Sérail-Symbiose dynamique: Les Fang/Beti s'entendent-ils autour de Paul Biya ?

Douala, 12 Juillet 2013
© Michel Michaut Moussa | Aurore Plus

Il y a un semblant d'unité, d'entente mais chaque groupe veille sur ses intérêts. Et les dissensions ne manquent pas.

Voici ce que nous a dit un Ewondo de Douala il y a quelques jours sur l'entourage Fang/béti de Paul Biya: «chaque fois qu'il y a remaniement ministériel, nomination de directeurs généraux et assimilés, dans la haute administration, les Fang/béti comme toutes les autres ethnies du pays se livrent à une sorte de comptabilité. Par cette opération, on veut savoir qui est qui, et quelle ethnie appartient à telle ou telle personnalité nouvellement promue et dans son ethnie quel est son clan. Pour le moment, le groupe béti semble être majoritaire autour du Chef de l’Etat».


Les Béti majoritaires

Le groupe Béti n'est pas monolithique il est composé d'éléments tels que les Ewondo, les Bene, les Akonolinga qui sont eux-mêmes composés de sous-éléments tels que les Yebekolo qu'on retrouve dans le département du Mbam et Kim, etc.

Si on prend l'actuel gouvernement, on sait qui est qui. Dans la région du Centre qui compte 19 Ministres et assimilés, voici les Béti:

• Henri Eyebe Ayissi

• Lazare Essimi Menye

• Luc Magloire Mbarga Atangana

• Basile Atangana Kouna

• Ismaël Bidoung Mkpwatt

• Laurent Serge Etoundi Ngo

• Mme Abena Ondoa née Obama Marie Thérèse

• André Maria Fouda

• Robert Nkili

• Grégoire Owona

• Patrice Amba Salla

• Benoît Ndong Soumhet

• Ferdinand Ngoh Ngoh

• Philippe Mbarga Mboa

• Séraphin Magloire Fouda


Les Béti sont au nombre de 15 sur les 19 Ministres et assimilés du Centre. Les intrus ou «étranger» dans cette liste sont au nombre de quatre.

• René Emmanuel Sadi qui est Babouté du département du Mbam et Kim

• Mme Bakang Mbock née Ngo Ndebi Catherine Louise Marinette qui est Bassa du Nyong-et- Kelle.

• Jacqueline Koung à Bissékè qui est Balla du Mbam et InouboU

• Mme Dibong née Biyong Marie Rose qui est une Bassa du Nyong-et-Kelle.


Cela est tout à fait normal que les Béti soient majoritaires comme Ministres dans la région du Centre? puisqu'ils contrôlent sept départements sur les dix que compte le Centre le Mfoundi, la Lékié, la Mefou et Afamba, la Mefou et Akono, le Nyong et So’o, le Nyong et Mfoumou, la Haute Sanaga. Le Mbam Et Inoubou, le Mbam et Kim et le Nyong et Kelle échappent à leur contrôle.

Maintenant, à l'intérieur du groupe Béti, il y a plusieurs sous-groupes avec leurs particularismes même si la culture, les coutumes semblent être partagées par tous. Nous avons grosso modo dans ce groupe de sous-groupes tels que les Ewondo à proprement parler dont le fief originel est le département du Mfoundi, les Bene qui sont plus nombreux que les Ewondo et qu'on retrouve déjà dans le Mfoundi et dont leur plus grand fief est le département de la Mefou et Afamba tel le Ministre Luc Magloire Mbarga Atangana. Ce sous-groupe vient de l'ethnie Banen du département du Mbam et Inoubou. Il y a les Etenga dont la base est le département de la Mefou et Akono tel le Ministre Basile Atangana Kouna, le Directeur Général de la Sodecao, Jérôme Mvondo, l'Ancien Directeur de l'ex-Snec, Clément Obouh Fégué, notre confrère Jean-Claude Ottou, etc. Ce groupe a beaucoup de prêtres de l’église catholique romaine.

Il y a les Mvélé du département de la Mefou et Afamba. L'une des plus grande composante de ce groupe, ce sont les Eton de la Lékié représentés par les Ministre Henri Eyebe Ayissi, Lazare Essimi Menye et Benoît Ndong Soumhet qui est culturellement Eton mais biologiquement Bassa tout comme le Président du groupe parlementaire du Rdpc à l'Assemblée nationale, le richissime homme d'affaires Jean Bernard Ndongo Essomba.

Si on prend les postes de Directeurs généraux, que ce soit au niveau de la haute administration que des sociétés d'Etat ou de présidents de conseils d'administration, les Béti du Centre ont un léger retard sur le Sud Fang mais, il faut faire attention car le Sud n'est pas composé que de Bulu, il y a aussi des Béti tel le professeur Joseph Owona, Philippe Akoa, Directeur Général du Feicom, Elie Malonga, Pca d'Hevecam, etc. On peut donc dire qu'au niveau des Directeurs généraux et autres, les Béti sont majoritaires dans le régime de Paul Biya dont le père était originaire du Centre, un Yezoum de la Haute Sanaga.


Au niveau des officiers généraux, les Béti ont 4 sur les 6 que compte le Centre.

• Camille Nkoa Atenga (Lékié)

• Isidore Obama (Mefou et Afamba)

• contre-amiral Joseph Fouda (Mefou et Akono)

• Emmanuel Amougou

Les Nanga Eboko sont-ils tous des Béti? Que non! Le terme Nanga Eboko est trop englobant, ceci pour dire que tous les originaires de la Haute Sanaga ne sont pas Béti tels les Babouté et pourquoi pas les Bamvélé. Ceux dont on est sûr qu'ils sont Béti, ce sont les Yezoum dont le parler est proche de l'éwondo. Voilà donc un autre problème.


Où sont les Fangs?

Grosso modo, les Fangs ce sont les Bulu, les Mvae, les Ntoumou et les Fang à proprement parler.

Dans l'actuel gouvernement, voici les Fangs

• Jacques Fame Ndongo qui est Bulu culturellement, mais biologiquement bassa. Il est du même clan que Louis Yinda, le Directeur Général de la Sosucam qui est de la Sanaga Maritime.

• Jean-Pierre Biyiti bi Essam qui est Bulu

• Jules Doret Ndongo qui est fang comme notre confrère Charles Ndongo.

• Louis Paul Motazé, Bulu

• Martin Belinga, Eboutou,

• Edgar Alain Mebe Ngo'o, fong

Il y a donc trois Bulu purs dans l'actuel gouvernement, donc très minoritaire par rapport aux Béti. Même au niveau des directeurs généraux et autres postes, ils sont minoritaires puisque les Ngoumba et autres Bétis du Sud ne font pas partie de leur groupe. Les Bulu ont trois généraux sur les quatre que compte le Sud.

• René Claude Meka (Mvila)

• Jean Mendoua (Mvila)

• Benoît Asso'o Emane (Dja et Lobo)

Le vice-amiral Ngouah Ngally est un Ngoumba du département de l'Océan.


Les Fong sont-ils Béti ou Fang?

Voilà la grande question! Ils ont des noms béti et fang. Ils parlent une langue qui a des mots Ewondo et Bulu. Où doit-on classer Martin Belinga Eboutou, Edgar Alain Mebe Ngo'o, Rémy Ze Meka, Jean-Louis Essame Oyono, Directeur Général de l'Impm (plantes médicinales), Calvin Zang Oyono, Sénateur Rdpc du Dja et Lobo et Dga de la Cotco (Pipeline Tchad-Cameroun), le professeur Dominique Obounou Akon? Si leur fief est l'arrondissement de Zoétélé dans le département du Dja et Lobo, celui du Président Paul Biya, on les retrouve aussi dans certaines zones du département de la Mvila. Les Fon sont un groupe tampon entre la région du centre et celle du Sud mais on les a classés administrativement dans le Sud mais, ils auraient pu l'être dans le Centre. Seraient-ils béti biologiquement mais à forte culture Bulu? C’est à chercher. Mais la plupart des Fon se considèrent plus Bulu que Béti.


L'éternel conflit Béti/Bulu

«Le Bulu est léger, il n'a pas de personnalité, son affaire c’est la femme, le sexe…». Voilà des propos tenus par un confrère Ewondo aujourd'hui à la retraite dont nous taisons le nom. Il avait continué: «Ce ne sont pas des gens sérieux, chez nous les Ewondo, on ne les prend pas en considération ce sont de grands fainéants, est-ce qu'ils travaillent». Nous avons trouvé ce jugement très sévère même s'il comporte peut-être une part de vérité.

Les Bulu de leur côté ne se laissent pas faire. Ils traitent aussi les Ewondo comme des êtres intérieurs. En effet le Bulu se croit supérieur au Béti en toute circonstance.

Comme nous l'avons signalé plus haut quand il y a les nominations, les Bétis font des commentaires parfois fort déplacés quand il s’agit d’un Bulu en déclarant: «Encore un Bulu…» et vice-versa.


Y a-t-il solidarité?

Les Béti et les Fang travaillent pour le même homme: Paul Biya. Tous tirent profit de cette situation mais seulement les Fang en général et les Bulu en particuliers estiment que leurs positions sont entrain de s'éroder au profit des Bétis d'où ces attaques contre Ferdinand Ngoh Ngoh ces derniers temps dans les médias et dans les notes d'information des services de renseignement adressées à Paul Biya.

Le Secrétaire général de la présidence de la République subit de sérieuses menaces de la part de ses nombreux adversaires et départ de ses nombreux adversaires et détracteurs Bulu qui estiment qu'il un fait trop en matière de nominations à de hauts postes de ses frères de la Haute Sanaga. En effet, en quelques mois des Nanga Eboko ont été places à des postes de choix par Ferdinand Ngoh Ngoh:

• Antoine Félix Samba comme directeur général du budget;

• Frédéric Biya Mono, au poste de Directeur Général de la centrale hydro-électrique de Mekin;

• Toussaint Linus Mendjana comme Directeur Général de l’École nationale d'administration et de magistrature (Enam)

• Joseph Ngo, à la tête de l'Agence de régulation des marchés publics
(Armp) la place du Fon Jean-Jacques Ndoundoumou

Le semblant de solidarité qu'il y avait entre Béti et fang autour de Paul Biya est en train de se fissurer. Au vrai, y avait-il solidarité entre les deux groupes? On ne peut pas le dire. Les originaires du Sud en général et les Bulu en particulier considéraient et considèrent Paul Biya comme leur bien privé, personnel. Un autre groupe ethnique ne doit pas avoir d'ascendant sur le Chef de l'Etat en dehors d'eux. Et dès qu'un autre groupe en dehors d'eux est à la manette, ils estiment que leur pouvoir, leurs intérêts sont menacés, en danger.

Et c'est ce qui arrive aujourd'hui à Ferdinand Ngoh Ngoh comme hier à Jean Nkuete nommé Secrétaire général du gouvernement le 26 novembre 1986. L’actuel Secrétaire Général du comité central du Rdpc n’avait pas mis long à ce poste stratégique où il avait d’énormes pouvoirs. C’était un véritable président bis. La délégation de pouvoirs accordés à Jean Nkuété était si forte qu’elle avait fini par inquiéter l’entourage Bulu de Paul Biya qui lança contre lui, une campagne médiatique digne de ce nom. A l’époque le document relatif à cette délégation de pouvoirs à jean Nkuété fut publié dans Cameroon-tribune ce qui coûta son poste de Directeur général de la Sopecam, société éditrice de Cameroun, à Zambou Zoleko, originaire de la Menoua comme Nkuété qui fut remplacé à son poste de Secrétaire général de la présidence de la République par un autre originaire de la Menoua, Paul Tessa, son adversaire politique de toujours décédé il y a quelques années. La campagne médiatique menée depuis quelque temps contre Ferdinand Ngoh Ngoh a pour but sa destitution par Paul Biya.

Les Bulu ont la mémoire courte. Oublient-ils que Ferdinand Ngoh Ngoh rentre en ligne droite de la politique mise en place et poursuivie par Paul Biya. Cela veut dire en clair que quand on est responsable quelque part, on favorise la promotion de ses «frères» du département des nominations dans l'administration publique et les sociétés d’Etat et autres. C’est cette politique, cette logique qu'applique Ferdinand Ngoh Ngoh comme d’ailleurs Titus Edzoa, son lointain prédécesseur, à la seule différence que le professeur agrégé de chirurgie, nommait des gens venant de tous les coins du pays comme un certain Maurice Sosso, originaire du Littoral, comme Directeur du centre universitaire des Sciences de la santé (Cuss) aujourd'hui faculté de médecine et des sciences biomédicales de l’Université de Yaoundé I Ngoa Ekelle et actuel recteur de cette vénérable institution. En définitive, c'est un problème d’intérêts qui oppose Ferdinand Ngoh Ngoh et les Nanga qui comptent sur le soutien de la première Dame Chantal Biya; aux Bulu du Sud. Ce qui met le Chef de l’Etat dans l’embarras et le fragilise.


13/07/2013
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