Stratège politique: Ces politiciens qui bradent le Cameroun

YAOUNDÉ - 30 Aout 2012
© Gabriel Noah | Libération Plus

Certains camerounais ont pris la stratégique option d'aller chercher l'onction des puissances étrangères pour s'imposer politiquement de l'intérieur. Une pratique qui n'est pas sans appauvrir complètement le pays.

Le phénomène part des lendemains des prétendues indépendances. Expérimenté avec brio au Congo Kinshasa par Mobutu Sésé Séko Koukou Nguendo Wazabanga Joseph Désiré, bourreau de Patrice Emérit Lumumba, puis dans l'immense majorité des politiciens africains de cette ère. Elle a connu son implication du Cameroun, suite au soutien apporté par la France de De Gaulle et son armée contre le tout premier Premier ministre camerounais, André Marie Mbida et la rébellion post-indépendantiste, processus dans lequel 300 000 camerounais, majoritairement ressortissants de la partie Ouest du pays, laissèrent leurs vies. Fort de cette ingérence miteusement planifiée, le président Hamadou Ahidjo se maintient au pourvoir avec à la clé, l'instauration du monopartisme comme modèle politique.

Arrivé au pouvoir à l'aube de la décennie 1980, le président Biya, bien que désigné par son prédécesseur à sa succession, ne se démarquera pas de ce concubinage avec l'ancienne et très présente puissance coloniale, la France.

Quelques mois avant son interpellation, il se susurrait que l'ex-Minatd Marafa Hamidou Yaya entretenait de solides liens politiques avec le pouvoir de Nicolas Sarkozy. L'on vivait alors sous la hantise d'un éventuel débarquement à la Laurent Gbagbo du trône du président Biya, non sans redouter un bain de sang analogue à celui qui avait accompagné l'intrusion manu militari d'Alassane Ouattara dans la plus haute sphère du pourvoir Ivoirien.

L'ambassadeur de France au Cameroun, Bruno Gain, s'expliquait sur le sujet il y a quelques semaines, déclarant que Marafa Hamidou Yaya ne jouit d'aucune implantation dans les milieux politiques français, bien après la chute de Sarkozy. L'aurait-il dit avant l'arrivée de Hollande? Rien n'est moins sûr.

Toutefois, moins d'une semaine avant l'incompréhensible interdiction de la conférence de presse du Hilton hôtel, organisée par le Docteur Alain Fogué Tedon, à laquelle prenait part Maurice Kamto, le chiffre de 4 milliards de francs qui serait possédés par ce dernier pour ses activités politiques était avancé, non sans évocation de ses amitiés et la très forte aura dont il jouirait dans les milieux Internationaux, notamment en France et aux Etats-Unis d'Amérique. Quelle est la provenance de ces fonds, à l'heure où les mêmes voix qui supportent ces inepties revendiquent becs et ongles, la mise en application de l'article 66 de la Constitution sur la déclaration des biens? Nul n'y songe, dès lors qu'il s'agit d'un opposant. Biya "must go", même si la France impose un autre valet à la tête de l'Etat camerounais.

Il ne fait ainsi l'ombre d'aucun doute que les Africains ont résolument adopté le système du parrainage des puissances étrangères dans la conquête du pourvoir politique, au mépris de l'inféodation qui accompagne l'aberrante pratique de la soumission aux autres, activant par ce fait tous les leviers de l'ingérence. Celle-ci ne profiterait alors exclusivement qu'à ceux qui vont la solliciter, sans pourtant manquer de révéler à la face du monde son carcan d'assassinats politiques et économiques autant qu'elle enferme définitivement le continent dans une dépendance dont seuls les peuples font les frais. Les Etats africains sont ainsi à ce jour séquestrés par les instances appartenant à ces Etats dominants, lesquels méprisent souverainement par la suite les institutions étatiques africaines.

Il suffit dès lors qu'un chef d'état négrier de la France nourrisse un fantasmagorique désir de changer une de ces marionnettes à la tète d'un Etat africain pour que, au mépris de la vie des nègres, il procède à l'envoi de soldats lourdement équipés à l'effet d'accomplir le débarquement de qui il veut. Les exemples les plus récents de la Côte d'Ivoire et de la Libye illustrent parfaitement le fait que seuls les intérêts des pays occidentaux prévalent dans le choix de ces postiches. La simple logique interpelle ainsi les acteurs politiques à s'interroger sur le change apporté à ces options. Il y va de soi que la sauvegarde des intérêts économiques détermine toujours ces décisions lourdes de conséquences, mais l'humanité devrait passer avant, si tant est qu'ils feraient face à une sévère carence de victimes, sans ces esclaves qui leur répugnent tant. Les cas de la République gabonaise avec son président Ali Bongo trouvant en ce moment dans le viseur de la France, suivi de la Guinée Equatoriale dont le fils du Chef de l'Etat affronte les affres d'une odieuse persécution de ce système de dénomination, devraient pourtant appeler à la réflexion. Que non!

Plaçant leurs égoïsmes en avant, le nom "peuple" cyniquement accroché sur le bout des lèvres, ils s'introduisent dans un labyrinthe dont ils prétendent dénoncer les revers, aussitôt qu'ils en sont rejetés. Une autre façon de conquérir le pouvoir politique s'impose en Afrique, si l'on souhaite réellement extirper ce continent du paupérisme occidental et de cette cohorte d'aventuriers dits politiques.




02/09/2012
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