Trafic de bébés au Cameroun: Nous sommes de près ou de loin complices

BRUXELLES - 12 AVRIL 2012
© Patty Bebe | Correspondance

Nos convictions et notre détermination doivent nous donner le courage de participer activement à ce combat et de soutenir de près ou de loin ceux qui sont sur les pistes de la vérité.

En embrassant le cas de Vanessa, Vincent-Sosthène Fouda était loin d’imaginer qu'il ouvrait par là une boîte de pandore. Eh bah, c'est fait et il n'y a plus un moyen de reculer. Le trafic de bébés selon ma petite recherche est connu et protégé non seulement par les hautes autorités mais aussi par nos propres voisins, cousins et familles. Les cas de plus en plus nombreux et vieux qui nous sont révélés démontrent que ce trafic d’humains au Cameroun est assez âgé et a pris le temps de solidement s’installer.

Toute fois, le gouvernement dictatorial ayant réussi à imposer la loi «du motus et bouche cousue» et ayant aussi brillamment asphyxié les camerounais dans la peur par notre propre complicité a réussi à masquer ce crime jusqu’à la sortie courageuse et héroïque de Mlle Vanessa Tchatchou à qui je dis merci. Merci, parce qu’elle a donné le courage à certains Hommes camerounais en l’occurrence Pr Shanda Tonne, le Dr Vincent-Sosthène Fouda, à d’autres victimes telles que dame Nkolo et à tous ceux qui travaillent à les accompagner dans la lutte qui à leur tour ont réveillé par leurs actions l’opinion camerounaise de par la médiatisation de cette obscénité.

Aujourd’hui les langues se délient, elles sont nombreuses et c’est encore grâce à Vanessa et à ces hommes.

Nous serons surpris de constater que ce trafic existe depuis au moins 25 ans. Qu’il s’est toujours passé sous nos nez et parfois avec notre complicité.
Puisque nous avons finalement décidé d’y mettre fin ensemble, nous devons nous préparer à supporter les conséquences car il est évident que certains d’entre nous ont de près ou de loin cautionné ce trafic. Certains d’entre nous ont des enfants d’origine douteuse ou malveillante chez eux. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous remarquons depuis un certain temps des attaques personnellement dirigées et des tentatives de discrédit vis-à-vis de certains combattants.

Il est quand-même nécessaire de rappeler qu’en engageant le combat auprès de Vanessa, nous ne savions pas que certains d’entre nous se retrouveront dans le collimateur parce qu’ayant été acteurs de près ou de loin dans ce crapuleux trafic.

Cependant, gardons en tête que priver une mère du fruit de ses entrailles est presque impardonnable même si nous l’avons fait inconsciemment. Même si nous l’avons fait pour aider notre sœur/cousine ou épouse car il y a des voies légales pour l’adoption bien que cela prenne assez de temps au Cameroun du fait du manque de volonté de l’Etat à faciliter cette procédure.

Ceux qui étaient censés faciliter cette procédure (les gouvernants) ne l’ont pas fait parce qu’ils y gagnaient à maintenir le cafouillage. Le bien-être du peuple n’a jamais été des préoccupations mêmes mineures de ceux qui nous gouvernent - nous le savons à nos dépends. De plus, les bébés camerounais sont d’une bonne valeur sur le marché et peuvent coûter jusqu’à une vingtaine de millions de CFA selon nos recherches.

Nous serons donc des victimes collatérales et devons nous préparer à accepter les sanctions. Car accepter des sanctions s’est faire amande honorable et reconnaître sa part de responsabilités et d’une certaine manière demander pardon à ces mères que nous avons abusées. N’est-ce pas cela une preuve de maturité et de compassion?

Prendre l’enfant de son parent même avec son accord, remplacer dans l’acte de naissance le nom de ce parent biologique fut-il ta sœur, ton frère de sang par le sien même si la raison derrière reste la volonté d’aider son parent en offrant des meilleurs conditions de vie à cet enfant c’est un trafic et c’est illégal. Hors, de nombreuses familles camerounaises procèdent ainsi avec leurs proches de la diaspora.

Certains ONG et les orphelinats censés protégés ces enfants se sont transformés en véritables marchands d’enfants camerounais. Ils sont d’ailleurs à la tête du trafic de nourrissons grâce à ces réseaux qui se sont développés et restent protégés par les membres du gouvernement.

Tous «en haut» et autour de nous le savent et ne disent mots de peur que leur enveloppe de gabegies soit aussi déballée au public – c’est du «tu me protèges et je te protège ».


Le cambriolage de Me Meli

La dernière info relayant le cambriolage du véhicule du conseil de Vanessa suscite en moi quelques interrogations.

Un juriste de sa trempe peut-il faire montre d’une négligence aussi flagrante?
Qui mieux que lui pouvait mesurer la sensibilité de ce dossier pour accentuer vigilance?

La voiture est-elle devenue un coffre-fort pour y transporter des documents aussi sensibles que ceux du cas Vanessa dans les rues et carrefours à hauts risque du Cameroun?

Je suis certaine que Me Meli connaissait déjà la teneur desdits documents et saura continuer de représenter Vanessa malgré ce cambriolage et j’espère que l’annonce de ce cambriolage n’est pas une mise en scène - un moyen pour lui de préparer les camerounais au désistement qu’il risque de nous annoncer dans l’avenir?…juste en lisant entre les lignes…

Nous comptons sur vous Me Meli et comptons sur votre témérité et votre détermination à faire sortir la vérité des ténèbres sur cette affaire. Vanessa attend toujours sa fillette séquestrée depuis 8 mois chez Ateh! Ne l’abandonnez pas en si bon chemin!


Mobilisons-nous contre ce crime

Peuple, voulons-nous continuer de se faire diriger par ce monde de roublards qui nous retirent désormais le droit de vivre en famille et de pouvoir élever nos enfants dans la quiétude bien que dans la pauvreté?

Qui a le droit de décider de ta vie et de la manière dont tu la mènes si ce n’est toi-même? Qui a le droit de décider qui élèvera ton enfant même si tu l’as mis au monde étant mineur(e)?

De mauvaises langues reviennent toujours sur le fait que Vanessa est mineure et c’est pour cela que son enfant a été mise en famille d’accueil. Etait-ce avec son consentement? Non, sa fillette a été volée à l’hôpital gynéco de Ngousso alors qu’elle était censée aller dans une couveuse pour être née «avant terme»?
Mais depuis quand met-on un bébé prématuré habillé dans une couveuse?

Oui, la fillette de Vanessa était habillée par les soins de l’infirmière chef. N’est-ce pas trop clair pour un plan bien mis en place et bien exécuté?
Est-ce le gouvernement qui décide de qui s’occupera de nos enfants parce qu’on est mineur? Dans ce cas la moitié d’enfants camerounais serait placée en famille d’accueil parce que la majorité de camerounaises donnent naissance à leur premier enfant en âge mineur. Un peu de tenue - On peut tromper les camerounais tout le temps mais jamais tous à la fois.

Nous devons donc plus que jamais combattre ces pratiques et ce crime même dans des fronts différents car c’est cela aussi la diversité qui caractérise le Cameroun et l’essentiel reste de lutter vigoureusement contre ce crime et bien d’autres qui minent notre pays. Pour ce faire, nous avons besoin de la volonté populaire et de solidarité.

Nous avons besoin de toi, de moi, de nous tous - appartenant au même parti politique ou pas; venant du même village ou pas; ayant les mêmes idéologies sociales ou pas car c’est de l’humanisme et du patriotisme dont il est question ici.

Nous ne serons jamais tous d’accord sur tout à la fois car à chacun sa conception des choses et chaque être est unique. C’est pour cette raison que nous nous identifions par rapport aux idées de l’autre et nous nous mettons généralement avec celui qui a des idées assez proches des nôtres.

Rappelons-nous tout de même que le fait de ne pas être d’accord avec les idées ou l’approche de l’autre ne voudrait pas dire qu’il ne dit pas la vérité ou que nous sommes des ennemis. Nous pouvons lutter pour les mêmes causes sans être du même avis.

Désormais, soyons vigilants et aidons nos familles à éviter d’être les prochaines victimes de ce trafic. Parlons-en avec elles et prenons des mesures de protection lorsque nous avons une personne enceinte dans nos familles.
La lutte qui a commencé ne mettra pas immédiatement fin à ce trafic car l’habitude à une peau dure et les trafiquants démasqués à présent ont des réseaux très solides grâce à la protection dont ils bénéficient au plus haut niveau et la corruption qui plie même les plus intègres.

L’essentiel n’est pas de traquer ceux qui sont déjà connus, ils seront de toutes évidences jugés mais, il est primordial d’éviter que de nouveaux cas se reproduisent.

Alors sensibilisons-nous pour que nos sœurs et femmes ne cherchent plus leurs bébés; pour que nos hôpitaux redeviennent humains et pour que dans des cas inhumains comme le trafic de bébé, le malheur des uns ne fasse plus le bonheur des autres car il s’agit des vies humaines tout de même!


Pour un Cameroun sans trafic d’humains!

Patty Bebe


12/04/2012
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres