Succession-Présidence: Comment Paul Biya prépare son départ


DOUALA - 17 DEC. 2010
© Michel Michaut Moussala | Aurore Plus

Le chef de l'Etat a déjà mis en place un scénario pour quitter le pouvoir à l'horizon 2013-2014 après sa réélection de l'année prochaine.


I- Les grandes ambitions

Paul Biya n'ira pas au bout du septennat après l'élection présidentielle de 2011. Il va s'arrêter en chemin en laissant la place à un de ses lieutenants dont le nom sera dévoilé dans cette réflexion. Mais avant de quitter le pouvoir, il y a des préalables que le chef de l'Etat s'est fixés : les grandes ambitions avec la mise en place d'infrastructures de toutes sortes : barrages de Lom Pangar, Memvé'ele, Mekin, la centrale à gaz de Kribi, les adductions d'eau de Douala et de Yaoundé, le port en eau profonde de Kribi, le second pont sur le Wouri à Douala, la construction de plusieurs routes importantes dans toutes les régions du pays, l'installation de 3200 Km de fibre optique, la dotation en universités de toutes les régions du pays, la construction d'un hôpital de référence digne de ce nom dans chaque région, etc.

Paul Biya voudrait également voir démarrer sous la fin de règne l'exploitation de notre riche sous-sol : fer, bauxite, cobalt-nickel, diamants. Pour réaliser tout ce vaste programme, le chef de l'Etat avait besoin d'argent, pas celui apporté par les partenaires extérieurs, mais l'argent propre du Cameroun, notre quote-part, notre participation pour faire démarrer ces projets. D'où le lancement de l'emprunt obligataire depuis quelques jours par l'Etat du Cameroun. Qu'est ce qui s'est passé dans la tête du chef de l'Etat ? Le chef de l'Etat est un homme orgueilleux qui a parfois de la suite dans les idées. N'est ce pas lui qui, il y a de nombreuses années avait déclaré que c'est lui qui avait apporté la démocratie au Cameroun ? Quelques années plus tard, il s'est rendu compte que la démocratie sans économie forte, sans infrastructures, sans nourriture ne rimait à rien.

Il avait donc introduit dans ses discours surtout pendant la campagne de l'élection présidentielle de 2004 la notion de grandes ambitions qu'il veut donc réaliser aujourd'hui au tournant de sa vie, au moment où il veut quitter les affaires. Paul Biya avait également promis d'améliorer le niveau de vie de ses compatriotes, même là ça n'a pas été la réussite. Pour résumer et parachever son prédécesseur Ahmadou Ahidjo qui avait déclaré après leur brouille qu'il lui avait laissé un pays prospère, une économie et des finances saines, Paul Biya va quitter la tête du pays quand il va s'assurer que le pays a des fondamentaux solides. A quoi allons-nous assister dans les années à venir ? On verra Paul Biya procéder à l'inauguration officielle de certaines infrastructures telles que la centrale à gaz de Kribi, les barrages de Memve'ele, une occasion pour dire au peuple, à ses compatriotes qu'il a rempli son contrat avec eux, qu'il a tenu ses promesses et qu'il peut donc se retirer pour un repos bien mérité après une cinquantaine d'années (le chef de l'Etat a commencé le travail en 1962) de bons loyaux services.


II- Création d'un poste de vice-président de la République

S'étant assuré que tout se déroule conformément à ses plans, Paul Biya va créer un poste de vice-président de la République et modifier la constitution dans le sens de faire de ce vice-président son successeur constitutionnel. Mais il y a un hic, le Cameroun n'est plus comme à l'époque d'Ahmadou Ahidjo à parti unique ou unifié pour que ce genre de dispositions constitutionnelles soit accepté automatiquement par les populations ou les autres partis politiques, surtout ceux d'opposition.

Mais le Rdpc au pouvoir est suffisamment fort avec sa majorité confortable à l'Assemblée nationale qui peut faire passer n'importe quel projet de loi. Une fois le poste de vice-président instauré, la grande difficulté pour Paul Biya sera de trouver le titulaire assuré de le remplacer s'il décide d'écourter son mandat, ce qu'il veut vraiment faire selon nos sources.

Ce qui est sûr, le vice-président ne sera pas Fang-Beti, ni du grand nord chrétien ou musulman. Il serait peut-être côtier mais toute analyse faite, il se pourrait que ce soit René Sadi, ministre chargé de missions à la présidence de la République et secrétariat général du comité central du Rdpc. Sans rentrer dans les détails, il serait difficile qu'une grande partie du pays accepte que le grand nord revienne aux affaires avec les risques de revanche que cela suppose avec les règlements de comptes à la clé tout comme il est presque quasiment impossible de faire admettre à certains compatriotes qu'un Fang-Beti remplace Biya sans que cela aboutisse peut-être à des émeutes. Il reste donc Emmanuel René Sadi qui est Babouté, une ethnie dispersée, principalement sur les régions du Centre et l'Adamaoua d'où il est originaire avec pour grand centre la ville de Tibati. René Sadi qui est originaire du département du Mbam et Kim, région du centre peut servir de trait d'union entre le nord et le sud du pays, tout comme la langue anglaise qu'il parle à la perfection peut faire qu'il soit accepté par nos compatriotes des régions du Nord Ouest et du Sud Ouest.

René Sadi est également un trait d'union entre les vieilles et les jeunes générations. Il a l'avantage d'avoir travaillé sous Ahmadou Ahidjo dont il était un des hommes de confiance et sous Paul Biya qui le tient en haute estime. Cette proximité entre le chef de l'Etat et son collaborateur met mal à l'aise ses autres collaborateurs qui n'hésitent pas un seul instant quand l'occasion s'offre de mettre les bâtons dans les roues de René Sadi. C'est le cas naturellement de Laurent Esso, ministre d'Etat, secrétaire général de la présidence de la République qui voit en Sadi un obstacle à sa marche vers le commet de l'Etat. Laurent Esso qui a ses pions dans les médias, les utilise à fond, à tout moment et en toute circonstance pour le déstabiliser. Et Amougou Belinga est justement l'un de ces patrons de presse (Vision 4 et Anecdote) sur qui Laurent Esso déverse beaucoup d'argent pour faire le sale boulot. Maintenant qu'une fois monté sur le fauteuil de Paul Biya démissionnaire, qui va remplacer Sadi à la vice-présidence ? Voilà une autre difficulté, les anglophones estimant que ce poste leur revient de droit en attendant d'accéder plus tard à la charge suprême de la présidence de la République.


III- Poursuite de l'opération épervier

Afin que son successeur n'ait pas de problème pour gouverner après son départ, Paul Biya va continuer le nettoyage qu'il a commencé à travers l'opération épervier et qui touche essentiellement les cadres du Rdpc, le parti au pouvoir dont il est le président national. Il sait qui ils sont, il connaît mieux que quiconque leur capacité de nuisance et rien donc de plus logique que de les jeter en prison car si lui a la capacité de les contenir, rien n'indique que son successeur aura les ressources nécessaires pour les contenir. Quand on observe très bien comment l'opération épervier se déroule, on comprend aisément qu'elle resserre les griffes autour des gens susceptibles de représenter un danger pour lui-même ou pour son successeur. Après donc les Atangana Mebara et autres Abah Abah pour ne citer que ceux-là, il ne serait pas surprenant que se retrouvent demain en taule, à la prison centrale de Kondengui des personnalités de la trempe, de la carrure de Marafa Hamidou Yaya ministre de l'administration territoriale et de la décentralisation, Thomas Ephraïm Inoni ancien premier ministre accompagné de menu fretin, afin que l'opération ne paraisse pas comme ciblée. Il ne faut pas s'attendre à un quelconque fléchissement de la position du chef de l'Etat dans le traitement de l'opération épervier, il irait au bout de sa logique. Dans les mois et les années à venir, des gens et autres collaborateurs qui lui sont très proches prendront tout droit le chemin de prison. Pour tout dire, nul n'est à l'abri s'il est prouvé qu'il est impliqué dans une affaire de corruption ou de détournement de deniers publics. Que va-t-il se passer par la suite ? Paul Biya ayant lancé certains de ses gigantesques ou titanesques chantiers avant le 31 décembre 2010 comme il se susurre dans les cercles du pouvoir et après en avoir inauguré la fin des travaux vers 2013 - 2014 et ayant mis entre-temps les voleurs ou supposés tels en prison, Paul Biya va se préparer à passer la main à son successeur.


22/12/2010
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