Social Democratic Front:1990-2010:20 ans d'imposture et de désillusions démocratiques

Écrit par Jean Bosco Talla | Yaoundé

Vendredi, 28 Mai 2010 15:28

Le Social Democratic Front (Sdf) et son Chairman Ni John Fru Ndi ont soulevé les foules au début des années 90 à travers des slogans et les points levés. Mais, on constate que le changement annoncé ou promis n'a pas eu lieu. Redécouverte d'une formation politique en proie aux crises internes, au passé ambigu et à l'avenir flou Il y a de cela 20 ans, précisément, le 26 mai 90, le Social Democratic Front (Sdf) faisait vibrer le coeur de ses membres et sympathisants en leur administrant par overdose le slogan " Suffer don finish ", " Power to the people, le pouvoir au peuple ".


Aux yeux de ceux-ci, cette devise du parti du Chairman Ni John Fru Ndi, marquait une rupture avec les pratiques ambiantes au sein du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), exparti unique, qui consistaient en la fabrication des politiciens par décret, très souvent des jouisseurs invétérés et une poignée d'opportunistes et d'hypocrites spécialisés dans les détournements des deniers publics, dilapidateurs de la fortune publique et qui se jetaient (ou se jettent) tels des charognards sur un peuple famélique, éreinté par plusieurs années de gestion catastrophique d'un pays aux potentialités impressionnantes. C'était, croyaient-ils entendre, la dynamique d'un manichéisme social voulu et entretenu, avec d'un côté les crève-la-faim et de l'autre " les hommes bien de là-bas ", que le Sdf ambitionnait de briser. C'était, hélas !, oublier qu'en politique, il y a un fossé entre vouloir et pouvoir.

 

En 1789, la révolution française, formalisée à leur manière par Montesquieu dans L'esprit des lois et J.J. Rousseau dans Du contrat social, a formellement établi que le pouvoir appartient au peuple souverain qui l'exerce par l'intermédiaire de ses représentants élus. Les partis politiques dont la finalité est la conquête du pouvoir politique afin de traduire dans les faits leurs programmes, sont des structures regroupant hommes et femmes unis par les mêmes idéaux. A chaque fois, les combats politiques se déroulent sous la bannière d'un slogan qui cristallise et ramasse en une formule les ambitions d'un groupe partisan constitué. Celui du Sdf, " Le pouvoir au peuple ", est une vaste ambition digne de Robin des bois.

Les difficultés auxquelles le Sdf est aujourd'hui confronté traduisent l'incapacité de ce parti à traduire dans les faits les aspirations des populations et contenues dans les slogans que responsables, militants et sympathisants n'ont cessé de ressasser à longueur de discours et de meetings. Elles ne sont pas spécifiques à ce parti. Elles traduisent aussi l'incapacité des dirigeants de ce(s) parti(s) à transcender des divergences inhérentes à tout groupe constitué, à se soumettre aux principes démocratiques qu'ils prônent du bout des lèvres et à privilégier les intérêts supérieurs du parti.

Les crises multiformes, le grabuge, le goût du lucre, la confusion, les exclusions massives des membres, les guerres de tranchées que l'on a observé - il n'y a pas longtemps et que l'on continue d'observer au sein du Sdf - sont révélateurs de ce que les slogans n'étaient que des miroirs aux alouettes utilisés pour attirer des sympathisants naïfs, des véritables volutes de fumée qui masquaient des intérêts égoïstes, les stratégies de confiscation du parti et de collaboration avec le parti au pouvoir. Autrement dit, l'incapacité des responsables du Sdf à concrétiser l'objet de leur slogan est révélatrice de la vacuité des motivations ayant déterminé leur entrée en politique.

Le temps a permis de bien connaître ces messies d'un autre genre, ces " leaders charismatiques ", qui disent toujours vouloir instaurer la démocratie au sommet de l'État sans être apparemment capables de le faire à l'intérieur de leur parti. Il est apparuaux yeux du commun des Camerounais que ce ne sont que des roitelets, des despotes qui veulent bien " régner " sur leur parti en envoyant à la guillotine du 8.2 tous ceux qui pensent autrement. La croissance presqu'exponentielle du nombre et de la qualité des exclus dans ce parti, la systématisation des purges, les remous de Bafoussam montrent que quelque chose ne tourne pas rond dans le fonctionnement du Sdf et qu'il traverse une crise profonde. Cette crise, semble n'avoir pas été le fait des déstabilisateurs comme avaient tenté d'affirmer les lieutenants de John Fru Ndi. Car ce n'est pas parce que des gens ont exprimé leur désaccord avec les dérives totalitaire et managériale par leur départ ou par la contestation interne que la crise est née. C'est parce que la crise existe que les autres contestent le mode de gestion de Fru Ndi considéré comme la cause du mal.

ANTI-DÉMOCRATISME

Si on s'en tient aux dénonciations régulièrement publiées dans les journaux depuis quelques années, mais aussi à certaines investigations et confidences des dirigeants et militants du Sdf, trois principales choses sont reprochées avec amertume au Comité national exécutif (Nec) : le déviationnisme, des pratiques anti-démocratiques et une certaine opacité dans la gestion patrimoniale du parti. S'agissant du déviationnisme, il a trait au fédéralisme biculturel défendu par les séparatistes anglophones du Southern Cameroon National Council (Scnc).

De nombreux militants et responsables - pas seulement francophones - affirment que le manifeste initial du Sdf ne mentionnait pas plus le fédéralisme biculturel que la défense régionaliste des intérêts anglophones. A juste titre, semble-t-il, puisque si on jette un regard sur ledit manifeste ainsi que les statuts originaux, on voit qu'on parle de large décentralisation, par la dévolution des pouvoirs, ce qui justifie le slogan " pouvoir au peuple ". Le mot fédéralisme, mention non faite du biculturalisme - apparaît seulement après le deuxième congrès ordinaire du Sdf tenu en juillet 1993 à Bafoussam. Certains militants qui y étaient estiment que cenouvel objectif n'y avait pas été discuté, parce que ne figurant pas à l'ordre du jour.

 Cependant mis sur le tapis au sein de la commission constitutionnelle à une heure très tardive de la nuit, le projet avait provoqué une suspension de séance. C'est finalement une session du Bureau exécutif national réunie à Bamenda au lendemain des assises de Bafoussam et sous l'influence des founding fathers, qui a introduit cette pomme de discorde, comme amendement, dans les statuts. Faut-il le souligner, le secrétairegénéral d'alors, feu Siga Asanga, avait refusé de l'authentifier par sa signature, pour non respect de la procédure statutaire.

L'effet déstabilisateur de ce coup de force n'avait pas tardé de se faire ressentir. Certains militants avaient été dégommés de leur poste pour avoir protesté et, jusqu'aujourd'hui, d'autres parmi ceux qui sont restés dans le parti ne se reconnaissent pas dans cet objectif et préconisent un retour à l'objectif originel, à savoir : la large décentralisation. Les contacts et négociations nocturnes entre certains membres influents du Sdf et les responsables du Rdpc sont également considérés par une franche de militants comme étant des attitudes et comportements déviationnistes. L'anti-démocratisme reproché à John Fru Ndi est assez évident dans le comportement paranoïaque qu'il avait progressivement adopté depuis le lendemain de l'élection présidentielle d'octobre 1992 et dont les preuves sont quotidiennement administrées aux Camerounais.

Entre autres : tendance maladive à vouloir toujours être le porte-parole, le candidat unique et éternel de toutes les coalitions de l'opposition, quels que soient le temps, le lieu et l'époque, attaques contre ses directeurs de campagnes, manoeuvres pour l'exclusion des secrétaires généraux successifs du parti, cooptation des délégués non élus à la Convention de Douala pour s'assurer qu'il ne serait pas battu au vote d'investiture par Me Bernard Muna, mise à l'écart par des méthodes staliniennes de tous les militants qui s'opposent à la patrimonialisation du Sdf. L'anti-démocratie de Fru Ndi se manifeste aussi par son désir d'être le président à vie du Sdf comme son complice Paul Biya qui veut présider à vie aux destinées du Rdpc et du Cameroun.


Sur le plan symbolique, la confiscation du Sdf par John Fru Ndi s'observe aussi à travers la fréquence avec laquelle, il n' y a pas longtemps à Yaoundé (et très souvent à Bamenda), il se plaisait à organiser les conférences de presse dans son domicile privé où, comme pour indiquer aux journalistes son modèle de référence en matière de lutte politique pour le changement et l'avènement d'un Cameroun meilleur, il laisse trôner derrière lui, et au dessus des couleurs du parti, la photo de  sa tendre épouse, décédée il y a quelques années. Comme si le Sdf était incapable d'acquérir et de placer derrière son leader un drapeau ou une carte du Cameroun ou comme si ce parti était incapable de louer une salle dans la ville de Yaoundé pour tenir une conférence de presse. En tout cas, le Sdf est la chose de Fru Ndi. Et dans son domicile privé, ne lui demandez pas de s'effacer pour soutenir un autre candidat de l'opposition à une élection présidentielle. Il réagira comme un adolescent et vous dira que la politique, c'est comme le " Njangui ". Paul Yamga-Tientcheu dans son opuscule " Le Social Democratic Front se meurt-il ? Le mal des oppositions africaines ", n'utilise pas de périphrase pour décrire Ni John Fru Ndi. Cet auteur écrit : " C'est un homme rancunier et paranoïaque. Il supporte très mal les critiques portées à son égard par les soi-disant "intellectuels du parti ". Persuadé qu'il est sur l'échiquier politique national, seul en mesure de défier le régime de Monsieur Biya, il est de moins en moins ouvert aux débats constructifs et considère les cadres du parti comme ses simples sujets et non comme collaborateurs.

De surcroît, il se comporte toujours comme partie et non comme juge dans toutes les affaires que connaît le Sdf telles que l'affaire Asanga, affaire Mahamat. Il ne prend pas la peine d'analyser le pour et le contre avant toute décision […] Il est intolérant. Il est prêt à porter atteinte à l'intégrité physique des dissidents […] Il n'est même pas conseiller municipal de sa ville. Voilà un homme politique ambitieux qui ne peut être invité que comme chef de parti, alors qu'une position de maire ou de député lui ouvrirait grande d'autres portes et d'autres expériences aussi […]. " Certaines décisions prises au sein du Sdf sous l'instigation et les manoeuvres de John Fru Ndi et de ses affidés, et qui ont poussé certains militants à se tourner vers les tribunaux, corroborent la description ainsi faite.

Les pratiques paternalistes, la confiscation du parti par les anglophones qui occupent des postes clés (présidence, vice présidence, secrétariat général) et tout le reste sont également décriées par les militants qui estiment que certaines composantes de la société camerounaise ne sont utilisées au sein du Sdf que comme des faire-valoir. Leurs critiques n'épargnent pas la gestion opaque et patrimoniale du parti. Pour s'en convaincre, il suffit de se remémorer les déclarations d'un ex trésorier de ce parti. Jusqu'ici, soutiennent certains militants du Sdf rien n'a fondamentalement changé dans la gestion financière et matérielle du parti. " Fru Ndi, salarié du Sdf et le Trésorier national gèrent les finances du parti comme leur chose ", lance un militant dépité. " Sans oublier que le parti est infiltré jusqu'au sommet ", fulmine-t-il. GESTAPO Certes, l'objectif ultime d'une formation politique est l'accession où la conquête du pouvoir politique.

Si rien ne change, la gestion actuelle du Sdf préfigure ce que ses dirigeants feront de la société camerounaise quand ils arriveront à la tête de l'État. Au regard de la situation du Sdf et de l'assassinat de Grégoire Diboulé, des observateurs soutiennent, à tort ou à raison, que c'est comme cela que le Cameroun sera géré si un jour le Sdf de John Fru Ndi prenait le pouvoir politique. Sinon on ne comprend pas pourquoi ceux qui se disent démocrates choisissent l'arme de la violence et de l'assassinat pour résoudre les conflits, là où il faut faire appel au dialogue, à la négociation et à la recherche du compromis. Peut-être font-ils semblant d'ignorer que " la démocratie est, la possibilité pour chaque citoyen d'exprimer son désaccord ou son accord en public, sans pour cela en être inquiété, et tout en étant prêt à assumer les conséquences de ses paroles et des ses actes ", s'il faut parler comme feu Victor Kamga. Peut-être ignorent-ils que la démocratie contribue à éviter que l'État et les partis politiques ne soient sous l'emprise d'autocrates cruels et malfaisants, comme le dirait Robert Dahl.

S'il est vrai que dans les  écrits et les discours, le Sdf de John Fru Ndi se dit être un parti démocratique au sein duquel la légitimité est acquise par voie d'élections, il n'en demeure pas moins vrai que les faits trahissent les discours. Les actes que posent les militants et dirigeants de ce parti donnent froid dans le dos. Un parti et/ou un leader politique qui font de l'assassinat et de la violence réelle et/ou symbole leurs seules méthodes de gestion des conflits normaux inhérents à tout groupe constitué, sont des partis ou des leaders politiques dangereux à éviter par les démocrates camerounais. L'assassinat de Grégoire Diboulé n'était pas un épiphénomène, encore moins un acte anodin dont il suffisait de balayer du revers de la main. Il était révélateur, faut-il le répéter avec force et insistance, de la manière dont John Fru Ndi et son Sdf gouverneraient le Cameroun si un jour ils accédaient au pouvoir.

Au vu des moyens utilisés pour résoudre les crises au sein du Sdf, les pourfendeurs de cette formation politiques n'hésitent pas à remercier Dieu pour n'avoir pas permis à cet autre Hitler, ce Führer tropical d'accéder à la magistrature suprême en 1992. Si tel avait été le cas, quel sort aurait été réservé aux têtes de Siga Asanga, Dorothée Kom, Charly Gabriel Mbock, Edouard Tankwé? Quel sort serait réservé aux Ngwasiri, Asongany, Bernard Muna, Mahamat, Maidadi Seidou, Basile Kamdou et à tous ceux qui ne voient pas les choses de la même façon que John Fru Ndi et ses thuriféraires ?, pour ne citer que ceux là. Évidement le même que celui réservé à Grégoire Diboulé. Si d'aventure Fru Ndi était installé à Etoudi, il est probable qu'il confierait la sale besogne à sa Gestapo qui fabriquerait des complots avec enregistrement et des photos montés de toutes pièces pour justifier l'assassinat de ses adversaires réels ou supposés.

Sur un tout autre plan, on est quelque fois surpris lorsque Fru Ndi se défend d'être à la solde du régime de Monsieur Biya. Des situations nous reviennent à l'esprit. Elles méritent d'être évoquées. En 1992 et 1994, un certain Docteur T, organisait au sein Sdf la chasse aux sorcières avec l'assistance technique du Régime de M. Biya et d'une certaine France. Il avait conduit pour le compte de Fru Ndi les négociations avec le " milliardaire de Nsimeyong " et un certain Yvon Omnes pour un gouvernement d'union nationale avec le système Biya, (pendant que Fru Ndi était en résidence surveillée), puis pour le Conseil d'État qu'il avait proposé en 1994 comme une initiative du Sdf. Plus tard, au cours d'une réunion de Comité exécutif national, Fru Ndi avouait que ce gadget lui avait été imposé par ledit Docteur T.

On peut aussi se souvenir des démarches entreprises auprès du Sultan des Bamoun…et feu Mgr Jean Zoa, afin que ceux-ci proposent à M. Biya la nomination comme Premier ministre d'un ambassadeur de la République du Cameroun qu'il avait coopté au Comité exécutif national du Sdf pour services (bancaires) rendus. Il nous revient aussi à l'esprit cette attitude suspecte de John Fru Ndi, le 13 novembre 1991, au moment de la signature des accords de la Tripartite. En effet, ce jour là, vers 13 heures, tous les délégués parmi lesquels John Fru Ndi dont le parti avait suivi, de bout en bout, les travaux de la Tripartite, se trouvaient au Palais des congrès de Yaoundé. Ils attendaient le Premier ministre d'alors, Sadou Hayatou, aux fins de signature des accords. Appelé d'urgence par le président Paul Biya, le Premier ministre avait dépêché un émissaire auprès des délégués pour les informer du report de l'heure de la signature à 16 heures. Curieusement, John Fru Ndi avait réussi l'exploit de poser un lapin à tous les délégués présents à l'heure convenue pour la signature. Finalement, la signature des accords s'était faite à 16h 30 mn en son absence.

Mais, pourquoi Fru Ndi avait-il abandonné subrepticement les autres membres de laCoordination sans message d'explication ou de désolation, ni excuse ? Que s'était-il donc passé durant ce laps de temps (de 13 à 16 heures) entre John Fru Ndi et le Gouvernement ? Pierre Flambeau Ngayap, dans son ouvrage, L'opposition au Cameroun. Les années de braise, publié aux Éditions L'Harmattan, affirme qu'ils apprendront que John Fru Ndi s'était ravisé à la faveur du contretemps du Premier ministre et avait quitté la ville sans leur dire au revoir ni leur laisser le moindre message d'explication, d'excuse ou de désolation. Ils apprendront plus tard, poursuit-il, " qu'il avait changé d'avis parce qu'il ne voulait pas signer un document présenté uniquement en français (qu'il ne lit pas) ". Comme si, séance tenante, avant d'opposer sa signature, John Fru Ndi n'avait pas le droit d'exiger la traduction des accords en anglais (qu'il lit), lui qui, à l'ouverture des travaux de la Tripartite avait prononcé l'un des discours les plus virulents qui accablait le régime en place. C'est dire si cet argument avancé pour justifier le revirement suspect de Fru Ndi était spécieux.

Il est d'ailleurs battu en brèche par des révélations de Le Nouvel Indépendant du 22 novembre 1993 qui avait parlé d'une rencontre secrète- jamais démentieau cours de laquelle un pacte secret avait été signé entre Fru Ndi et Omgba Damasse, alors " l'homme de l'ombre " de Paul Biya, moyennant espèces sonnantes et trébuchantes, rencontre ayant abouti à la non participation du Sdf aux législatives du 1er mars 1992. John Fru Ndi, tout en reconnaissant avoir rencontré Omgba Damasse en présence d'Yvon Omnes, avait prétendu, sans convaincre, qu'il avait repoussé l'offre du " milliardaire de Nsimeyong ". Ce qui avait poussé Le Nouvel Indépendant de revenir à la charge. Le harcèlement de ce journal avait suscité l'ire de certains membres du Sdf qui s'étaient déportés au siège du journal, sis à Biyem Assi, rue des Bambous, pour protester verbalement contre lesdites révélations. Indifférent aux manoeuvres d'intimidations du Sdf, Le Nouvel Indépendant n° 024 du 22 au 29 juin 1994 revenait, une fois de plus, à la charge en portant à la connaissance de ses lecteurs cette démarche du Sdf et en précisant qu'au cours de ladite rencontre ayant eu lieu à l'heure de Morphée (2 heures Gmt), des valises suspectes étaient passées de mains en mains.

Des situations pareilles sont légion depuis 1992 jusqu'à nos jours. C'est la raison pour laquelle, les Camerounais n'ont pas pris à la légère les déclarations de Simon Achidi Achu publiées dans les colonnes du quotidien Le Jour du 02 mars 2009. Dans les colonnes de ce quotidien, celui-ci laisse  sous-entendre que Paul Biya a déjà reçu " en coulisses " Fru Ndi, vraisemblablement par le biais de ses émissaires, étant donné que contacts et négociations politiques se déroulent dans la discrétion, loin des regards. Aussi l'ex Premier ministre, pour mieux préciser sa pensée, interroge-t-il : " S'il [Paul Biya] recevait John Fru Ndi en coulisses comment pouvezvous savoir ? Avant d'ajouter : " La politique n'a pas besoin de fanfare. Elle n'a pas besoin de publicité ". Dont acte ! On ne saurait oublier les négociations en coulisses, révélées par Le Messager, conduites par les émissaires du Rdpc et ceux du Sdf en vue de la formation d'un gouvernement d'union nationale.

Vraisemblablement, après son entrée à la mangeoire de l'Assemblée nationale en 1997, le Sdf avait déjà décidé de passer d'un front à un autre. Sans oublier la prise en charge médicale, par le pouvoir, de la défunte épouse de John Fru Ndi après son accident survenu à Yaoundé. Somme toute, les Camerounais ne sont plus dupes. Des membres et sympathisants du Sdf aussi. Les autres leaders politiques non plus. Aussi les conséquences des crises multiples et multiformes qui secouent le Sdf sont-elles nombreuses. Le refus de soutenir une candidature autre que celle du Sdf à l'élection présidentielle semble être un deal télépathique conclu entre le pouvoir en place et le Sdf pour bloquer l'alternance au Cameroun.

Certains analystes avaient pensé, à un moment donné, que l'on s'acheminait vers l'upécisation du Sdf. D'autres avaient estimé que des remous observés au sein de ce parti étaient la preuve de la vitalité de cette formation politique. Il faut pourtant reconnaître que l'avenir immédiat du Sdf est flou. Car, à l'allure où vont les choses au sein de cette formation politique, si l'on considère ce parti comme le socle ou le leader de l'opposition camerounaise aujourd'hui, cela veut dire que notre opposition est au pire une coquille vide ou un tigre en papier, et au mieux une promesse trop fragile. Car lesCamerounais verraient, Ni John Fru Ndi, chef présumé de cette opposition, inconsciemment ou cyniquement assis, en train de se rendre hommage devant un grand miroir, en forme d'idolâtrie populaire, mais sur une embarcation qui tangue au milieu des eaux incertaines peuplées de requins, sous l'effet d'un gigantesque combat de gladiateurs. Ni John Fru Ndi, un démocrate ? Qu'il le prouve en encourageant les courants d'idée et en favorisant l'émergence une alternative crédible au sein du Sdf.


JEAN-BOSCO TALLA
Texte amélioré et déjà publié dans
Germinal n°028.

Source: Germinal: N°057, 26 mai 2010



30/05/2010
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