Tournée du MRC: Le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun pose ses valises dans la ville de Brugge :: BELGIUM



MRC Brugge:Camer.beLe 1er juin dernier, la caravane du MRC (Mouvement pour la Renaissance du Cameroun) Belux a posé ses amarres dans la radieuse ville de Brugge. C’était à l’occasion d’une rencontre-débat avec les camerounais de cette ville sur l’incontournable question de la «double nationalité au Cameroun».

Si le travail de proximité et le contact régulier avec les populations pour s’enquérir de leurs préoccupations sont l’essence même de l’action politique, la réalité au Cameroun reste sans conteste celle d’une élite politique déconnectée, distante et opportuniste qui revient périodiquement vers le peuple pour solliciter son suffrage. Les camerounais de Brugge n’ont d’ailleurs pas tardé à le faire remarquer à la délégation du MRC, tout en saluant l’initiative de cette rencontre. Le plus ancien du groupe précisera ensuite qu’en plus de 13 ans en Belgique, jamais un représentant de parti politique n’était venu à leur rencontre.

Après une brève présentation du MRC par le secrétaire de la section Belux, la courte séance de questions-réponses qui devait mener au débat sur la double nationalité fut interminable. En cause, l’enthousiasme débordant de l’assistance, qui n’arrêtait pas de demander des éclairages sur le phénomène MRC auquel beaucoup veulent croire, mais que les précédentes expériences politiques invitent à la prudence. La densité des échanges fut sans doute aussi la preuve du besoin grandissant d’un renouvellement de l’offre politique au Cameroun. Parmi les questions souvent posées, on retient celles-ci :

* Qu’est-ce que le parti met en œuvre pour éviter l’essoufflement au bout de quelques années?

* Quelle est la stratégie du parti pour couvrir toute l’étendue du territoire?

* Quelles garantis a-t-on que le MRC ne trahira pas la confiance de ses militants s’il arrivait aux affaires?

Au-delà des nombreuses questions, la sérénité des échanges a poussé certains à nous faire partager l’expérience de leur parcours, une façon pour eux d’attirer l’attention sur une situation devenue banale, mais ô combien révélatrice de l’indifférence et des manquements d’un Etat à l’égard de sa jeunesse. Des récits poignants de camerounais qui ont choisi de tout laisser derrière eux et de «prendre la route» au péril de leur vie pour espérer un meilleur avenir en Europe. Ils affirment avoir côtoyé la mort pendant de longs mois à travers les forêts, les déserts puis la mer. Ils se réjouissent néanmoins d’être parmi les «chanceux» qui s’en sont sortis vivants. Car nous rappellent-ils, des morts (camerounais) il y en a eu durant tout le trajet, victime de violence, d’épuisement, de maladies et surtout de noyade. Le drame de l’immigration est aussi un drame camerounais. Combien de camerounais sont-ils à avoir perdu la vie sur le chemin de l’espoir? Combien sont-ils encore sur ce chemin? Des milliers probablement, bien plus qu’on ne peut l’imaginer précisent nos interlocuteurs. Ces témoignages profonds ont ainsi inspiré le thème de notre réflexion à l’issue de cette rencontre.

Qu’est ce qui peut pousser les forces vives, la jeunesse d’une nation à prendre des risques aussi importants dans une aventure?

Pourquoi vouloir partir à tout prix d’un pays dit en «paix», qui plus est émergent à l’horizon 2035? Ces aventuriers ne seraient-ils pas tout simplement impatients?

Seraient-ce des anti-patriotes qui n’aiment pas le Cameroun et feraient tout pour le quitter?

Pour cette dernière question, la seule présence de ces personnes à une rencontre avec un parti politique camerounais et leur participation active au débat confirme leur attachement à la nation et scelle l’hypothèse d’un départ du pays sous la contrainte.

De quelles contraintes s’agiraient-ils alors?

Entre le clientélisme, les considérations tribales et un satisfécit aveuglant sur le postulat de la paix au Cameroun qui cache mal l’urgence économique, sociale et sanitaire, la jeunesse n’a plus trop le choix. Cette immense force de travail jeune qui permit sous d’autres cieux d’assurer une autonomie alimentaire et une transition industrielle vit désormais avec la tête ailleurs, n’ importe où ailleurs, mais pas au Cameroun. Faute de réponses claires au manque d’opportunités pour les jeunes, la «débrouillardise» a été institutionnalisée. Du plus haut sommet de l’Etat, les moto-taxis sont citées en modèles et un encadrement de la filière a été annoncé. L’activité qui devait être une exception, un filet de sauvetage pour les accidents de parcours est en phase d’être promue activité principale des jeunes camerounais, diplômés ou pas.

C’est moins les difficultés économiques générales que l’énorme fracture sociale qui révolte la jeunesse camerounaise. Entre les très riches et les très pauvres, une impasse.

Le clientélisme exclu beaucoup de jeunes du jeu social. S’il faut monnayer pour tout, notamment l’accès à la formation, au travail et aux soins, le champ des possibles pour les moins nantis s’en trouve fortement réduit. On est en droit de se demander si les compétences, le talent et la persévérance priment toujours. De même, la tribalisation croissante de la société, instrumentalisée par certains contribue à empoisonner le climat social et favorise les exclusions. L’un des participants à la rencontre de Brugge nous rappelait à ce sujet qu’en plus de deux mois de route sur le chemin vers l’Europe, il a côtoyé une centaine de camerounais et presqu’autant de tribus sans qu’a un moment l’appartenance ethnique ne soit évoquée. Preuve s’il faut le redire que l’exclusion et la souffrance n’ont pas de tribu et que seuls des individus malveillants veulent ériger le tribalisme en principe d’organisation de la société camerounaise.

A l’issue de cette rencontre où l’insatiable envie des camerounais pour un changement dans la paix s’est déclinée sous la forme du refus de la fatalité, du rejet de la rancœur et de la projection vers l’avenir, l’idéologie du MRC qui vise à «replacer l’individu au cœur de l’action politique» prend tout son sens et sonne comme une invitation collective à un nouvel humanisme.

A la question de savoir si le Cameroun est un pays suffisamment démuni pour ne pas pouvoir prendre en main et rassurer sa jeunesse, aucun analyste sérieux ne peut répondre par l’affirmative. Le problème est donc ailleurs. Le MRC y travaille.

Mrc Brugge:Camer.be
© Correspondance : Samson Tsobny,Chargé de Communication,MRC Belux


31/07/2014
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