Tchad: le président Déby débloque 117 millions pour "fêter" le jugement d'Hisséne Habré, ce dimanche

Tchad: le président Déby débloque 117 millions pour "fêter" le jugement d'Hisséne Habré, ce dimanche L´actuel président tchadien, Idriss Deby a donné des instructions à Oumar Abdallah Lebine ( Maire adjoint de N’Djamena) et aux cadre de MPS de faire sortir toute la population de N’Djamena ce dimanche 7 juillet pour soutenir le jugement de Hisséne Habré, ancien président du Tchad détenu au Sénégal pour génocide et crime de guerre. Le budget de cette manifestation est de 117.000.000 FCFA . Les marchés resteront fermés jusqu’à après midi.

Des milliers de Tchadiens sont sortis vendredi pour remercier et soutenir la justice africaine qui a inculpé, mardi à Dakar (Sénégal), l'ancien président tchadien, Hissène Habré, pour plusieurs chefs d'accusations dont " crimes contre l'humanité" perpétrés durant sa présidence, de 1982 à 1990.

N'Djaména, Moundou, Sarh, Abéché, Bongor ... Dans tous les chefs-lieux des 26 régions du Tchad, des milliers d'hommes et de femmes, civils et militaires, sont sorties dès les premières heures de la journée pour battre le pavé sur plusieurs kilomètres et converger vers les places de l'indépendance. Dans la capitale, le point de convergence a été l'imposante Place de la Nation, érigée en face du palais présidentiel.

La veille, un décret signé par le président Déby Itno, a déclaré la journée de vendredi fériée, chômée et payée sur tout le territoire national. Partout, les larmes et les cris de détresse qui ponctuaient les rassemblements des victimes du régime de Habré, ont cédé la place à des youyous, des applaudissements et des coups de sifflet.

"Durant vingt-trois ans, nous avons vécu la douleur au coeur de voir que Hissène Habré bénéficie d'une retraite dorée au Sénégal, aux frais des contribuables tchadiens. Nous vivons dans le chagrin en voyant les tortionnaires, les indicateurs et tous nos bourreaux se parader dans les rues de N'Djaména, parfois au volant des voitures de l'Etat", a déclaré à la tribune Mme Mariam Djamous, une cadre du parti au pouvoir.

Entre des larmes qu'elle essayait d'écraser, la veuve de Hassan Djamous (un des compagnons de rébellion d'Idriss Déby Itno, arrêté à l'Est du pays en 1989, ramené à N'Djaména et exécuté par Habré), s'est dit "pleine de fierté" de voir sous les verrous l'homme qui a assassiné son mari, qui a lui ôté la joie d'un foyer conjugal à fleur d'âge, qui a empêché à son unique enfant de grandir devant son père, qui l'a forcée à l'exil, à l'errance et au désespoir.

Deux jours après son arrestation à Dakar, où il vit, l'ancien président tchadien Hissène Habré a été inculpé mardi pour trois chefs d'accusation: crimes de guerre, crimes contre l'humanité et torture. Les juges du tribunal spécial créé par l'Union Africaine au sein des juridictions sénégalaises, ont également ordonné sa mise en détention provisoire.

Une "commission d'enquête sur les crimes et détournements" commis pendant les années Habré, créée par le gouvernement tchadien après sa chute, avait estimé à plus de 40.000 (dont 4.000 identifiées) le nombre de personnes mortes en détention ou exécutées au cours de ses huit ans de présidence, avant d'être chassé en décembre 1990 par l'actuel président Déby Itno.

"Comme moi, elles sont des milliers ces femmes qui ont été réveillées de nuit, qui ont vu leurs maris, frères et fils emportés par les sinistres agents de la DDS (Direction de la Documentation et de la Sécurité, police politique de Habré, Ndlr), sans ménagement, sans qu'ils aient le temps de porter leurs boubous pour ne plus les revoir", a indiqué Mme Mariam Djamous.

Selon elle, Habré et ses hommes ne connaissaient pas ce qui signifie le mot "pitié"; tuaient sans ménagement des hommes et des femmes, éventraient même certaines femmes enceintes avant de les achever, etc. "Les crimes de Hissène Habré sont innommables. Rien de tout ce qui lui adviendra ne pourra lui faire payer le mal qu'il a causé au peuple tchadien", a-t-elle affirmé.

Au nom des victimes du régime de Habré, elle a salué " l'immense travail abattu" par la justice et le président de la République du Sénégal. "Merci Macky Sall, merci le Sénégal de nous donner enfin notre dignité", a-t-elle lancé, sous les vivats appuyés du public.

Pour Dokhot Clément Abaifouta qui préside l'Association des victimes des crimes du règne de Hissène Habré (AVCRHH), le Tchad tout entier doit se réjouir de l'inculpation de l'ancien dictateur. "C'est une joie nationale. Car aucun foyer ici ne dira qu'il n'a pas été victime sous le régime de Hissène Habré", a-t-il déclaré à Xinhua. Avant de "tirer son chapeau" au Sénégal et à l'Union Africaine.

M. Zakaria Fadoul Khidir, président de l'Association des victimes des crimes et répressions politiques au Tchad (AVCRP), a également remercié le président sénégalais, Macky Sall, qui "a eu le courage enfin de dire non à l'impunité et d'ordonner la réouverture du dossier Hissène Habré".

Dans une déclaration faite le 1er juillet sur la télévision officielle, le président Déby Itno a rendu un "hommage mérité" à son homologue sénégalais, Macky Sall, qui "vient de marquer l'histoire de l'Afrique, une Afrique de demain, débarrassée de tous les maux, une Afrique débarrassée de toutes les dictatures et de toute forme d'oppression".

Il a également félicité les organisations tchadiennes de défense des droits de l'Homme qui se sont battues, selon lui, parfois dans une situation assez difficile et complètement démunies, mais qui n'ont jamais baissé les bras. "C'est grâce à elles, c'est grâce à leur action, avec l'appui des organisations internationales des droits de l'Homme, que l'arrestation de Habré a été rendue possible", a reconnu le président Déby Itno.

Le chef de l'Etat tchadien a promis des indemnisations aux victimes de l'ère Habré, ainsi que l'appui de son pays à son jugement au Sénégal. Il a également instruit la justice tchadienne à poursuivre tous les anciens collaborateurs de Habré qui "ont contribué à [son] oeuvre macabre".

Outre Hissène Habré, cinq Tchadiens sont considérés comme des "suspects" par le tribunal spécial de Dakar et ont été cités dans les faits reprochés à l'ancien président. Il s'agit de Guihini Koré, un neveu de Hissène Habré, Mahamat Djibrine, Zakaria Berdeye, Saleh Younouss et Abakar Torbo, présentés comme ses anciens collaborateurs.

Ces cinq suspects qui pourraient être visés par des mandats d'arrêts qui seront lancés par le juge d'instruction du tribunal spécial, font déjà l'objet d'une procédure au Tchad.

Me El Hadji Diouf: "des tireurs d'élite sont à Dakar pour une mission précise: liquider Habré"

Hisséne Habré et sa famille en danger de mort. « Je viens d’apprendre que des éléments de l’Agence nationale de sécurité qui gère la sécurité de la présidence au Tchad sont au Sénégal et ce sont des tireurs d’élite ». Me El Hadji Diouf qui donne l’alerte ne manque pas de dévoiler une vaste opération de liquidation de son client l’ancien président tchadien en détention au Sénégal pour génocide et crime de guerre.

« La famille de Habré court un réel danger. Ils sont là pour une mission bien précise : liquider Habré. C’est la justice des vainqueurs. Que Macky Sall nous protège », lâche l’avocat qui ne manque de revenir sur la décision de la défense de l'ancien président détenu de rester "muette" face aux juges des Chambres Extraordinaires Africaines" en charge du procès.

 "Habré ne répondra à aucune question. Il va les mépriser tous. Nous ne plaiderons pas. Pourquoi le faire avec des gens qui ont une mission qui est de condamner Habré pourqu'il reste en prison jusqu'à sa mort. Tout a déjà eté planifié. Donc, il ne va pas accepter de jouer leur jeu. La décision est arrêtée et même mûrie", tonne le tonitruant Me El Hadji Diouf qui donne des nouvelles de son client.

 "Je lui ai rendu visite au pavillon spécial hier. Il est confiant, serein et très fort mentalement. C'est un combattant. Il m'a dit que l'injustice continue. La coalition mondiale France-Etats-Unis-Tchad ne va jamais déposer les armes malgré les nombreuses défaites", asséne-t-il sur les colonnes du journal "L'Observateur" où il tient à préciser: "Nous allons mener le combat sur d'autres fronts" car dit-il "nous n'entendons pas cautionner la forfaiture".

© Xinhua/Pressafrik : Source


08/07/2013
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