Sérail: La vraie fausse «affaire Franck Biya» - Un Pétard mouillé

Yaoundé, 26 Novembre 2012
© Labaran Mamouda | La Météo

Des comploteurs, tapis au sein du système, ont décidé de saborder l'«Opération épervier» et de s'attaquer directement au chef de l'Etat via son fils. Les preuves de la tentative de putsch épistolaire.

Au commencement de ce qui se fait aujourd'hui pompeusement appeler l'«affaire Franck Emmanuel Biya», il y a un corbeau et deux relais. Le vengeur masqué, c'est une certaine Alliance pour la défense du bien public. Ce fameux regroupement ne figure sur aucun répertoire des 34 associations reconnues officiellement au Cameroun, suivant un arrêté signé le 8 juillet 2003 par le ministre de l'Administration territoriale et de la Décentralisation (Minatd), Marafa Hamidou Yaya.

Pourtant, sans la moindre réserve, le prétendu brûlot est accueilli comme un scoop par certains médias.

Selon nos sources en effet, certains barons du régime ont eux aussi décidé d'utiliser les mêmes supports médiatiques pour faire porter le chapeau au pauvre Marafa, à travers une Ong fictive. On voudrait brouiller les cartes qu'on ne s'y prendrait pas autrement...

Au-delà de son aspect cocasse, cette affaire a le don d'exposer au grand jour les batailles d'appareil en cours, où tous les coups semblent permis. Elle met en scène des dirigeants parfois au-dessus de tout soupçon, mais que l'«Opération épervier» inquiète au plus haut point. Dans l'espoir d'amener le sommet de l'Etat à décréter la fin des enquêtes et procédures judiciaires en cours, la technique consiste en effet à créer une bulle, un scandale qui menacerait la stabilité des institutions.

Pire, à travers la supposée «affaire Franck Emmanuel Biya», c'est au chef de l'Etat directement qu'on a décidé de s'attaquer en passant par son fils. Il s'agit, selon des sources introduites, d'opérer une sorte de chantage actif au chef de l'Etat, en semant le doute dans son esprit par rapport à la moralité des membres de sa famille nucléaire. Une façon de l'amener à se dire que les siens ne sont pas à l'abri de tourments. Comme les autres. Et donc de réfréner sa détermination dans la poursuite de l'opération d'assainissement des mœurs publiques.



Sérail: Pétard mouillé

L’«affaire Franck Emmanuel Biya», qui vise en priorité un patronyme, n'en est pourtant pas une.

L’«affaire Franck Emmanuel Biya», qui vise en priorité un patronyme, n'en est pourtant pas une. Le 26 janvier 2001, l'Etat et la Cameroon Telecommunications (Camtel) signaient une convention de dettes réciproques faisant ressortir, après compensation, un solde de l'ordre de 80.745.769.018 Cfa en faveur de la société historique de télécommunications.

Il est ainsi convenu, selon des sources autorisées, que ce montant fera l'objet d'apurement à travers un paiement en cash de 24 milliards de francs par versements mensuels de 200 millions de francs à partir du 36 après la signature de la convention. La 2è modalité de règlement convenue est la titrisation de 56.745.769.018 francs.

Le 12 avril 2005, il est procédé à l'émission effective des 56.745 Obligations du Trésor à coupon zéro (OTZ), encore appelées «titres», suivant les maturités et les échéances. La Camtel effectue, entre septembre 2005 et août 2006, à des cessions primaires de 21.345 titres à divers acquéreurs. Elle procède aussi, pour une durée de 5 ans, au nantissement de 1000 titres au profit de la Commercial Bank of Cameroon (Cbc) et de 34.400 autres titres en faveur de sa filiale Sfa Ingénierie.

Le 18 août 2006, Franck Biya qui était tranquille dans son coin, est saisi par certaines hautes personnalités, dont la plupart sont aujourd'hui en prison pour avoir pillé l'argent public. Après l'avoir convaincu de la régularité de l'opération, 9.400 titres Camtel sont cédées à Afrione, une société dont il est le président du conseil d'administration, et donc n'y joue pas de rôle exécutif. Le 2 octobre 2006, Franck Biya, inspiré par on ne sait quel saint, décide brusquement de tout arrêter. Le Minefi, Polycarpe Abah Abah autorise néanmoins un paiement anticipé des titres acquis par Afrione. La transaction prévoit l'abandon de la totalité des intérêts qui auraient dû être payés à échéance des titres, mais aussi une décote de 30% de la valeur faciale des dits titres. En clair, le rachat anticipé à Afrione des titres de Camtel a permis à l'Etat de réaliser un gain en valeur faciale de l'ordre de 2,820 milliards de francs. S'agissant de la valeur des 9400 OTZ à maturité en 2014, l'opération de rachat aura permis à l'Etat camerounais de gagner, avant actualisation, plus de 5,684 milliards de francs, soit une décote totale de 46,35%.

Ceux qui crient aujourd'hui au loup sont pourtant en possession de toutes ces informations, par ailleurs disponibles au Minfi. Mais, leur démarche consiste essentiellement à s'attaquer au sommet de l'Etat en le fragilisant via sa progéniture, en sabotant l'«Opération épervier» entre les mailles de laquelle beaucoup se débattent actuellement. Les jours à venir promettent certainement d'autres initiatives tout aussi pernicieuses.




26/11/2012
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