Touche pas à notre frère!

Ces jours derniers, des populations ont manifesté contre les conséquences, sur leur vécu quotidien, de l'opération Epervier.

A Bamenda et à Bandjoun.

A Bamenda où le chef de l'Etat se rend dans quelques jours, des pancartes et des tracts ont fleuri, lui demandant de ne pas y mettre pied sans Zaccheus Forjindam, l'enfant du pays "coffré" dans la prison de New-Bell à cause des graves indélicatesses qu'il a commises lorsqu'il était DG du Chantier Naval et Industriel du Cameroun.

Selon ses "frères", Forjindam est innocent. L'Etat du Cameroun devrait même le remercier pour avoir fait du Chantier Naval, une entreprise prospère qu'un "vrai voleur", entendez un ressortissant d'une autre région, s'acharne à mettre à terre. 

A Bandjoun, des pancartes ont également fleuri après l'arrestation et l'incarcération au pénitencier de Kondengui d'Yves Michel Fotso, homme d'affaires et fils d'homme d'affaires. Comme celles de Bamenda, les populations de Bandjoun ont décidé que Fotso était innocent. "Il a même aidé l'Etat à retarder la chute de la Camair et voilà comment on le remercie : en mettant à genoux, le groupe de son père!"

Yves Michel Fotso est pourtant présenté, au Cameroun comme ailleurs (il est notamment poursuivi en Belgique), comme un bandit à col blanc.

Ici, non seulement, il a mis en place un système de vases communicants pour pomper les subventions accordées par l'Etat à la Camair et les envoyer dans sa banque, mais il s'est amusé avec l'épargne des clients en montant des projets fictifs. Depuis que sa banque a été mise sous administration provisoire, il s'échine à raconter qu'il est en train de monter des plans pour la restructurer mais le gouvernement lui met des bâtons dans le sroues, par jalousie.

Le même Fotso s'est embarqué dans la sale affaire Albatros, une affaire qui pue la cupidité et qui aurait pu tuer le président de la République. Des faits graves.

 

Les populations de Bamenda et de Bandjoun qui pleurent leurs fils jetés en prison forment certainement le gros du contigent qui réclame une lutte plus féroce contre la corruption. Tant que, vraisemblablement, personne des leurs n'est inculpé.

Ce n'est pourtant pas par hasard qu'elles manifestent aussi brutamment. Forjindam et Fotso ne sont pas les premiers Bamenda et Bandjoun à être jetés en prison. Pourquoi manifester seulement pour eux?

 

La réponse, il faut la chercher dans le mode de fonctionnement de la société camerounaise où l'on ne trouve de mérites qu'à celui qui vous comble de cadeaux (emplois, infrastructures, argent, etc..). Peu importe al provenance des fonds qui permettent cette prodigalité.

 C'est là où le bât blesse.

Dans une précéndte intervention sur ce site, je disais que le système broie ses anciens maîtres. Les Fotso et les Forjindam sont, avec les Abah, Olanguéna et autres Mendo Zé et Bapès ( on se demande quand ces deux derniers seront arrêtés), parmi les bénéficiaires et les bras d'un système qui a perverti et continue de pervertir notre pays.

Ahidjo, Biya et leurs premiers ministres et ministres ne seraient jamais parvenus à maintenir ce système qui nous maintient dans un sous-dévéloppement chronique sans leurs fidèles lieutenants qui se plaignent aujourd'hui d'être écartés et qui font mine de ne pas comprendre ce qui leur arrive.

 

Dommage pour le petit peuple qui n'applaudit que celui qui lui donne quelques miettes et qui ne comprend pas qu'il ne représente rien aux yeux de ceux pour qui il porte des pancartes.

 

Vincent Pierre Akona



05/12/2010
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres