Succession: Un pavé dans la mare du canton des Bell

DOUALA - 19 NOV. 2012
© Edouard Kingue | Le Messager

En révélant et désignant le successeur du prince René Bell, en la personne du prince Jean-Yves Eboumbou Manga Bell, le professeur Kum’a Ndumbe III a jeté un véritable pavé dans la mare. La famille Bell alors en réunion au moment du point de presse du professeur kum’a Ndumbe a reçu cette information diffusée par Equinoxe TV comme un affront. Une sorte de passage en force contre la communauté Bell.

Les réactions n’ont pas manqué face a ce que certains considèrent comme de la témérité, pour dire le moins. Manga Manga, architecte et frère du Prince René Bell, joint au téléphone, s’est insurgé contre le désordre ainsi crée par le prince Kum’a Ndumbe de Bonaberi. « Pourquoi ne règle t-il pas ses propres problèmes de succession a Bonaberi ? Que vient-il faire dans la famille Bell dont il ne fait pas partie ? » Me Nthepe, chef des Bonapriso y est allé de son indignation : « Depuis quand un Bonaberi vient-il parler de succession chez les Bell ? C’est un peu comme si un étranger venait désigner un chef local ». La réaction la plus étonnante vient du prince Jean-Yves Eboumbou : « Nous n’avons rien à voir avec ce qui s’est passé a Bonaberi. Je reste serein et j’attends que les concertations engagées au niveau de ma communauté entérinent le choix de mon père. Il n’y a rien d’urgent à cela.La communauté Bell doit faire preuve de sagesse et de lucidité en attendant la désignation officielle. Par-dessus tout, la paix des cœurs doit prévaloir ».

Pour l’heure, la sérénité n’est pas la chose la plus partagée au canton Bell, entre partisans de Jean-Yves Eboumbou, successeur désigné du vivant de son père et ceux qui estiment qu’il n’a pas la stature d’un chef des Bell. On se rappelle que le samedi 8 août 2009 lors du recueillement sur le site de la pendaison de Rudolph Douala Manga Bell, de son vivant le Prince René Douala Manga Bell, chef supérieur du Canton Bell, avait fait tenir au secrétaire général du canton, Kuntz Priso, une allocution qui tient lieu de testament. Selon la presse, « Ce dernier ayant parcouru le contenu et sentant le grabuge a passé le document au secrétaire général sortant du canton, Valère Epée pour lecture. Ce dernier décline lui aussi cette opportunité. Le bébé sera refilé à un tiers qui lira le mot du prince René Douala Manga Bell. Au final, il va s’avérer être le testament du chef supérieur du Canton. D’autant plus qu’il fait mention enfin que nul n’en n’ignore du nom de son successeur. En la personne de Jean-Yves Eboumbou Manga Bell. Consternation générale au sein des chefs de villages, notables et patriarches Sawa présents. Conséquence, pendant toute la procession retour, le sujet est au centre de tous les commentaires. Même son voyage pour le Canada où il a été invité par la communauté Sawa en sa qualité du président du Ngondo n’a pas atténué l’ire de la communauté belloise. «S’entêter de désigner Jean-Yves serait l’envoyer à la mort, car on a déjà tué dans le noir pour moins que ça dans ce Canton », sérine un patriarche. Nous nageons en plein métaphysique !
Historiquement pourtant, le choix du prince en faveur d’un de ses fils tient. Selon kum’a Ndumbe III dont on ne peut denier la qualité d’historien, le prince défunt « est le fils de Eithel Duala Manga Bell. Il va hériter de son oncle le prince Alexandre Ndoumbè Douala ». Il ajoute : « René sera désigné dès 1947 par le prince Alexandre comme son futur successeur, ce qui fut respecté en 1966 ». René à son tour a abdiqué au profit de son fils dès juin 2012. Il apparaît dès lors que la réaction un peu forcée de Kum’a Ndoumbe, lui-même écarté de la chefferie de Bonaberi au profit d’un de ses cousins, qui de surcroit n’est pas légataire testamentaire des Bell, avait pour but de déjouer une tentative de putsch qui se tramait dans l’ombre. Mais au profit de qui ?

Selon nos informations, deux candidats sont en lice pour succéder au Prince René, candidats soutenus il est vrai par une bonne partie des dignitaires de la communauté Bell et des autres chefferies du Wouri. Il s’agit d’un certain Manga que l’on présente comme un ancien instituteur. Mais le plus en vue et qui nourrit « secrètement » l’envie de devenir le successeur, présenté par certains dignitaires Sawa comme le plus apte pour cette honorable fonction n’est autre que l’architecte Manga Manga, présenté comme « politiquement correct » qui du reste mène le bal des tractations en cours. Il est le frère du défunt Prince René avec qui il entretenait peu d’atomes crochus.

En réalité, dans les coulisses, la succession du prince René Douala Manga Bell n’est plus simplement une question de la famille régnante Manga chez les Bell. Le débat moins sérieux a crée des opportunistes dans les trois grands villages Bell : Bonadouma, Bonadoumbe et Bonapriso. «Jean-Yves est menacé de ne pas recevoir l’onction de ces trois grands villages du Canton. Ces derniers ayant contre le prince René Bell des rancœurs exacerbées dont Jean-Yves serait victime». Une inconnue demeure toutefois, il s’agit de la position officielle de l’administration Unc-Rdpc dont l’interventionnisme a déstabilisé plus d’une chefferie, du canton Deido au canton Bonaberi en passant par le canton bassa du Wouri et celui des Malimba dans la Sanaga maritime où le chef Ndoumbe Marcellin a été écarté au profit d’un illustre inconnu. Les prochains jours, surtout l’après-Ngondo qui sera suivi par les obsèques du Prince René risquent d’être déterminants pour la guerre de succession qui n’est plus qu’un secret de polichinelle à Douala.


19/11/2012
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