augmente chaque jour. La ville de Yaoundé est la plus touchée et les districts de santé les plus concernés sont Biyem-Assi, Cité Verte, Nkolndongo et Djoungolo. “ Toutefois, de par les mouvements rapides des populations dans la ville, la vigilance est de mise de la part de toutes les populations, et plus précisément des personnels du Système des Nations-Unies, qui doivent reconnaître rapidement le choléra et mettre en pratique de mesures simples de contre le choléra mentionnée ci-dessous ”, conseille Dr Charlotte Faty Ndiaye, représentante de l’Oms au Cameroun. Elle rappelle que les épidémies de choléra se poursuivent dans les régions du Littoral, du Sud-Ouest, de l’Ouest, du Centre et du Sud à divers degrés, la région du Littoral étant la plus touchée à ce jour.


28/03/2011
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