SONARA: Charles Metouck, Bekolo Mbang et les 2 milliards de fuel lourd de Kribi

Yaoundé, 22 février 2013
© Calvin Calyxthe N'nanga (L'Info) | Correspondance

Les dessous du limogeage de l'ancien patron de la raffinerie de Limbe entériné vendredi dernier au terme d'un Conseil d'Administration extraordinaire de cette entreprise à capitaux publics.

Il est une constance selon laquelle, depuis de longs mois, le moindre battement de cils de Charles Metouck, en poste depuis 2001, était épié. A plus d'une reprise, les enquêteurs du Contrôle Supérieur de l'Etat, les fins limiers de la Division des Enquêtes Economiques et Financières de la Police Judiciaire ont multiplié des descentes au sein de la Société Nationale de Raffinerie (SONARA), alors que cette entreprise relevant du portefeuille de l'Etat était en plein chantier d'extension; chantier qui, à terme, va engloutir pas moins de 300 milliards de F CFA. Régulièrement aussi, l'ancien patron de la raffinerie de Limbe contre lequel pèsent de lourds soupçons de fautes de gestion, va arpenter les couloirs du Conseil de Discipline Budgétaire et Financière du Contrôle Supérieur de l'Etat, où il est appelé à s'expliquer devant les membres dudit Conseil. Toute chose qui explique pourquoi une certaine presse n'avait pas hésité à dresser le profil bas de Charles Metouck dont le nom est régulièrement cité dans la liste des cibles de l'Opération Epervier. Plusieurs confrères avaient annoncé, il y a belle lurette, l'imminence de son limogeage, suivi de son arrestation. Mais des jours, des semaines, des mois, voire des années se sont succédés et le natif de la localité de Mouanko en Sanaga-Maritime est toujours en poste. Et ce jusqu'au vendredi 15 février dernier, date à laquelle Charles Metouck sera débarqué à la tête de la raffinerie de Limbe au terme d'un Conseil d'Administration extraordinaire de la SONARA. Des assises tenues en présence de celui-là qui assure la tutelle technique de cette entreprise, à savoir Dr. Basile Atangana Kouna, Ministre l'Eau et de l'Energie.

Toutes proportions gardées, malgré les soupçons de détournement qui accablaient la gestion de l'ancien Directeur Général de la SONARA, jamais le moindre indice démontrant sa culpabilité ne sera fourni ni par les enquêteurs du CONSUPE, ni par les fins limiers de la Police Judiciaire, ni même par les membres du Conseil de Discipline Budgétaire et Financière du CONSUPE. Pour sa part, Charles Metouck se disait toujours serein, d'autant plus affirmait n'avoir rien à se reprocher. Sans doute, c'est la raison pour laquelle le digne fils Bakoko est encore resté longtemps aux affaires avant d’être récemment éjecter de son poste. C'est dire en clair que les vraies raisons de son limogeage se trouvent ailleurs. Selon des sources généralement bien introduites, l'homme d'affaires, Jean Claude Bekolo Mbang, promoteur de la SOCAEPE, une société à capitaux privés se mouvant dans la commercialisation des produits pétroliers, a fini par avoir la tête du prédécesseur de Bernard Eding (de regretté mémoire) à la tête de la raffinerie de Limbe. C'est que, d'après les mêmes sources dignes de foi, le très influent marketeur -Bekolo Mbang- est le concessionnaire du marché de l'approvisionnement du fuel lourd qui doit alimenter la nouvelle centrale thermique de Mpolongwé, à l'entrée de la cité balnéaire de Kribi. AES-SONEL, à travers KPDC, a déjà achevé la construction de la centrale. Les essais de la centrale alimentée au fuel lourd, en attendant l'arrivée du gaz naturel, se sont avérés concluants. Avec la mauvaise gestion des étiages par AES-SONEL, les délestages sont de retour. Pour réfréner les coupures intempestives de l'énergie électrique, l'opérateur n'attend plus que le fonctionnement de la centrale de Kribi. Or, la mise en service de cette unité de production est tributaire de son approvisionnement en fuel lourd, étant entendu que la Société Nationale des Hydrocarbures (SNH) et son partenaire PERENCO n'ont pas encore fourni le gaz.

KPDC a déjà débloqué l'argent pour alimenter la centrale de Kribi en fuel lourd. Bekolo Mbang, déjà lourdement endetté auprès de la SONARA, y dépose un chèque d'une valeur de 2 milliards FCFA. Sans se faire prier, Metouck Charles encaisse le chèque, mais ne livre pas le fuel lourd. Pour lui, les 2 milliards représentent du pain béni; le patron de la raffinerie de Limbe affecte cet argent au règlement d'une ardoise laissée par le tout puissant homme d'affaires originaire du Nyong et Mfoumou. Malgré moult négociations, Charles Metouck va maintenir sa décision. II ne livrera pas le fuel lourd attendu pour lancer la centrale de Kribi. Entretemps, les délestages deviennent de plus en plus récurrents. Des voix s’élèvent pour exiger la fin des coupures Intermittentes d'électricité. Pour peu, Douala se serait embrasé à cause des délestages qui ont occasionné la mort de quatre enfants dans une même maison partie en fumée. L'incendie étant provoqué par une bougie restée allumée alors que le courant était coupé. A la suite de ce malheureux incident, une foule en furie prendra d'assaut l'agence AES-SONEL de Ndokotti à Douala avec l'intention d'y perpétrer des actes de sabotage.

Heureusement, la soldatesque de la métropole économique réussit à étouffer ce qui, le mardi 13 février dernier, prenait vraisemblablement les contours d'une émeute. Inquiet, le plus haut sommet de l'Etat exige des explications. AES-SONAL est sommée de se justifier sur le retour des délestages. Dans son argumentaire, l'opérateur public du service d'électricité évoque naturellement la thèse du retard accusé dans la mise en service de la centrale thermique de Kribi et dénonce la non disponibilité du fuel lourd nécessaire au fonctionnement de cette centrale thermique.

Interpellé à son tour, Bekolo Mbang, dans ses explications, charge surtout l'ancien patron de la raffinerie qu'il rend responsable de la pénurie d'électricité actuelle. On sait les accointances du premier à la Présidence de la République. Revanchard, Bekolo Mbang et ses amis vont réclamer, avec succès, la tête de Charles Metouck. Celui-ci sera finalement limogé le vendredi 15 février. Son successeur n'est autre qu'Ibrahim Talba Malla qui continue à cumuler le poste avec ses fonctions de Directeur Général de la Caisse de Stabilisation des Prix des Hydrocarbures (CSPH). Le limogeage de Charles Metouck va aussitôt entraîner sa déchéance.



24/02/2013
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