Succession - Magistrature suprême: Marafa et Kamto, des menaces à la succession de Paul biya - La nasse se resserre autour de Paul Biya

DOUALA - 23 Aout 2012
© Michel Mahaut Moussala | Aurore Plus

Depuis quelque temps des signes annonciateurs montrent que des gens se préparent pour monter à l'abordage du palais d'Etoudi. Qui sont-ils? Comment fonctionnent-ils? Peuvent-ils s'entendre au sein d'une grande coalition?

I- Le fruit est mûr et prêt à tomber

Certains ont attendu pendant longtemps, très longtemps même pour dévoiler leur jeu, ils sont ou plutôt on les retrouve au sein même du Rdpc au pouvoir dans toutes les ethnies du pays. Certains font semblant d’être des alliés du Rdpc tout en ayant une idée derrière la tête. D’autres sont de l’opposition connue et aspirent légitimement prendre le pouvoir. Tous, quelque soit leur bord politique ont un dénominateur commun: le départ de Paul Biya du pouvoir. Tous ceux qui aspirent à remplacer Paul Biya à la tête du Cameroun ont un autre dénominateur commun: Biya est au bout du rouleau compte tenu de son âge, 79 ans, de sa longévité au pouvoir et du fait également qu’il est à son dernier mandat. Pour tous donc le fruit est mûr et est prêt à tomber. Et à défaut d’attendre qu’il tombe de lui-même pour le ramasser, on peut précipiter, provoquer sa chute ou alors le cueillir carrément. Ainsi que ce soit au sein du Rdpc, parmi ceux qu’on qualifie de proches de Biya ou au Sdf de Ni John Fru Ndi, de l’Udc d’Adamou Ndam Njoya de l’Undp du pseudo-allié du Rdpc qu’est le ministre d’Etat en charge du Tourisme et des Loisirs tous sont unanimes que le chef de l’Etat ayant fait son temps doit partir.


Une évidence

Comment doit-il donc partir ? Par la force, la violence ou par la douceur, par les urnes ? Par des moyens autres que la force. Car tout le monde est d’accord là-dessus tous les coups de force ont échoué contre Paul Biya et on peut les énumérer : -Le putsch manqué contre Paul Biya le 6 avril 1984 relatif à sa brouille avec son prédécesseur Ahmadou Ahidjo à partir de 1983 ; -Le refus de Paul Biya des conférences nationales souveraines qui ont permis le renversement de certains chefs d’Etat en Afrique noire francophone ; - La période difficile du début des années 1990 avec le retour du multipartisme au Cameroun ; - Les villes mortes au cours de la même période. C’est là qu’on a senti la capacité de résistance du chef de l’Etat.

- Les émeutes de la faim de fin février 2008 ; - Plusieurs tentatives de déstabilisation tant à l’intérieur ou venant de l’extérieur… ; - Le rôle des médias tant de l’intérieur que de l’extérieur. Des médias qui ont déjà tout dit de lui le traitant de menteur, de voleur, d’assassin, mais Paul Biya est resté impassible, se contentant parfois d’en rire à l’évocation de certains titres ou commentaires acides à son endroit.

Les adversaires politiques de Paul Biya ont fini par comprendre que le locataire du palais d’Etoudi n’était pas un mou, un faible comme certains le pensaient mais plutôt un dur, un loup, un lion. Et aussi un bon encaisseur s’il était boxeur. A l’évidence donc, Paul Biya ne peut pas quitter le pouvoir par la force sauf si, sait-on jamais. Même du côté de la garde présidentielle, en particulier ou de l’armée en général, il est difficile de faire un coup d’Etat. C’est un gros malin qui a pris ses dispositions en organisant son système de sécurité. Quand le chef d’unité est Bassa par exemple, son premier est du Grand Nord, le deuxième adjoint est anglophone et ainsi de suite. Ce qui fait que tous ces hommes s’épient, il est ainsi difficile qu’ils trouvent un terrain d’entente entre eux, qu’ils fassent cause commune.


II- Deux événements catalyseurs et accélérateurs

Ceux qui veulent le départ de Paul Biya au moment où nous écrivons ces lignes ont augmenté en nombre depuis l'arrestation de l'ancien ministre d'Etat de l'Administration territoriale et de la Décentralisation, Marafa Hamidou Yaya et la démission, le 30 novembre 2011, de l'ancien ministre délégué auprès du vice-Premier ministre de la Justice Garde des Sceaux. Ces deux événements ont bouleversé la donne. Mais avant de parler de ces deux événements intéressons-nous à l'opposition ancienne et classique. Dans cette opposition on retrouve le plus puissant par ses troupes et son aura, Ni John Fru Ndi qui ne représente plus une menace pour le régime de Paul Biya, tout comme Adamou Ndam Njoya, le président de l'Udc et l'Undp. Même l'Add de l'ancien ministre Garga Haman Adji qui a fait un score honorable lors du scrutin du 9 octobre 2011 ne peut pas dire qu'il représente une menace réelle pour Paul Biya.

L'ancien Ministre Maurice Kamto fait partie de ceux qui ont compris comme Marafa Hamidou Yaya que le fait était mûr comme nous l'avons dit au début de notre analyse pour le ramasser ou le cueillir. Cet homme né en 1954 qui est d'une intelligence inouïe comme son aîné Baham comme lui, le professeur Augustin Kontchou Kouomegni a compris qu'il ne fallait plus continuer à servir Paul Biya dans le gouvernement pour plutôt se préparer à le remplacer à la tête de l'Etat du Cameroun à la prochaine élection présidentielle de 2018. Et comme dit l'adage populaire: «Qui veut aller loin ménage sa monture», le professeur agrégé de droit a compris qu'il faut donc se préparer dès maintenant. Car continuer à rester au gouvernement, aurait considérablement desservi sa crédibilité, aurait entamé sérieusement son crédit.

Même s'il n'a jamais été un membre du Rdpc mais plutôt un technocrate, Maurice Kamto a compris qu'en continuant à rester au gouvernement; il se mouillerait ce qui ne ferait plus un homme vierge politiquement en se présentant a la présidentielle de 2018 car on aurait dit de lui qu'il a mangé avec Paul Biya, qu'il a dirigé le pays avec lui. Et qu'il est donc responsable de la gestion du pays avec le chef de l'Etat. Alors qu'en démissionnant en novembre 2011, le professeur de droit s'est dit que les gens vont oublier qu'il a servi à un moment de sa vie le locataire d'Etoudi. D'ailleurs, des confidences font état de ce que Maurice Kamto a commencé à se préparer pour cette échéance depuis belle lurette. Ses collaborateurs disent que pendant sept ans passés au gouvernement, il traitait tous les dossiers mais refusait de les signer, laissant le soin au Garde des sceaux, Amadou Ali. Il évitait de se faire piéger! Ce qui rend difficile le rouleau compresseur de monter une cabale contre sa personne.

Une belle manière de se démarquer du régime en faisant une sorte d'autobiographie avec ses faits d'arme dans la déclaration qu'il voulait faire au cours d'une conférence de presse qui avait été interdite. En janvier 2012 (Voir ci-contre). Il n'est nul besoin de commenter ces extraits de la déclaration que devait faire le professeur Maurice Kamto après sa démission du gouvernement, tout au plus on peut retenir qu'il est un patriote qui veut le bien de son pays qui est mal géré par Paul Biya qui doit être remplacé par des gens sérieux et compétents comme lui. Ce discours de l'ancien ministre délégué nous rappelle celui de Marafa Hamidou Yaya dans sa première lettre ouverte à Paul Biya: «Monsieur le président de la République, le 06 novembre 1982, j'ai couru derrière votre cortège du carrefour Warda jusqu'au rond-point de l'école de Bastos. J'étais alors un jeune haut cadre de la Snh; et à ce moment-là, j’étais fier de mon pays. Par la suite, j'ai été séduit par votre discours et je me suis engagé corps et âme derrière vous, convaincu de participer à l'édification d'une société de paix et de justice. J'ai essayé de toutes mes forces de travailler dans ce sens. Et vous le savez. Nos compatriotes également l'apprendront... Je vous ai servi avec loyauté, sincérité et sans préjugé. Commue vous le savez bien, pendant toutes ces fumées, j'ai toujours refusé d'être un courtisan.» (A titre d'exemple, j'ai constamment refusé de m'associer aux folklores des différentes éditions de «l'Appel du peuple»). «J'ai toujours préfère grader une liberté qui me permettait de vous donner; en toute indépendance d'esprit des avis vous permettant de gérer les affaires de l'Etat dans le plus grand intérêt de notre pays. Cette indépendance d'esprit n'avait permis de vous dire, après l’élection présidentielle de 2004 que ce septennat devrait être le dernier pour vous et que nous devrions tous nous mobiliser pour le succès des «grandes ambitions» afin que votre sortie de la scène politique se fasse sans fanfare, que vous jouissiez d'un repos bien mérité, à l'intérieur de notre pays... Monsieur le président de la République, vous me connaissez très bien. Je ne cache ni mes opinions ni mes agissements». Dans sa deuxième lettre ouverte au chef de l'Etat, l'ancien ministre d'Etat en charge de l'Administration territoriale et de la Décentralisation dira: «En effet je suis porteur d'un projet mettant en avant les exigences de Paix et de Justice permettant de bâtir une Société de Confiance... En ce qui me concerne, de là où je suis, je continuerai à parfaire le projet dont je suis porteur et à le soumettre, chaque fois que cela est possible, à la critique de nos compatriotes auxquels je propose d'ores et déjà que nous nous mobilisions tous pour bâtir une Société de Confiance.» Marafa Hamidou Yaya dont les deux premières lettres ressemblent étrangement à la déclaration du professeur Maurice Kamto veut aussi le départ de Paul Biya. Comment pourrait donc s'organiser l'après Biya?


III- Une base idéologique et non ethnique ou partisane

Comme il l’avait annoncé dans sa déclaration de janvier 2012 après sa démission du gouvernement, Maurice Kamto est passé à l'acte le 13 août 2012 à l'hôtel Hilton de Yaoundé pour lancer son «Mouvement pour la renaissance du Cameroun» dont la cérémonie n'est pas allée à son terme après l'intervention assez musclée du sous-préfet de Yaoundé3. La démarche du professeur Maurice Kamto, citoyen camerounais est tout à fait normale, logique: il ne doit pas tomber dans le piège du tribalisme. En effet le Mouvement pour la renaissance du Cameroun doit fonctionner sur une base Néologique et non partisane ou ethnique sinon il court vers un échec cuisant. Les gens qui vont y adhérer doivent venir de tous les quatre coins du pays. Si Aurore Plus le dit d'une manière claire et à haute voix, c'est parce qu'il a entendu d'autres sons de cloche qui disent que Maurice Kamto est là pour les Bamiléké qui doivent à tout prix prendre le pouvoir à l'horizon 2018 après le Grand Nord avec Ahmadou Ahidjo et Paul Biya pour le Centre, Sud et Est. Un peu comme on disait que Victorin Hameni Bieleu était à côté de Fru Ndi pour que celui-ci gagne l'élection présidentielle de 1992 et que Hameni Bieleu avec l'aide des autres Bamiléké du Sdf évince le Chairman Fru Ndi pour prendre sa place.

On raconte que de nombreuses personnalités bamiléké, issues du Rdpc, de l'opposition, de la société civile, du secteur privé soutiennent l'ancien ministre Kamto. Ce dentier ne doit pas oublier qu'il est clairement dit dans la déclaration officielle du Mrc: «Le Mouvement pour la renaissance du Cameroun est structuré autour d'un pragmatisme idéologique porté par les valeurs républicaines. Patriotique et panafricaniste.» Après le Grand Nord et les Beti, pourquoi pas un Anglophone du Nord-Ouest ou du Sud-Ouest pour diriger le Cameroun? D'ici à 2018, année probable du départ du Paul Biya du pouvoir, bien de choses et de surprises pourraient avoir lieu.


01/09/2012
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