Succession de Paul Biya: René Emmanuel Sadi écarté de la course?

DOUALA - 07 Février 2012
© Alain NOAH AWANA | Le Messager

Pour la première fois depuis 1982, l'actuel ministre de l'Administration territoriale et de la Décentralisation ne fait pas partie de la délégation officielle du président de la République à l'extérieur du pays. Ce qui fait dire à certains qu'il pourrait ne plus être dans les bonnes grâces de Paul Biya.

Le chef de l'Etat camerounais est en «court» séjour privé en Europe depuis mercredi 1er février 2012. Comme à son habitude lorsqu'il se déplace hors du pays, Paul Biya emmène femme et enfants dans sa suite, ainsi que de nombreuses personnalités de la République. Après avoir créé la surprise en séjournant pour une des rares fois depuis des années plus de 150 jours successifs au Cameroun, Paul Biya s'est envolé vers le continent européen. En créant une autre surprise: dans ses «valises», point de René Emmanuel Sadi. Le ministre actuel de l'Administration territoriale et de la Décentralisation (Minatd) n'est pas de ce voyage.

Un fait inédit quand on sait que depuis l'accession de Biya à la magistrature suprême en 1982, René Emmanuel Sadi faisait systématiquement partie de la délégation du président de la République, en toute circonstance, hors du pays. Sauf lors du déplacement de Paul Biya en Côte d'Ivoire pour assister à l'investiture du président Alassane Dramane Ouattara, le 21 mai 2011. On se souvient en effet de certaines «activités» récentes au sein du Rdpc reportées justement parce que le Sg du comité central du parti des flammes accompagnait le président de la République.


Un dauphin...

Originaire du Mbam et Kim (région du Centre) et né en 1948 à Maroua dans la région de l'Extrême-Nord, ce licencié en droit et diplômé de l'Institut des Relations internationales (Iric) de Yaoundé a occupé de hautes fonctions sous Ahmadou Ahijo et Paul Biya. Discret durant toutes ces longues années, il a occupé de hautes fonctions comme celle de secrétaire général adjoint de la présidence de la République. L'homme a même été le conseiller diplomatique de Paul Biya durant plusieurs années. Puis, René Emmanuel Sadi sera propulsé au devant de la scène nationale le 4 avril 2007. Il est alors fait secrétaire général du comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc). Un poste idéal, selon certains décryptages de la scène politique nationale, pour prendre plus tard la place du prince. On voit alors en René Sadi le successeur du chef de l'Etat, au pouvoir depuis deux décennies. Surtout qu'entre temps, on a quasiment «éliminé politiquement» les pontes du régime qui avaient peu ou prou montré leurs velléités présidentielles.


Sur la touche

Mais, aujourd'hui, les choses semblent aller différemment. La nomination, le 9 décembre 2011 de René Emmanuel Sadi au poste de ministre de l'Administration territoriale et de la Décentralisation avait suscité de nombreux commentaires. Selon certains, il est question pour Paul Biya de l'habituer au commandement, donc de le préparer à sa succession. Par contre, d'autres estiment que c'est toute autre chose. Selon cette catégorie de personnes, René Emmanuel Sadi «est dorénavant mis sur la touche (...) C'est une porte de sortie honorable qu'on lui a réservée, en attendant de voir ce qu'on fera de lui. On connaît la frilosité de Paul Biya lorsqu'il s'agit de sa succession. Et les actes vont se multiplier pour savoir si Sadi peut réellement continuer à être présenté comme le dauphin de Paul Biya», dira un observateur de la scène politique camerounaise.

Le dernier acte du président Pour appuyer cette thèse est le fait qu'il a décidé de ne pas l'amener dans son voyage. Un acte inédit, rappelons-le, depuis 29 ans. D'aucuns y voient donc la volonté du président de la République de mettre fin au réseau bien huilé que René Sadi, au fil des années, aurait instauré au sein du Rdpc. Un réseau qui pouvait le soutenir au moment où on finira par parler franchement et ouvertement de la succession de l'actuel chef de l'Etat. En le débarquant de la plus haute fonction du parti et en le laissant désormais en dehors de certains de ses secrets, le président de la République a-t-il décidé de «couper la tête» à un dauphin? Il faut noter deux choses: l'opinion publique le considérait et le présentait véritablement comme son dauphin; Paul Biya n'aime pas entendre parler de quelqu'un comme son successeur. L'avenir nous le dira...





07/02/2012
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