Sérail : Le frère du commandant de la Gp candidat à la Présidentielle

 Journal Mutations 31/03/2011

Sérail : Le frère du commandant de la Gp candidat à la Présidentielle
 


Candidat à la prochaine élection présidentielle, il déroule le programme politique de son parti et évoque des sujets de l’heure dont la nomination de celui qu’il présente comme son frère à la Garde présidentielle.

Qu’est-ce qui vous a poussé à créer le parti politique dénommé «Le Grand Cameroun» et à vous porter candidat à la prochaine élection présidentielle ?
Je suis un légaliste. Je n’aime pas le désordre. Il est normal qu’on crée un parti politique lorsqu’on veut parler politique, lorsqu’on pense qu’on peut apporter des solutions aux problèmes des populations. Je n’ai jamais eu l’intention de me cacher derrière une certaine société civile pour faire la politique comme certains. L’idée de créer le parti politique «Le Grand Cameroun», date de l’an 2000. J’étais encore plus jeune, j’avais crée une petite société de services informatiques et micro informatiques à la montée Zoé à Yaoundé, et mes bureaux étaient envahis tous les jours par de jeunes gens de mon âge qui se tournaient les pouces du lever au coucher du soleil. Au quartier Efoulan où je rentrais après le boulot, j’étais aussi entouré par des dizaines de jeunes diplômés mais sans emplois. Nous nous asseyions devant la boutique d’un Sénégalais et comptions les grosses voitures des baobabs du Renouveau, de leurs enfants parfois incultes, de leurs épouses et de leurs maîtresses.
Et mes amis avaient toujours la même conclusion : «nous sommes venus accompagner les autres sur terre». J’ai alors pensé qu’il était urgent de faire quelque chose. Il était urgent de faire la politique, pour accéder au pouvoir, parce que les décisions qui se prennent à Etoudi peuvent changer la vie des Camerounais. Ainsi, notre pays deviendrait un pays dans lequel tout Camerounais aurait droit au bonheur. Ensemble, nous avons créé le «Mouvement Grand Cameroun» mais nous ne l’avons pas légalisé. Il nous manquait certainement un peu de courage. Et en 2009, j’ai pensé que le moment était venu de solliciter la légalisation de notre association. Le «Mouvement Grand Cameroun» deviendra «Le Grand Cameroun». Il sera légalisé le 07 Avril 2010 après plus d’une année de tracasseries où on nous disait tantôt que le dossier est perdu ou il a disparu…
Depuis 2009 et même bien avant je rencontre les Camerounais et les Camerounaises. Ce sont, en grande majorité, des hommes et des femmes bourrés de talent, prêts à mettre toutes leurs compétences au service de la collectivité, mais qui ont perdu tout espoir de voir leurs conditions de vie s’améliorer. Je suis candidat parce que je pense qu’il faut leur redonner cet espoir-là. Je pense que cela est possible. Il suffit de gouverner autrement. Il suffit de gouverner en étant proche des Camerounais et en ayant pour seul intérêt, le mieux-être collectif.

Quelles sont vos chances de gagner lorsqu’on sait qu’Elecam est critiqué par l’opposition et que vous n’avez pas encore manifestement de nombreux militants ?
La politique à l’heure actuelle est essentiellement folklorique. Les marcheurs, les danseurs et les crieurs sont payés par les pilleurs de la République. Aucun parti en activité dans notre pays ne peut vous dire le nombre de militants qu’il a. Vous croyez que tous ceux qui s’habillent de la tête aux pieds en pagne avec effigie du président Paul Biya sont militants du Rdpc ? Ils sont nombreux qui portent ces pagnes tout simplement parce qu’ils n’ont rien d’autre à mettre ou parce qu’ils espèrent boire un demi-verre de bière après un meeting ! Notre parti compte de très nombreux militants, des jeunes, des moins jeunes, des vieux, et je peux déjà vous dire que les résultats du Mfoundi et de la Mefou et Akono ne seront pas ce qu’ils ont toujours été si Elecam fait son travail comme il se doit. Et cela est possible. Les employés des agences d’Elecam travaillent assez bien. Il faut que les Camerounais sachent que Elecam ne vote pas et ne doit pas voter!
Je voudrais ici faire mienne cette pensée du président du Rdpc : «la gesticulation n’est pas signe de vitalité». Elle n’est même pas signe de popularité. Malheureusement c’est dans son parti qu’on gesticule le plus. Et si on gesticule là-bas, c’est tout simplement parce ce parti sait qu’il ne représente rien de grand. Il est essentiellement constitué d’individus sans conviction aucune, qui ont peur de perdre un poste ou qui ont peur de ne pas être rappelé à table. C’est pour cela qu’à la moindre occasion, au moindre anniversaire, tous les hauts fonctionnaires se croient obligés de fuir leurs bureaux pour aller diffuser des messages mensongers à travers tout le pays avec de gros moyens matériels et financiers publics. Je trouve que cela est malsain. Ce folklore-là coûte cher à l’Etat. Les Camerounais sont fatigués de cette façon de faire la politique. Les Camerounais ont besoin de travailler. Nous avons la chance que les élections arrivent au moment où le Renouveau lutte contre les monstres qu’il a lui-même fabriqués, les envoie tous en prison, troublant ainsi un électorat volatile. Nous allons profiter de cette situation. Des députés en fuite, des époux de députés en prison, des Sgpr en détention, des ministres derrière les barreaux !

Mais vous vous attardez trop sur le Rdpc…
Je vous le concède. Les autres partis, ceux de la majorité présidentielle et ceux de l’opposition, font également de l’agitation gratuite. Les leaders des années 90 sont fatigués. Certains sont même trop fatigués. Les Fru Ndi, Kodock, Ndam Njoya, Muna et les autres ne peuvent plus faire rêver le peuple. Moi je pense qu’un homme politique qui ne fait pas rêver le peuple, ou qui ne peut pas faire rêver le peuple, doit aller en retraite.
Je voudrais donner à la politique une nouvelle image, plus jeune, plus dynamique et moins folklorique. Une politique moins sexiste dans laquelle les jeunes et les femmes auront une place importante. Je voudrais donner au Cameroun sa première femme Premier ministre, Gouverneur de région, Préfet, Trésorier payeur général, etc. Je voudrais que tout Camerounais puisse devenir un homme par des efforts sains et non par la corruption, la fraude, l’homosexualité ou l’appartenance à une secte ou à une loge bizarre. Je voudrais faire de ce pays un pays qui plus jamais ne comptera sur l’aide internationale, mais qui produira tout ce dont il a besoin, un pays qui relèvera tous les défis y compris le défi technologique. Un pays riche comme le Cameroun n’a pas le droit d’être pauvre.
A partir d’aujourd’hui, et jusqu’aux élections, je dirai aux Camerounais de ne plus avoir peur du Rdpc car la vérité est que c’est le Rdpc qui a peur des Camerounais. Je leur dirai qu’il n’y a rien de plus absurde que d’avoir peur de ceux qui ont peur de vous. Et je gagnerai !

Etes-vous pour une candidature unique de l’opposition ?
Le terme «candidature unique de l’opposition» n’est pas un programme politique. Et tous ceux qui parlent de la candidature unique ne peuvent l’accepter que si cette unicité se fait sur leur petite personne. Je n’aime pas beaucoup ce concept. Je ne fais pas dans le «Tout sauf Biya» ni dans le «Chassons Biya» ! Que ceux qui veulent la candidature unique la fassent ! «Le Grand Cameroun» est ouvert à tous ceux qui pensent d’abord à l’intérêt du peuple. Nous ne sommes ni des opposants farouches, ni des opposants brutaux. Nous ne sommes pas ces gens qui se couvrent du drapeau vert-rouge-jaune et qui cherchent par tous les moyens à se faire fouetter par les forces de l’ordre dans l’espoir que le peuple aura pitié d’eux. Nous avons un programme détaillé assez puissant que nous ferons connaître à tous les Camerounais dans les prochains jours et déjà, nous sommes convaincus que les Camerounais nous rejoindrons pour faire de notre pays un pays plus juste, plus égal, plus prospère et plus généreux.

Quel est votre avis sur les grands sujets de l’heure : d’abord le recrutement de 25.000 jeunes?
Le recrutement des 25.000 jeunes Camerounais est une bonne chose, mais il ne peut pas être considéré comme la solution. Les courtisans et les flagorneurs en font un peu trop. Il faut dire la vérité. Le Cameroun a besoin de créer près de trois millions d’emplois. Par conséquent, lorsque les barons du Renouveau qui ont pris l’Etat en otage, qui ont toujours réservé le travail à leurs fils et filles, auront sorti la liste des retenus, il y aura encore 2.975.000 emplois à créer. Je peux déjà vous assurer que cette opération que le parti au pouvoir met à son crédit aujourd’hui va lourdement affecter son image avant les élections.

Le printemps arabe ? v
Les événements qui arrivent dans le Maghreb doivent être analysés différemment d’un pays à l’autre. En Tunisie, un pays économiquement prospère, les libertés n’étaient pas ce qu’elles auraient dû être. Une longue longévité au pouvoir de Ben Ali, une corruption assez forte, des injustices criardes, une jeunesse qui souffre énormément même lorsqu’elle est bien formée, et une administration comparable à la nôtre qui ne sert pas la République mais qui sert un homme.
En Egypte, c’est presque le même constat. La même longévité à laquelle il faut ajouter un pouvoir militaire très fort. En Libye, ce n’est pas la même chose. Un pays plus prospère, avec de nombreuses infrastructures sociales. Mais le peuple ne vit pas que d’eau fraîche ! Il est nécessaire qu’il ait un peu de liberté.
Mais lorsqu’on regarde ces événements avec un peu de recul, on ne peut pas approuver ce qui se passe. Il est inacceptable que les donneurs de leçon, qui se font appeler communauté internationale, encouragent l’accession au pouvoir par des voies antidémocratiques. Cela est inacceptable. Si nous, les Camerounais, l’acceptons aujourd’hui, nous devons nous préparer à l’accepter lorsque ça se passera chez nous. Nous ne devons plus accepter la manipulation. Ceux qui bombardent la Libye avec leurs avions doivent savoir qu’ils récolteront ce qu’ils ont semé. Sarkozy, Obama et les autres montrent à la face du monde que le droit international est une grosse c... Je pense que notre pays doit condamner avec force cette ingérence destructrice des dirigeants occidentaux qui croient que nous sommes encore des colonies qu’ils ont le droit de piller. On ne peut pas accepter que tant de crimes soient commis par ceux qui se disent les promoteurs de la démocratie.

La crise en Côte d’Ivoire ?
Je pense qu’Alassane Ouattara est gros un problème non seulement pour la Côte d’Ivoire, mais aussi pour l’Afrique. Voilà un homme qui est à son troisième coup d’Etat ! Un homme décidé à tuer tous les ivoiriens pour devenir président d’un pays dont il n’est pas le fils. Tout ceci pour servir les intérêts de la France. On ne peut pas dire qu’on défend la démocratie alors qu’en même temps on soutient des chefs d’Etats arrivés au pouvoir par des coups d’Etats militaires ! Il faut soutenir Laurent Gbagbo. Il faut le soutenir à haute voix ! Je suis triste quand je vois certains leaders des partis politiques camerounais écrire aux chancelleries occidentales pour se plaindre des problèmes des Camerounais, pour demander aux Français, aux Anglais ou aux Américains d’intervenir dans nos affaires, de venir nous imposer des directives. De même je suis triste quand je vois ceux qui nous dirigent accepter des urnes du Pnud ou encore des logiciels informatiques pour gérer nos élections, alors que nous avons des informaticiens qui peuvent le faire ou qui ont déjà eu à le faire ailleurs. Un Etat souverain doit pouvoir organiser ses élections tout seul. Je pense que tout doit se passer ici !

La retraite des certains généraux camerounais ?
Il était temps. Le processus peut encore se poursuivre.

La nomination de celui que vous présentez comme votre frère, le Colonel Etoundi Nsoé, à la tête de la Garde présidentielle ?
Cette nomination confirme tout simplement son talent, son sens du travail bien fait, son patriotisme sans faille. C’est un grand militaire. Elle symbolise le Cameroun que nous aimons, le Cameroun que nous souhaitons. Un Cameroun dans lequel des Camerounais peuvent devenir des hommes parce qu’ils ont travaillé dur, un Cameroun dans lequel tout le monde a droit au bonheur. Car il faut le dire, c’est n’est pas seulement difficile d’assurer la sécurité du Chef de l’Etat, c’est un travail exaltant ! C’est beaucoup d’honneur ! C’est une joie immense pour tout camerounais normal, de protéger non seulement les institutions mais celui qui les incarne au plus haut niveau ! C’est beaucoup d’honneur pour nos parents décédés, Etienne Nsoé et Marie Ngambarga, et pour toute notre famille.

Est-ce que sa nomination ne va pas diluer votre engagement politique?
Nombreux sont effectivement ceux qui pensent, dans notre parti «Le Grand Cameroun» et au-delà, que la nomination du Colonel Etoundi Nsoé à la tête de la Garde présidentielle m’obligera certainement à mettre un terme à mes activités politiques, à changer ma façon de penser ou à rejoindre les rangs du parti au pouvoir. Je comprends parfaitement cette façon de penser. Mais ceux qui pensent ainsi sont ceux qui ont toujours pensé que les nominations à de hautes fonctions ne sont rien d’autre que le ticket d’accès à la mangeoire, le droit de devenir riche en pillant les caisses du pays. Je condamne avec énergie cette façon de penser. Et je voudrais répondre à tous ceux-là que la Garde Présidentielle n’est pas une section du Rdpc. Le fait que le Colonel Etoundi Nsoé soit mon frère aîné n’est certainement pas le critère retenu par le chef de l’Etat pour juger de sa valeur et pour lui confier sa sécurité. En puis, sachez que j’ai une haute idée de la politique.

Propos recueillis par Georges Alain Boyomo


31/03/2011
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