Téléphonie mobile: une décennie après…

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Téléphonie mobile: une décennie après…
(Cameroon-Tribune 30/12/2010)


On dirait que c’était hier, tellement les souvenirs sont restés vivaces. Chacun de nous se rappelle comment il a eu son premier appareil.

Une dizaine d’années déjà que la téléphonie mobile est entrée dans les mœurs au Cameroun ! On dirait que c’était hier, tellement les souvenirs sont restés vivaces. Chacun de nous se rappelle comment il a eu son premier appareil. Jocelyne N. a eu le sien grâce à son fiancé. C’est aussi un amoureux qui a acheté celui de Marcelle A. A l’époque, avouons-le, c’était un piège infaillible pour "apprivoiser" les filles. C’était le cadeau du baccalauréat de papa, se rappelle Eric E. Yves A., lui, a cumulé plusieurs salaires pour s’offrir un poste à 200.000Fcfa. Brenda Y. a dérogé à la tradition de partager le premier salaire pour acquérir son premier téléphone portable. « J’avais surpris mon époux dans une virée galante. Pour réparer sa faute, j’ai exigé un bon téléphone qui a coûté 250.000F. Cela l’a ruiné, mais c’était le moindre mal que je pouvais lui causer à ce moment-là », relate Patricia T. Son cas est bien cocasse. Mais il y en a eu de plus ou moins bouleversants puisque certains ont eu les leurs en pointant une arme sur les légitimes propriétaires.

Dans les cités universitaires et les campus, les filles qui possédaient un téléphone se croyaient au-dessus des autres. Pareille dans les ménages. A la télé, les spots publicitaires aiguisaient l’envie. On revoit ce jeune cadre sortant de sa voiture, en téléphonant à partir d’un petit outil sans câble. Le "téléphone sans fil" n’était pas seulement révolutionnaire. C’était signe d’une ascension sociale.

Ascension sociale ? Les postes les moins chers coûtaient 40.000 Fcfa. Ceux qui avaient le Roaming se souviennent que recevoir un appel signifiait saignée financière. Au fil des années, le téléphone mobile est devenu un simple outil de commodité. L’objet de la frime d’hier est devenu aujourd’hui un accessoire culturel. Avec 10.000F, on a son appareil. Et même si l’attrait se transporte aujourd’hui sur les 3G, le téléphone mobile est ancré dans les mœurs et s’est imposé comme incontournable.

Signe de quelques avancées vers la modernité ? Oui, mais….Les coûts de la communication sont restés relativement élevés. En 2.000, la minute était facturée à 540F, puis le prix est descendu à 300F cfa. Aujourd’hui, MTN affirme qu’elle facture sa minute à 99F avec des options de facturation à 1,5F/s. En réalité, les usagers se perdent dans le blim-blim offert par les opérateurs. Malgré tout, ces coûts demeurent élevés par rapport au Congo voisin où la minute est facturée à 25Fcfa. Plus grave, il y a comme une intension manifeste chez les opérateurs d’infantiliser leurs clients. Sinon comment juger les offres comme celles-ci : « Moitié tarif de 00h jusqu’à 6h » ou encore « Prix avantageux à condition de se mettre sur telle option avec 50 F de frais quotidien à payer ».

La téléphonie mobile a apporté une réelle mutation dans le secteur. Avant le mobile, moins de 150.000 abonnés avaient accès au téléphone fixe. Avec le mobile, on reste connectée avec les amis, la famille, le bureau. Il contribue à consolider le concept de village planétaire. La téléphonie mobile a apporté des emplois bien rémunérés chez les opérateurs. D’elle est même né un nouveau métier, plus modeste, mais qui nourrit son homme : le call-box. On ne peut pas l’ignorer, avec le téléphone portable, la criminalité s’est affinée, hélas ! Le revers de la médaille.

Entre 2.000 et 2010, Orange, qui est né des cendres de Mobilis compte à peu près quatre millions d’abonnés. MTN a dénombré 4 732 121 clients actifs au 30 novembre 2010. Les deux opérateurs se surveillent pour mieux contrôler le marché. L’opérateur de régulation, se laisse-t-il souvent distraire ? En dix ans, on dirait qu’il n’a véritablement posé aucun acte coercitif pour éviter toute action d’enrichissement illicite sur le dos des abonnés. Ces derniers sont victimes d’abus divers, tous les jours. Du crédit débité alors que la connexion n’a pas été établie. Des fois, on peut passer toute une demi-journée sans réseau. On ne compte pas des cas de piratage de lignes, d’inconfort d’écoute.

Le client ne sait même pas si la minute de communication correspond vraiment à 60 secondes. Pire, l’opérateur donne son prix, le consommateur pense qu’il paie plus cher. Un véritable clair-obscur depuis une décennie. Depuis ces temps, les abonnés lésés ont dénoncé ces abus, et appelé à la multiplication des opérateurs afin que la loi de l’offre et de la demande s’exerce, en vain. Dans le présent dossier, CT met le doigt dans la plaie. Pour que la décennie à venir soit meilleure.

Jeanine FANKAM


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30/12/2010
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