Témoignage: Martin Eloundou Eloundou : Notre Père, qui arrive …

Témoignage: Martin Eloundou Eloundou : Notre Père, qui arrive …

Martin Eloundou:Camer.bePère Martin, C’est avec une immense joie que j’ai appris la nouvelle de votre prestation de serment devant Dieu et les hommes, le samedi 30 juin 2012 à Yaoundé. En cette circonstance heureuse, je ne peux m’empêcher de vous exprimer ma joie et toute ma gratitude. Qu’il me soit donc permis, à travers ces lignes, de vous dire félicitation ! Sur le chemin de non-retour En prêtant serment donc, vous vous êtes résolument engagé dans la voie du Seigneur. C’est à la fois un acte fort et un processus irréversible. Un acte fort parce que c’est inédit au sein de notre grande famille. Aussi cela relève t-il de votre immense détermination à servir le Seigneur. Un processus irréversible, en ce sens que vous êtes déjà sur le chemin de non-retour. Ce qui suppose également que vous êtes plus que jamais condamné à devenir prêtre. Le contraire serait tout un échec voire même un gâchis. Je vous fais grâce des railleries populaires qui pourraient s’en suivre. Surtout pour la caste de ceux qui excellent dans l’immixtion dans la vie des autres.

« Me voici Seigneur !»
 
Lorsque que vous avez choisis volontiers de servir Dieu il y a quelques années, beaucoup n’y croyaient pas. Peut-être, y compris moi-même. Et ce, en dépit de vos multiples engagements au niveau de l’église, notamment à la paroisse Saint Paul de Nylon à Douala et à la paroisse Sacré Cœur à Sa’a, où vous avez été respectivement enfant de cœur et responsable de certains groupes chrétiens. Vivant dans une société où les plaisirs de la chair l’emportent toujours sur l’engagement divin, beaucoup n’ont pas compris votre désir de servir le Seigneur-Dieu. Seul et face à votre conscience, vous n’avez pas endurci votre cœur. Plutôt vous vous êtes montré disponible en répondant à l’appel de Dieu : « Me voici Seigneur !». Une réponse par le cœur, qui au de-là de tout, vous a mis sur le chemin de la prêtrise. De Yaoundé à Dakar en passant par Kinshasa et un retour aux sources à Yaoundé récemment et je ne sais où après ( ?), vous avez montré et vous continuez de montrer l’étendu de votre volonté à être au service de Dieu. Pourtant, ce ne sont pas les écueils qui manquent sur votre chemin. Encore moins les tentations. Ce serait naïf de le penser. Mais cela n’a jamais occulté votre détermination à aller jusqu’au bout. La preuve aujourd’hui c’est que vous venez de prêter serment. Et j’ose croire que c’est l’ultime virage vers votre ordination sacerdotale. Vous êtes donc face à l’impératif de réussite. Peut-être que je suis entrain de défoncer une porte ouverte. Car votre détermination n’a jamais été (re)mise en cause. Vous qui avez toujours cultivé un inextinguible amour pour le Seigneur.

Les travaux d’Hercule

Au regard de votre trajectoire éblouissante, j’ai la conviction que d’ici quelques petites années, vous serez ordonné prêtre. Mais je suis aussi circonspect de vous voir réussir entièrement votre Sacerdoce. N’est-ce pas une tentation, mon Père ? Si c’en est une, je vous prie de m’accorder la rémission de ce péché. Car j’ai dû pêcher « en pensée ». De toute évidence, la tâche qui vous attend sera immense. Elle ressemble même aux onze travaux d’Hercule. Ainsi, Déconstruire le discours païen qui pose que « tu "vis" tu meurs, tu suis Dieu tu meurs toujours », Replacer Dieu au centre de tout (c’est la théorie de la divinisation que j’entends développer ultérieurement), Repenser la pédagogie de l’enseignement de la Bible au sein de la religion catholique, Polir l’image de la religion catholique ternit chaque jour par des actes peu orthodoxes, etc. sont autant de tâches auxquelles vous ferez face. Bien plus, vous serez très souvent interpellé par « le monde d’en-bas » (pour parler comme Jean-Marc Ela) sur divers problèmes et iniquités sociales, même à des heures non-indiquées. Vous serez aussi appelé à prendre position par rapport à certains travers de la société. Sur ce plan-là, je puis vous assurer que le Cameroun a de la matière. Et ce ne sont pas les dérives ou les mœurs qui manquent. Comme dans chaque pays, me retorquerez-vous. C’est vrai ! Mais le Cameroun a ceci de particularité : c’est « un pays où tout est possible ». C’est l’un des rares au monde où les gens se complaisent dans cet enseignement du « père » Sigmund Freud : « On ne devient pas pervers, on le demeure » (sic). Autrement dit, se complaire dans l’horrible est innée. Belzébuth avait hérité de cette étrange disposition psychologique, à sa naissance, nous apprend la science des Occidentaux. A ce sujet, je ne ferai pas l’analogie avec le péché originel avec lequel chacun de nous naît. Vous voyez là où je veux en venir … En un mot, vos travaux d’Hercule vont consister « à guetter-la-nuit et à scruter l’aube » de vos nombreuses ouailles, un peu comme le faisait le sociologue et prêtre camerounais, Jean-Marc Ela, de regretté mémoire (Cf. Achille Mbembe, Jean-Marc Ela : Le veilleur s’en est allé). Vous serez aussi appelé à aller à la recherche des « brebis égarées » afin de les ramener dans la demeure du Seigneur. Au final, j’ai la conviction que le monde connaîtra une profonde « libération » d’ici quelques temps. Avec Notre Père, qui arrive …

© Camer.be : Par Simon Ngono


19/07/2012
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