Sénatoriales - Ni John Fru Ndi: «J’indique déjà aux camerounais que ces élections n’auront pas lieu..»

DOUALA - 01 MARS 2013
© David Nouwou et Frederic Takang | La Nouvelle Expression

Après l’annonce de la tenue des élections sénatoriales qui continue de faire des vagues, nous avons rencontré le président du Social democratic Front. John Fru Ndi, ne cache pas sa colère et sa détermination à empêcher ces consultations électorales face à l’entêtement du président Paul Biya.

Le président Biya vient de convoquer le collège électoral pour les sénatoriales. Pourtant vous vous étiez opposé à l'organisation des sénatoriales avant les municipales et législatives. Comment réagissez-vous?

C’est marrant que Paul Biya et son gouvernement fassent le semblant. Ils ont invités certains leaders des partis politiques pour les consultations ; je fais partie de ces invités. Au moment de l’invitation, j’étais à l’Ouest du Cameroun pour inviter les populations à aller s’inscrire sur les listes électorales. Dès que j’ai pris la route pour Yaoundé, j’ai eu un accident sur la route. Une fois à Yaoundé et toujours dans le choc, je me suis rendu à la primature où j’ai rencontré le premier ministre qui me fait comprendre que le chef de l’Etat veut avoir notre point de vue sur les élections sénatoriales. Alors que le Pm poursuit encore ces consultations, un décret présidentiel est lu à la radio convoquant le collège électoral pour les sénatoriales le 14 avril 2013.

Maintenant, est-ce que ces consultations étaient juste une fumée pour voiler les yeux des camerounais, les occuper ou bien c’était chercher des solutions pour notre processus électoral? Donc, si Biya s’est entêté à convoquer le corps électoral pour les sénatoriales, je dis que c’est malheureux. Parce que c’est une autre manière de décevoir les camerounais ; parce que ces sénateurs doivent être votés par les conseillers municipaux actuels. Ces conseillers municipaux ont été élus de façon frauduleuse par des élections organisées par l’Onel (Observatoire national des élections), qui avait lui-même accepté que ces élections étaient entachées d’irrégularités, en plus leur mandat est expiré. Et c’est parce que Onel a échoué que Elecam est venu. Avec l’échec actuel d’Elecam, ils ont dit qu’ils allaient redresser Elecam. C’est ridicule, souillant et impensable, que M. Biya ait fait cela. Si dans un entretien il me persuade, me convainc sur la nécessité d’aller aux élections sénatoriales, à mon tour, je vais aussi convaincre les camerounais à aller voter. Mais comme il ne l’a pas fait, il a plutôt driblé les camerounais en convoquant le corps électoral pour les sénatoriales, j’indique déjà aux camerounais que ces élections n’auront pas lieu. On parle toujours de la paix….etc. Oui, il y a la paix au Cameroun; mais nous voulons la justice. Et quand il n’y a pas de justice, on pousse les populations à la guerre. J’appelle les camerounais à être prêts pour combattre toutes ces illégalités et irrégularités toujours présentes sur notre chemin.


Peut-on s'attendre au boycott de cette élection?

Nous avons dit que si je ne m’assois pas avec M. Biya pour qu’il me convainque, et convaincre d’autres personnes, parce que me convaincre c’est une chose, et moi convaincre les Camerounais d’aller aux élections en est une autre. Donc, je ne peux rien dire pour l’instant, mais les instances dirigeantes du Sdf se réunissent ce samedi et la position du parti sera connue.


Vous dites que cette élection ne sera pas organisée, parce que vous mettrez tout en œuvre pour l'empêcher. Ce n'est pas la première fois que vous brandissez une telle menace. Mais rien ne se produit le moment venu. Quels sont les atouts dont vous disposez aujourd'hui, plus qu'hier, pour mener ce combat?

Les hommes, c’est ma première arme. Que la population lutte maintenant pour défendre leur pays, pour mettre les choses à leur place. Nous croyons au «pouvoir au peuple et égalité des chances.» Le pouvoir appartient au peuple, je recommande fortement à tous et à chacun de s’apprêter pour le grand combat qui va commencer. On vient de m’informer que le régime vient d’importer les armes.


Le président de la République a rendu public ce décret au moment où vous étiez attendu chez le Pm. était-ce une coïncidence, d'après vous?

Ce n’était pas une simple coïncidence. C’était un acte bien calculé. Que le Pm prétende faire la consultation, en nous demandant notre avis sur tel ou tel sujet à propos des élections sénatoriales, et au même moment un décret sur le sujet de consultation est lu à la radio. Alors, quelle est l’utilité de cette consultation ? C’est la même chose qui s’est passée lorsque nous étions au tribunal pour les litiges nés de la présidentielle. Sur place, on s’activait à nous distribuer les invitations pour l’installation de M Biya. Donc, c’était juste une façon de montrer au monde que le Cameroun est un pays de lois. Nous sommes dans un pays ou la loi ne veut rien dire ; la loi est là pour contrôler l’opposition. M. Biya lui-même va vous dire que «le Cameroun c’est le Cameroun». On peut faire et défaire, c’est pour cela que les choses sont en train d’aller comme vous voyez. Mais je saisis l’opportunité pour demander aux camerounais de prendre leur responsabilité pour éviter cette humiliation à notre Sénat. Je le dis, le Sdf ne peut participer à cette élection si et seulement si on s’assoit. Et que M. Biya nous dise pourquoi il pense que ces élections doivent avoir lieu maintenant au lieu d’attendre qu’Elecam organise les municipales pour que les conseillers municipaux nouvellement élus procèdent à l’élection des sénateurs. Et puis qu’il nous dise pourquoi prendre les candidats élus sous l’Onel pourtant fortement décriés, pour choisir les sénateurs. Comme je l’ai dit, c’est une honte, ça fait pitié pour ce pays.


Un événement malheureux, cet accident qui vous est arrivé à l'entrée de Yaoundé. Que s'est-il passé?

Je pense que c’est un acte bien calculé du régime de faire à ce que je sois en mouvement tous les jours. On à tiré sur moi à Bafoussam; Dieu merci, je ne suis pas mort; on a versé de l’eau sur moi à Douala, Yaounde, ici à Bamenda, on m’a empoisonné chez moi-même, je vomissais du sang etc. Donc, tous ces mécanismes ont échoué et ils ont pensé qu’il faut me mettre sur l’axe lourd, si non comment comprendre que le PM m’appelle à 20 h le mardi et me demande de me présenter au premier ministère à 9 h mercredi pour les consultations ? Je ne suis pas à Yaoundé et il le sait très bien au moment où il m’appelle. Je ne suis pas un sac qu’on peut porter à chaque moment pour se déplacer, ni un fonctionnaire ; je suis un leader de parti politique avec un programme; et j’étais sur le terrain pour la sensibilisation des électeurs au vu et au su de tous. Je n’ai jamais eu d’accident, je remercie Dieu pour
ça ; c’est regrettable que pour la première fois où je suis dans mon propre véhicule qui heurte et tue; j’ai vu l’accident venir, malgré mes cris, je ne pouvais rien, mais je remercie mon chauffeur pour sa combativité, sinon on aurait pu faire plus de victimes. A la famille endeuillée je transmets mes sincères condoléances. Je remercie le préfet de la Lekié et son Etat major, le président du groupe parlementaire du Rdpc et les autres officiels qui sont venus à notre secours.


En quelle qualité le directeur du cabinet civil, Martin Belinga Eboutou, est arrivé chez vous à Yaoundé peu avant votre rencontre avec le Pm?

Vous savez, quand M. Biya est arrivé a Bamenda, il m’a dit que son point de contact, c’est Martin Belinga Eboutou. Et depuis lors, je discute avec lui, et tout porte sur notre refus de voir les élections sénatoriales avant les municipales et les législatives. J’ai passé cette information à martin Belinga pour M. Biya; je veux que les camerounais sachent qu’à travers Belinga, j’ai parlé à M. Biya lui demandant de me rencontrer pour un tête à tête, de me dire pourquoi les sénatoriales à tout prix avant les municipales et les législatives.



02/03/2013
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