Tôt ou tard Paul Biya sera jugé soit avec vengeance par les hommes ou sévèrement par l’histoire

Biya:Camer.beMême à titre posthume, Paul Biya sera jugé pour le rôle qu’il a joué dans les multiples cas de détournements de fonds qui continuent de jalonner dans notre pays depuis qu’il a accédé au pouvoir, sans coup péril effort, il y a 30 ans. La rue Camerounaise le sait et manifeste de plus en plus son impatience de voir l’homme caméléon pris, pour enfin exprimer sa joie; et surtout fêter à n’en point finir la capture, en fin, du commandeur en chef des détourneurs. Jusqu’à quand va-t-il continuer à jouer l’innocent pendant que ses porteurs de valises forment la cellule RDPC de la prison de Kondengui. Jusqu’à quand va-t-il continuer à narguer les camerounais et la justice de notre pays?

Pourtant, presque tout le gouvernement, ou tous ceux qui y ont été ou qui sont encore dans ses 33 gouvernements en 30 ans vivent aujourd’hui la hantise de la possibilité d’être, à tout moment, soupçonnés et interpellés pour cause de présumé détournement de deniers publics.

Tous vivent l’angoisse d’être pris à tout moment. C’est l’impression qui découle des multiples arrestations orientées qui ont cours au Cameroun depuis l’affaire Titus Edzoa en 1997, recondamné encore il y a quelques mois à une peine plus lourde bien qu’ayant avoir déjà «moisié » les 14 dernières années en prison pour une autre nébuleuse accusation.

Dans cette vague d’arrestations bien ciblées, on peut citer aussi, tout en faisant grâce des autres cas tellement la liste est longue, Engo, Abah Abah, Mebara, Munchipo, Fondjindam, Inoni, Yves Michel Fotso et Marafat. On leur réclamerait en moyenne 10 milliards chacun. Cela en fait trop pour un pays comme le notre. Si autant de milliards détournés en 30 ans de règne sans partage étaient rendus, imaginez la différence que cela ferait si utilisés pour moderniser nos routes, nos écoles ou notre système de santé! Si cet argent était utilisé à bon escient.

Peut-on soustraire autant d’argent à l’insu du président de la république?

Non et non croit-on. Voilà où on en est aujourd’hui avec Paul Biya. Pourtant, dès la fin des années 80, le célèbre et bien connu fugitif Robert Messi Messi, ex-DG de la Société Camerounaise des Banques, première présumée grosse pointure de détournement et accusé à tord ou à raison de tombeur de la défunte SCB, avait sonné l’alarme dans un article interview commis à Jeune Afrique Économique. Dans ce journal il expliquait minutieusement et avec des preuves à l’appui (numéro de comptes du couple présidentiel fournis), les stratagèmes bien ficelés par le régime nouveau (dit du renouveau) de Monsieur Biya, puisque encore en mode « rodage » à l’époque, pour détourner les fonds publics au Cameroun.

Et, comme une araignée qui tisse petit à petit et soigneusement sa toile, cette ruse bien tolérée par la tête dirigeante de notre pays a continué à étendre ses tentacules pour devenir au fil des années une habitude permise et acceptée par le chef d’État lui-même : Souvenez-vous de son « Où sont les preuves ». Il ne peut donc plaider l’innocent aujourd’hui. Par conséquent, puisqu’on a atteint le sommet de la pyramide avec l’arrestation de grosses pointures, c'est maintenant au tour de Paul Barthélemy Mbivondo Biya d’expliquer ce qu’il sait ou devrait, de par sa fonction, savoir en tant que président de la république, de cette affaire de détournement qui rend certains membres du gouvernement, bien que innocents, présumés coupables et salit non seulement leur image, mais aussi celle de notre pays.

Au lancement de l’opération épervier, Paul Biya ne pensait pas si bien faire. En acceptant finalement de déclencher cette initiative, au début pour satisfaire nos bailleurs de fonds qui accusaient le Cameroun d’être le pays le plus corrompu au monde, il ne savait pas qu’à son crépuscule, elle pourrait l’emporter, si du moins la justice de notre pays pouvait frapper là où ça ferra du bien aux Camerounais et surtout la où la vérité doit sortir. On n’a aucun doute là-dessous, car désormais ce n’est qu’une question de timing. Et Biya le sait très bien. « C’est la seule crainte qui le pousse à vouloir mourir au pouvoir » dit-on. Mais !

En effet, plus les arrestations se sont multipliées, plus on s’est rapproché de la tête même du « gang » de ces présumés voleurs. Comme dans un bon jeu de cartes, « il ne manquerait plus que le joker », me confiait récemment un compatriote proche du dossier. Qui plus est, si on était dans un vieux film japonais, poursuit cet expert bien avisé, « on n’hésiterait plus au Cameroun à dire qu’on est déjà proche du chef bandit ». Scène que tout les camerounais attendent depuis des années au pays et « qui rendrait le dénouement de l’opération épervier plus que jamais intéressant pour les citoyens et pour la relance de notre pays » soutient-il.

Si non, que peut-on encore attendre d’autre d’une telle opération qui n’a encore retracé aucun argent volé. Pourtant que de milliards dérobés? N’a-t-on déjà pas assisté à l’arrestation d’un ancien premier Ministre, d’un Ministre de l’Administration Territoriale et de la décentralisation, des anciens secrétaires généraux à la présidence, des ministres de finances, tous des colonnes vertébrales du gouvernement ? Puisqu’il s’agit là des membres influents du gouvernement, qui sont non seulement proches et très fidèles, mais de confidents serviteurs au « service de sa majesté ». Qui plus est, ce sont eux qui rendent compte quotidiennement de l’état de notre pays au président de la république.

Dans ce cas, on ne peut pas croire que le président Biya lui-même n’était au courant de rien. Et s’il n’a jamais rien entendu, rien vu, rien connu, ni posé de questions en 30 ans, alors il devrait être poursuivi pour faute grave de négligence. Notamment pour manquement à son engagement assermenté de bien protéger les biens des camerounais. S’il tenait au moins des conseils ministériels, comme cela se fait dans un pays normal, il aurait été souvent briefé sur l’état d’avancement des dossiers.

D'autant plus que tous ses collaborateurs qui sont aujourd’hui en prison ont été nommés ou viennent du parti politique des flammes qui les brûle aujourd’hui. De la à dire que Biya est à la tête d’un «gang », vous devez juger vous-même. Mais une chose est certaine, c’est du moins ce que croit mordicus une majorité de camerounais, qui sait qu’on ne détourne ou ne vole pas autant de milliards sans que la hiérarchie ne soupçonne quelque chose, ou qu’elle ne soit complice ou ne soit au courant.

Partie 2 dans notre publication de mercredi.

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© Correspondance : Martin Stéphane Fongang


27/11/2012
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