Service civique: Les frasques de Bidoung Mpkwatt

Yaoundé, 21 Janvier 2013
© Nadine Bella | La Météo

Le ministre de la Jeunesse et Pca de l'Agence du service civique n'en fait qu'à sa tête: arbitraire, promotion clanique, ingérence financière, menaces à peine voilées, torture morale. La liste est longue et le tableau sombre.

L'opinion savait Pierre Ismaël Bidoung Mpkwatt folklorique, voire facétieux. Depuis son retour aux affaires, le personnel de l'Agence du service civique national de participation au développement (Ascnpd) le découvre diviseur. Une sorte de chef de gang qui gaverait de privilèges ses «gens» et interdirait jusqu'à l'accès à leur propre bureau quiconque dont la tête ne lui reviendrait pas.

Dernière victime en date: l'ex-agent comptable au sein de l'Ascnpd. Professionnelle (nous taisons volontiers le nom) formée à bonne école, elle s'est montrée intransigeante devant toute tentative d'ingérence financière du Pca (président du conseil d'administration). Bidoung Mpkwatt, apprend-on, n'aurait pas tout digéré ce crime de lèse-majesté à lui infligé, dans une maison qu'il prend trop volontiers comme sa basse-cour. En guise de représailles, le ministre de la Jeunesse (fonction qu'il cumule avec celle de Pca de l'Ascnpd) aurait adressé une correspondance au vitriol à son collègue des Finances. Dans la lettre, il aurait décrit l'agent comptable comme une personne indisciplinée, arrogante, absentéiste avant de demander purement et simplement son remplacement, à en croire une source bien renseignée. Le ministre Ousmane Alamine Mey, bien que pas dupe des appétits financiers de son collègue et voulant sans doute couper court au conflit qui pointait à l'horizon, a accédé à la drôle de requête.

En effet, il se dit dans les couloirs de l'Ascnpd qu'une somme de 600 millions serait à l'origine de l'hostilité de Bidoung Mpkwatt à l'encontre de l'agent comptable mutée. Cette ligne destinée aux jeunes volontaires avait fait l'objet d'une sollicitation, alors étrangement rubriquée, du Pca: «dépenses régulières». Confronté à une demande de précision, l'ancien ministre de la Jeunesse et des Sports oubliant que l'ordonnancement du budget d'une structure n'incombe nullement à son Pca se serait emporté, et aurait mis un point d'honneur à obtenir la tête de «l'insolente».

Clown. A en croire des sources convergentes, Bidoung Mpkwatt prendrait l'Ascnpd comme sa plantation. La plupart des réunions hebdomadaires qu'il y tient n'ont rien à envier aux shows médiatiques à la Dadis Camara, du nom du fantasque et éphémère président guinéen, tellement le burlesque et le vaudevillesque et la mégalomanie se côtoient, s'entremêlent. Ne ratant aucune occasion de faire sentir aux employés que c'est lui seul qui a pouvoir de recruter ou de limoger, de promotionner ou de rétrograder, le tout puissant Pca fait régner dans la structure un vent de terreur, pareillement qu'il favorise l'avènement et l'installation d'un climat d'espionnage, de délation et de clientélisme. Situation qui renforce son «pouvoir», mais nuit gravement à l'efficacité de l'Ascnpd et à l'atteinte des objectifs républicains à lui fixé par le chef de l'Etat. Rappelons qu'au nombre de ses missions: l'Agence (créée le 23 décembre 2010) assure, entre autres, la formation au civisme, à l'éducation physique, sportive et culturelle pour les jeunes des deux sexes de 17 à 21 ans concernés par une période obligatoire de 60 jours. Les personnes s'engageant comme volontaires pour une période de six mois bénéficient, elles, du développement des aptitudes à la création des activités génératrices de revenus, notamment.

Visiblement, Bidoung Mpkwatt (que nous n'avons pu joindre au téléphone tout au long de notre enquête) consacre tout son génie à ternir le bilan social de son «beau-frère» de président. Puisque ne s'arrêtant pas seulement à polluer l'ambiance de travail, ce Pca ubuesque aurait confisqué les clés d'un compartiment (qu'il ne visite que fort rarement) de l'immeuble-siège (sis à Yaoundé - quartier Essos) de l'Ascnpd, suppliciant et démotivant une équipe de responsables réduits à transformer les halls en bureaux de travail. Marchant dans les pas de son mentor, Pascal Atangana présenté comme proche parmi les proches du ministre de la Jeunesse et dont personne ne se souvient de son recrutement dans ce ministère- aurait frustré le conseiller technique n°2 de son bureau, au point où ce cadre traiterait les dossiers dans son...véhicule. En outre, le «nain» selon un sobriquet à lui collé par ses détracteurs, serait d'une arrogance et d'un activisme débordant. Il ne se serait pas gêné pour invectiver en public le Dg de l'Ascnpd, et ce devant le Pca. Lequel, chose étrange, n'aurait pas sourcillé. Était-ce une façon pour Bidoung Mpkwatt de donner crédit aux rumeurs qui disent Ayuketah Oswarld Tambe bientôt limogé par son fait? En tout cas: drôle de manière d'enseigner le respect et le civisme à la jeunesse!



30/01/2013
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