Téléviseurs à rayon cathodique: Les conséquences de l'interdiction d'importer

Yaoundé, 16 Janvier 2013
© Joseph Samuel Zoé | L'Actu

Alors que de nombreux commerçants déplorent déjà d'importants manques-à-gagner, les populations se plaignent du coût excessif des écrans plasma.

Les téléviseurs à rayon cathodiques et tous les équipements de radiodiffusion et de télévision analogiques sont interdits d'importation au Cameroun depuis le premier janvier dernier. De même, la vente de tout équipement analogique ne sera plus autorisée sur l'étendue du territoire camerounais à partir du premier juillet prochain. C'est la conséquence d'un décret du PM daté du 20 novembre 2012. Le texte signé par le Premier ministre (PM), Philémon Yang, fixe les modalités de passage du Cameroun, au niveau de la radiodiffusion, du système analogique au système numérique.

La décision ministérielle, que certains jugent précoce, sème depuis quelques jours la controverse, au sein des ménages camerounais et aussi chez les commerçants, les opérateurs de la radiodiffusion et les techniciens spécialisés dans la maintenance audiovisuelle. En effet, à partir de 2015, la radiodiffusion sera essentiellement numérique au Cameroun. Comme l'a expliqué André Bertrand Mbock, sous-directeur en charge des questions techniques de radio et de télévision au ministère de la Communication, dans les lignes du quotidien gouvernemental, «les téléviseurs analogiques ne pourront être utilisés à cette date que s'il est possible d'y connecter un décodeur. Dans le cas contraire, ils ne serviront à rien».


Manque-à-gagner

A en croire plusieurs vendeurs rencontrés à Yaoundé, le coût moyen d'un téléviseur analogique se situe actuellement autour de 65 000 F CFA. Un prix à la portée des populations de classe sociale moyenne. Mais, l'imminence de l'arrivée de la radiodiffusion numérique va changer la donne avec l'utilisation impérative des téléviseurs à écran plasma. «Je doute fort que de nombreux Camerounais puissent se doter, d'ici 2015, d'un téléviseur à écran plasma car, les prix de ces appareils sont encore onéreux», s'inquiète Ghislaine Mbarga. Et cette dernière de poursuivre: «on risque de revivre les scènes de la fin des années 1980 où des dizaines de personnes agglutinaient autour d'un seul téléviseur pour regarder les images».

Dans les commerces, le coût des téléviseurs à écran plasma semble confirmer cet état de choses. Dans une brocante au quartier Essos à Yaoundé, l'on apprend qu'il faut débourser 350 000 F CFA pour un téléviseur à écran plasma d'occasion de 35 pouces, et 150 000 F CFA pour celui de 17 pouces. Dans les grandes surfaces, ces appareils vendus à l'état neuf sont plus chers donc, largement hors de portée du Camerounais moyen.

«Pour le moment, notre quantité de stocks de ces téléviseurs numériques n'est pas importante. C'est sans doute ce qui explique leurs coûts. Mais dans les mois prochains mais, nous espérons importer plus d'appareils. Ce qui va certainement aider à faire baisser les prix de ces téléviseurs a écrans plats», révèle un vendeur en gros d’appareils électroménagers.

Pour faire face à la cherté des écrans plats, certains importateurs proposent d'investir dans la fabrication locale de ces appareils. «Si le gouvernement veut éviter les téléviseurs de seconde main, il doit négocier avec Phillips, Samsun, Gold Star et autres fabricants, pour que le Cameroun ait des usines de montage, nous pourrions alors acheter à moindre coût Car, on dénombre très peu de familles en mesure d'acheter les écrans plasma actuellement», regrette l'un d'eux.

En attendant, les commerçants de téléviseurs essuient déjà d'importants manques-à-gagner. Pour se débarrasser des téléviseurs à tubes cathodiques, ceux-ci sont obligés de procéder à des braderies. «Il faut se débarrasser de ces appareils avant la date butoir du premier juillet 2013. Pour cela, nous sommes obligés de casser les prix en vendant notre marchandise à moitié prix», révèle un responsable de magasin à Yaoundé.


Incertitudes

Avec l'annonce de l'arrivée de la télédiffusion numérique, on s'achemine vraisemblablement vers la fin de l'utilisation des téléviseurs à rayon cathodique au Cameroun d'ici 2015. Mais, de l'avis de certains techniciens de l'audiovisuel, ces appareils pourraient ne pas disparaître totalement du paysage camerounais.

Comme l'explique un électrotechnicien, « ce n'est pas encore évident que l'on dise que les téléviseurs à tube vont fonctionner avec le système numérique. Mais connaissant l'audiovisuel, ces appareils pourraient ne pas disparaître totalement du paysage camerounais. Comme l'explique un électrotechnicien, «ce n'est pas encore évident que l'on dise que les téléviseurs à tubes vont fonctionner avec le système numérique. Mais connaissant l'ingéniosité des Camerounais, je suis sûr qu'ils vont trouver un moyen de le faire». Jeannot N., autre spécialiste en maintenance audiovisuelle se veut plus précis. Il explique que «le numérique est un système vidéo. Ce qui fait qu'on pourra passer par le système AV des téléviseurs à tubes comme on le fait lorsqu'on utilise les appareils DVD».

Par ailleurs, l'utilisation des téléviseurs à écran plasma pourrait poser plusieurs problèmes. «Les téléviseurs à tubes sont plus résistants que les écrans plasmas. En plus, le coût de réparation de ces derniers est très élevé. Ce qui fait que quand ils tombent en panne, on est obligé de les jeter parce qu'il n'y a presque pas de pièces de rechange au pays», informe Paulin Nga Zoa, électrotechnicien. D'ailleurs, pour s'arrimer à cette nouvelle technologie, plusieurs techniciens ambitionnent de regagner les bancs des écoles de formation.


21/01/2013
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